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L’INCONSCIENT (cours de philosophie)

Publié le 10/07/2016

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L’INCONSCIENT

MISE AU POINT PRÉALABLE

 

Toute la tradition philosophique, depuis Descartes jusqu’à l’époque contemporaine, a défini l’homme par la conscience et expliqué l’homme par la conscience. On a sans doute donné de l’homme des explications différentes, mais toujours à partir d’une analyse de la conscience. L’homme s’identifie à la conscience. C’est sa caractéristique essentielle. Tout le travail de la philosophie est d’explorer ce donné : la conscience.

 

La conscience de l’homme a précisément ce privil�ge de pouvoir « se voir elle-même », d’être « transparente à elle-même », de pouvoir faire « retour sur elle-même », de faire « réflexion sur elle-même ». C’est pourquoi toute la philosophie classique issue de Descartes peut être dite «philosophie réflexive».

 

En analysant la conscience, on explore l’homme, on saisit l’homme. La conscience constitue l’homme comme «sujet», c’est-à-dire comme être capable d’avoir différents attributs et d’accomplir différents actes. Étudier l’homme, c’est donc étudier le sujet-conscient. Comprendre l’homme, c’est analyser ses faits de conscience, qu’il s’agisse d’une simple analyse empirique ou psychologique, ou qu’il s’agisse de se donner une intelligibilité plus profonde par une analyse transcendantale ou métaphysique.

 

Et comme on consid�re que la plus haute activité de la conscience, c’est son activité de connaissance, la philosophie classique sera avant tout une philosophie de la connaissance.

 

À partir de la deuxi�me moitié du XIXe si�cle, une autre mani�re de penser l’homme se fait jour. La vie consciente n’est plus considérée comme le tout ou même comme l’essentiel de l’homme, mais comme une couche superficielle. L’homme est autre chose qu’une conscience. La vie psychique ne se ram�ne pas à la vie consciente. L’identité du psychique et du conscient, établie une fois pour toutes, devient une prétention intenable.

 

D’autre part, l’homme n’est pas un sujet connaissant. L’essentiel de l’homme n’est peut-être pas dans son activité de connaissance. L’activité consciente de l’homme est en bonne partie le produit d’une activité insconsciente (Marx-Nietzsche).

 

Il existe un inconscient qui ne se ram�ne pas à l’inconscient organique. On entend par inconscient organique, nos mécanismes physiologiques : respiration, digestion... Cet inconscient organique n’a jamais fait difficulté.

 

Certes, la prise en considération d’un « inconscient psychique » n’est pas absente de la pensée classique. Un philosophe comme Spinoza lui fait même une place importante. De même Leibniz « Il y a mille marques qui font juger qu’il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion ». Mais au si�cle dernier, la notion d’inconscient devient chez certains auteurs un principe explicatif fondamental. On pense bien sûr à Freud, mais aussi à Marx et à Nietzsche.

 

Dans « l’idéologie Allemande », Marx écrit que les modes de production déterminent les rapports de production. Ceux-ci engendrent des superstructures : droit, morale, politique, religion, art, philosophie... leur ensemble constitue l’être social de l’individu et détermine sa conscience.

 

C’est là une découverte essentielle : la conscience n’est pas une réalité autonome comme tout le monde l’imagine spontanément ; elle est pour chacun le produit de sa vie sociale.

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« Nietzsche va be aucoup plus loin, dans cette tenta tive de démystific ation.

«Nous pourrions en effet penser, sentir, vouloir, nous ressouvenir ; nou s pour­ rions de même «agi r» dan s tous les sens du terme: tout ceci cepen dant n'aurait nullement besoin d' {(ent rer dans not re con sc ience>>.

La vie t out entière serait pos­ sible sans pour autant se voi r réfléchie: c'est effec tivement ainsi qu'ail!eu rs que pour nous la majeure partie de la vie continue à s'écou ler sans parei lle réflexion - y compris même notre vie pensan t e, sensible, vou lan te- si mal-son n ant que puisse être ce.:: i au x oreilles d'un ancie n philosophe.

Pourquoi d'ailleurs absol u· ment de la consc ience, dès lo rsqu 'elle est superflue à l'e sse ntiel? » (L e Gai-Savoir & 354- uge 10118 .) Pour le s te mps modern es, ('inconscient marque plu s qu'un changement de vocabulair e: la const ruc tio n d'un obj et i néd it dont la psychana lyse se rait la science.

Ce qui était dévolu à la conscience doit après Freu d, être enti èrement re pensé dans le cadre d'u ne théorie selon laquelle l'in conscien t, bien qu'in­ connu du sujet , a une efficace sur ses pen sées, ses jugements et ses compo r­ tement s.

C'e st donc Freud qu i a porté le problème de l'inconscien t sur le terrain scientifique (sous l' in cit atio n de Bernhe im et de Joseph Breue r).

Il jugeai t cette notion indispensable si la psych olo gi e v eut re stit uer au compo rtement sa co hé­ ren ce et sa signi ficati on.

JI écrit (in Métapsycho logie ): « L'assimilation conventionnelle du ps ychi sme au conscient, est tout à fait :M PROPRE.

Elle détruit les continuités psychiques, n o us p réci pite dans le s difficultés insolubles du parallélism e psychologique; peut­ être accusée de surestimer.

sans motif valabl e, le rôle du conscie nt et nous con­ traint à aban donner prématurémen t le champ des recher ch es psyc hologique s sans nous en dédom mager par d 'autres acqui sitions en d'autre s do maines.>> Cet te remise en cause n 'affec te pas seulement la psychologie mais boulever se aussi la philo sophie quant à l'importance qu'elle accord ait à la conscie nce dans les d omaines de l a science ct de la moralité.

C'est u n > pour la philo sophie qui refuse d 'aliéne r l'empri se de la conscience.

Pour cette philoso phie (de Desca rtes à Sartre, en passant par A lain ), l'in conscient est une not ion con tra di cto ire à part ir du momen t oi1 on a d éfin i le psychi sm e par la conscience.

M ais cela est une hypoth èse.

De ce que tout fait consc ient est psychi­ qu e, on n'es t pas autori~é à conc lure imméd iatement que tou t fait psychique est conscient.

On p eu t tout aussi bien adm ettre l'hypothèse ad verse ou contraire si les faits nous invitent à poser cette hypothè~e contraire.

En apparence, il n'y a pas plus de raison s d'affirme r le primat de la conscience que de soute nir la prim auté de l'in conscient.

Mai s notre propos ne con siste pas à rempl acer un dogm e (psychique = con s­ cience) par un autre dogm e (psychique = inconscient ) mais à dét erm iner la cré di­ b ilit é de l'in con scie nt.

S'agit-il d'une h yp oth èse ou bel et bien d 'une certitude? Hypothèse ou certitude ? On do it d onc se prononcer sur l'existence de l'inconscien t, savoir s'il est ques­ tion d'une affirmat ion hypothétique (donc fondée sur des données ince rtaines qu'il faut examiner) ou s'il est ques tion d'u ne affirmation à laquelle on peut donner son assentiment sans aucune restriction (donc fondée sur des motif s de crédi bi­ lité qu'il faut examiner).. »

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