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LA VOLONTE (cours de philo complet)

Publié le 02/11/2016

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L'événement « involontaire » est celui dont les causes sont étrangères aux intentions conscientes du « moi ».

 

3 — Les sujets qui « manquent de volonté >i. Leur étude nous fait énumérer toutes les formes des maladies de la volonté. Nous en trouvons trois genres :

 

A — Les sujets qui manquent de buts personnels. Tels sont : les passifs (qui obéissent et ne savent qu'obéir, ou qui manquent d’ini-tialive et ne font rien s’ils sont livrés à eux-mêmes) ; les révoltés permanents (qui, tout en étant « contre », manquent de buts personnels parce que leur contradiction a besoin de l'impératif d’autrui ; livrés à eux-mêmes ils seraient mal à l’aise et inertes) ; les « prisentistes » c’est-à-dire les sujets qui n’ont « pas le temps » de vouloir parce qu'ils sont toujours en train de réagir à une urgence ou à une sollicitation présente (Cf. J. Boutonnier, « Les défaillances de la volonté », P.U.F., 1945).

 

B — Les sujets qui manquent d'« élan ». Tels sont : les abouliques par défaut d'impulsion, décrits par Ribot, qui n’ont pas de désir ; les irrésolus qui forment une classe importante comprenant les velléitaires (sujets qui ont des intentions qui restent intentions et qui hésitent au seuil de l’action), les inhibés (sujets timides ou timorés qui se contrôlent sans cesse, et s'analysent), les scrupuleux (il s’agit ici d'une maladie de la volonté et non de l’examen moral de l’acte) qui calculent les conséquences possibles de leurs actes avant d'agir et découvrent un inconvénient dans toute entreprise ; les déprimés ou asthéniques qui n’ont pas « la force de vouloir » parce que tout effort leur est impossible.

 

C — Les sujets qui ne peuvent pas surmonter leurs tendances personnelles. Tels sont : les passionnés-passi/s, ceux qui subissent leur passion soit en luttant contre elle (lutte du moi contre le moi, cf. Tome 1, ch. Les passions), soit dans l’acceptation et la complaisance du moi ; les impulsifs qui ne peuvent « se dominer » et agissent par « coups de tète » successifs ; de cette dernière catégorie seraient aussi les sujets qui présentent certains types d'impulsions vus au paragraphe 1 : les capricieux et les inconstants, ballottés au gré de leurs désirs successifs et qui manquent de volonté pour contrôler ou pour réaliser leurs désirs, tout en paraissant en avoir beaucoup par leurs exigences envers autrui ; les rêveurs, éternels distraits, ou utopistes à qui suffit la rêverie de l’idéal.

 

4 — Les caractères communs à l'absence de volonté.

 

Ils apparaissent de la confrontation de tous ces exemples et se réduisent à deux, chacun des deux étant à lui seul nécessaire et suffisant.

 

A — Absence de contrôle. Sans entrer dans le détail des connexions nerveuses, il est cependant à constater que ni dans les mouvements fonctionnels (dont les centres sont médullaires, bulbaires ou hypotha-

LA VOLONTÉ

La volonté est une des questions les plus discutées de la psychologie. L’ancienne conception d’un « fiat » ou acte de la volonté intervenant ex abrupto dans le monde matériel, semble périmée, mais du même coup on ne voit plus du tout en quoi consisterait la volonté si elle n’est pas une possibilité de. se décider librement. Par ailleurs, les implications métaphysiques du problème (la volonté paraît essentiellement liée à la liberté, puisqu’il suffit qu’un acte soit déterminé nécessairement pour qu’il ne puisse pas être qualifié de « volontaire ») ont toujours pesé sur la bonne foi des psychologues.

 

La volonté n’implique en elle-même aucune évaluation morale de son but. Dans le crime prémédité ou dans la poursuite d’une grève de la faim par un emprisonné, il y a « de la volonté » tout autant que dans le courage d’un sauveteur ou la lutte d’un marin solitaire contre les éléments déchaînés. La liberté du Je dans l’acte volontaire est impliquée en ceci que l’acte volontaire n'est ni une impulsion irréfléchie, ni un automatisme, ni un instinct aveugle, et de ce que la volonté semble une possibilité typiquement humaine.

 

Nous retrouverons le problème de la liberté (cf. ci-dessous).

 

I — Les comportements « non-volontaires » et leurs caractéristiques.

 

1 — Les mouvements non-volontaires. L’analyse en découvre au moins trois types :

 

A — Les mouvements fonctionnels et les réflexes. Les organes de la vie végétative fonctionnent sans que la volonté intervienne. Les muscles de l’organisme sont divisés en muscles lisses et muscles striés. A part le cœur, les muscles striés sont dits volontaires, les muscles lisses non-volontaires ; ces derniers désignent les innombrables muscles des organes, des canaux, des vaisseaux, des muqueuses, etc. Certaines régions anatomiques comportent les deux systèmes pour le même acte : les sphincters de l’urètre et de l’anus, les muscles de l’accommodation du cristallin sont à la fois « réflexes et volontaires ».

 

Les muscles lisses sont en effet mis en mouvement par voie réflexe. Par exemple, c’est la distension et le gonflement de l’intestin par le

vers la réalisation du projet, comme si toutes les tendances fusionnaient dans la force d’une tendance unique.

 

Cette révélation du but qui a toujours une importance historique pour le sujet et pour sa personnalité, comme nous le verrons, peut venir du monde extérieur ou de la réflexion ; un événement, un phénomène, un spectacle, ou une rencontre, un exemple, une parole même, opèrent quelquefois une telle unification des désirs ; dans les autres cas, le but est lentement imaginé, formulé, et la fusion s'opère alors moins vite.

 

On a vu des garçons inconstants ou apathiques se transformer par le mariage et la paternité en hommes volontaires par la seule révélation de leur responsabilité... On a vu des bourgeois placides se révéler des chefs à poigne sur les barricades. Nous observons que le prestige d’un homme, d’un écrivain, d’un chef militaire, d’un chef religieux, vient de ce qu’ils révèlent la valeur à ceux qui les rencontrent et qu’ils font surgir les volontés autour d’eux. Dans d’autres cas la volonté se bande à l’occasion d’une situation concrète plus ou moins dramatique où le but unique apparaît dans l’évidence (par exemple, retrouver sa route alors qu’on s’est égaré, ou accomplir jusqu’au bout la tâche qu’on a acceptée, sauver quelqu’un des flammes) et la « volonté » dure autant que dure la situation qui lui a donné naissance. On a prétendu voir dans ces situations « génératrices de volonté » (cf. les théories de la volonté, ci-dessous) des formes de conflit entre le moi et la situation, conflit dont l'affrontement et la résolution sont la volonté. Il faut admettre que la situation, dans ces conditions, est un choc pour le moi et ce choc fait jaillir la représentation du but idéal dont le moi est porteur plus ou moins inconsciemment. La situation révèle le but idéal lorsqu’elle réunit un certain nombre de conditions : parmi ces conditions, il y a l'obstacle (ex. Saint-Exupéry tombant dans le désert et sauvant le courrier au prix d’efïorts surhumains), mais il y en a d’autres : un mot, un homme et son exemple, une idée qui vient et qui s’enracine, un métier qu’on remarque, un livre qu’on lit.

 

Notons enfin que la même situation n’éveille pas la même idée chez tous les sujets ; combien de lecteurs avaient, par exemple, ouvert le « Traité de l’homme » de Descartes sans y trouver, comme le Père Nicolas Malebranche, la révélation fulgurante du but de sa vie et de sa vocation de physicien-philosophe. Il faut donc penser que les forces de l’être ont une orientation latente, virtuelle et en instance qui les rend aptes ou non à « résonner » à telle idée, à tel phénomène, à tel événement , à tel exemple. Chaque être semble ainsi « sensibilisé » à un certain ordre de buts. Cette spécialisation de la réceptivité à la révélation des buts, relève de la personnalité et elle est décrite habituellement sous le nom de « visée du moi ».

 

II reste à signaler que cette unification des tendances, cette polarisation des désirs, était déjà dans la passion. Cela est vrai au point qu’il est parfois impossible, on l’a vu, de distinguer entre passion et volonté. Dans la mesure où la passion fixe un but, elle fait surgir la volonté puisqu’elle fait converger les tendances. C’est la valeur du but, répétons-le, qui fera la différence : dans la passion-passive le but

« bol ali m entai re q ui déclenc he la segmentatio n r ythmi que, les ondes péristaltiq ues e t le s mou vements pendu l aires de l' intest i n grêle .

L es réflexes • externes ., d'autre part, sont il as si m iler compl ète ment à ce s m ou vements in vo lontaires, quoiqu' ils puissent met tre en jeu des musc les striés (ré flexes de pos t me, d'é quili bre , de • réponse » à un excitant co mme f riss on ou c hair de poule , r éfl ex es de défense comme Je retrai t de la main en cas de brfl lure, etc .

).

Anatomiq u ement to us ces réfle xes o nt un centre bulbai re ou spinal, q uelq u es-uns même n'a rrivent sans doute pa s à la moe lle et son t des réflexes d' axo n es.

Les réfle x es les plus co mp lexes, comme l'équili­ brati o n du corps pendant l'exécution d'un mo uvement • v olon taire ., ont un centre bu lba ire et des relais céré b e lleu x eux -mêmes en r appo rt avec les excitations pér iphériques (plantaires par exe mple ) ou internes (cana ux s emi- circu la ires) .

B - Les impulsions .

On appe lle • imp ulsion s • des actes qui ont pour caractère de tra dui re i mm éd ia te m ent e n mouveme n ts une décharge de l'é motivité .

Une tendance surgi t, qui passe à la réa li sation par le même élan que celu i de son surgissem e nt.

Ces imp ulsio n s pe u vent ê tre inco nscien tes, ce sont les impulsions mo rbide s ( • une ancienne hystérique, très inte lligente et très lu cide •, dit Ribot in • Les maladies de la volo nté >•, "éprou v e à certa ins momen ts le besoin d 'aller vociférer ses secre ts dans un end roit s olitaire; elle sait parfaitement qu'elle a tort, ma is , co mme elle le répèt e, il faut qu'e ll e le fasse •) ; e ll es peuvent être paramorbides pou r ai n si dire, tels sont les lies qui so nt très var iés dans l e u r gravi té et dans leur co mpl ica tion : depuis le simple mou vement d'un m uscle peaucier du visage jusq u'a u béga i ement et à l'ony­ ch ophagie (manie de se ronger les ongles) ; Us constituen t des expre s­ sio ns de troubles neurologiques (dé r èg lemen t de la sy mp athlco ton ie , nervosisme) ou de tendances refoulées .

P armi ces impu lsions morbid es il faut p lacer certaines obsessions d'actes qu i o nt pour caractéristiques so it de ban ter la co nsci ence sans se t raduire en mouvements (auc une in t erven tion de la v olo nté cep e ndant dans leur non -réalisation, c'est l'image de l'acte q ui o bsède l e sujet: i m puls ions sexuelles , criminelles, etc.), soi t de fixer tout le co mp ort em en t act if d u sujet (obsession du to uche r, obsess ion de la propreté, phobies ou phi lies, etc .).

Sur ce po int a uss i l 'In terpré tation peu t fa ire app el à un e psych as­ thén ie (Pier re Janet) ou à la psycha nal yse (Fr eud).

On doit ranger égal ement sous l a r ubrique • impulsions • des phénomènes relativ ement nor ma u x et con s cien ts q ui o nt pour q ua lité essentielle d'être des paralysies de la volo n té, ainsi les phén omènes de suggestion In t erindividuelle (contagion du bégaiement , du batll e­ me n t), ou collective (fou ri re, paniq ue ).

Enfin les imp ulsio n s norma les qui fon t part ie des ém otio ns et q ui p assent à l'acte géné ra lem en t d'a utan t pl us faci le m ent q ue l 'émo tion es t plus fo r te : tels les cris, les larmes, les voci f érati ons, les coups, l a fuite ou la p our s u ite , etc.. »

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