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COMMENTAIRE DE TEXTE HISTOIRE DU DROIT - LA GRANDE CHARTE

Publié le 02/12/2018

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COMMENTAIRE DE TEXTE HISTOIRE DU DROIT - LA GRANDE CHARTE

Dans le Midi, au XII et XIII siècle de nombreuses villes se dotent de statuts qui font une place particulières aux coutumes qui peuvent exister dans ces villes. En effet suite à l’éclatement de l’empire carolingien pour former trois royaumes, puis par la suite l’éclatement de ces royaumes, naissent des comtés qui se fractionnent eux même en petites seigneuries que l’on qualifie de banale en référence au pouvoir exercé par les seigneurs féodaux: le pouvoir du bannum. Ainsi un certain nombre de ces villes vont acquérir une quasi autonomie et vont s’organiser en communautés urbaines où va se développer des coutumes particulière propre au territoire. Les statuts urbains vont permettre de recueillir ces coutumes locales qui peuvent être des rédactions officielles ordonner par les autorités politiques de la ville, les p

lus anciens sont les statuts des ville d’Avignon et d’Arles. La ville de Montpellier possède également un statut urbain: la “Grande charte de la ville de Montpellier” (ou Magna Carta), cette charte est un texte fondateur du consulat de Montpellier, rassemblant un ensemble de coutumes et de privilèges des habitants de Montpellier. En effet, en 1204, Montpellier connaît des changements importants dans son organisation politique à la suite du mariage de Marie, héritière de la seigneurie, avec Pierre II d’Aragon, le 15 juin 1204. Le nouveau seigneur désigne sept prud’hommes chargés de rédiger la coutume de la ville. Ainsi pour la première fois, les coutumes de Montpellier sont mises par écrit et approuvés par Pierre, roi d’Aragon et seigneur de Montpellier, et sa femme Marie le 15 août 1204, sous la forme d’une charte de coutume et de libert&eac

ute;s en 123 articles, établissant la mise en place d’une commune consulaire. Douze prud’hommes vont être désignés pour diriger la ville.

Le texte soumis à notre étude est un passage de cette grande charte se composant uniquement du Prologue et des articles 1 à 4. La coutume étant une source de droit par nature dont la création échappe à tout autorité publique; à partir du XI siècle émergent sur tout le territoire du royaume des coutumes formées par la répétition de pratiques admises par les membres d’une communauté. Leur diversité dessine un émiettement juridique considérable et pose le problème de leur diffusion et de leur connaissance. C’est pourquoi à partir du XIII siècle démarre un long processus de mise par écrit ces coutumes d’application territoriale; qui est initié par le seigneur de Montpellier sous forme de statut urbain. Ainsi le contenu de cette charte a une vocation pratique immédiate, il s‘agit de donn

er la description d’un certain nombre de règles précises, afin d’uniformiser les coutumes existantes. Cette rédaction a aussi pour effet de les officialiser : la sanction par les autorités publiques rend ces coutumes directement applicables en justice.

En quoi la grande charte de Montpellier permet la protection des libertés et des droits de tous les habitants de Montpellier ? En effet, le seigneur souhaite établir une organisation judiciaire de confiance au sein de sa seigneurie (I), afin de veiller à la protection des droits fondamentaux à travers la justice (II).

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« Le seigneur se charge de choisir son bayle en y mettant “le plus grand soin” (l3), et en choisissant son Bayle parmis les citoyens de sa ville : Montpellier ce qui exclut les étrangers, ceux ci devront être des “hommes de science et de loi” donc des intellectuels ayant suffisamment de connaissance pour rendre la justice.

Et ils vont être rémunérés en échange de leur fonction : “il donne suffisamment pour que ceux-ci, abandonnant toutes leurs autres activités personnelles” (l10-11).

Ainsi intégrer à la cour, être officier de la cour du seigneur devient une profession à part entière, ils devront s’y consacrer pleinement “abandonnant toutes leurs autres activités personnelles” (l10-11) et “y soient présents tous les jours” (l11).

Ils sont chargés de rendre la justice en s’appuyant sur le droit, et non les pri vilèges.

En leur donnant un salaire suffisant il évite également que ceux ci soit tenté d’accepter les cadeaux qu’il se fasse acheter.

Ainsi le seigneur souhaite avant tout que la justice se repose sur le droit, et en finisse avec l’arbitraire.

II.

Une organisation judiciaire permettant la protection des intérêts du peuple A travers cette organisation professionnelle de la justice, le seigneur veut éviter avant tout l’arbitraire des décisions de justice (A) afin de garantir les droits des habitants de Montpellier (B). Une obligation pour les juges de rendre la justice selon le droit Gratien (XIIe siècle) précise que « le bon juge ne fait rien arbitrairement ou selon sa volonté particulière, mais selon les lois et le droit ».

A travers ces écrits, le seigneur de Montpellier souligne cette importance de rendre une justice qui s\'appuie sur le droit, afin d’éviter à tout prix la corruption et privilégier le contrôle sérieux des juges, la répression des abus et la représentation de tous les intérêts.

Ils sont donc soumis à des obligations “déontologiques” comme juges de métier nommé par le seigneur de Montpellier.

Ils doivent au moment de leur entrée en charge prêter serment sur les évangiles donc sur un texte sacré; de juger selon le droit, ainsi il est strictement interdit aux juges de recevoir des dons ou cadeaux, il est nécessaire qu’il soit indépendant pour juger de manière juste.

Il est souligné dans le texte à plusieurs reprise que l\'honnêteté et l\'impossibilité de corrompre les juges est primordiale : “des hommes probes et sages” (l9), “ils n’accepteront ni dons, ni rétributions” (l13).

Cette obligation vaut pour les juges qui doivent prêter serment sur les évangiles mais vaut également pour les plaideurs qui ont l’obligation sous la loi du serment de calomnie c’est à dir e qu’ils jurent qu’il agissent de bonne foi et s’engagent à le rester jusqu’à la fin du procès : “la cour les interroge sous serment, l\'une et l’autre partie leur demandant s’ils n’ont pas donné ou promis de l’argent au bayle, au juge ou à tout autre membre de la cour pour ce procès” (l19-21).

Le seigneur ne laisse donc aucune possibilité à l’arbitraire de s\'immiscer dans les décisions de justice en faisant jurer sous serment les plaideurs et les juges.

B.

La protection des droits fondamentaux pour tous L’obligation des juges à juger selon le droit et n’ont par rapport à une quelconque rétribution permet également d’imposer une égalité pour tous devant la justice, en effet “rétabliront chacun dans son droit, tant les pauvres que les riches” (l17-18). Le texte souligne l’importance accordé à la protection des biens de tous, des ressources des habitants de Montpellier par le seigneur mais également par ses prédécesseurs : “Le seigneur de Montpellier et ses prédécesseurs ont aimé et protégé leurs hommes”, ainsi les biens des hommes de la ville de Montpellier ont toujours été protégé et ne pouvait être confisquer par les autorités de la ville sauf si cela résultait de leurs propres fautes “sauf en raison de leur propre culpabilité” (l28-29).

Il est possible que le texte fasse référence à l’intense mouvement de commerce qui se développe favorisant la croissance économique et donc le développement de richesse : “ont multiplié leur opulence en bétail, en terre ou autre chose” (l29-30).

La mise par écrit des coutumes de Montpellier permet de fixer les règles, comme le droit de succession, le seigneur ne peut interférer dans la succession, permettant de protéger les habitants de potentiel abus de pouvoirs des autorités sur leurs biens : “de telle sorte que le seigneur n’en prennent, n’en saisisse ou n’en conteste rien” (l34-35).

Le seigneur de Montpellier est alors toujours présenté dans le texte comme le premier défenseur des droits de son peuple, avec l’utilisation des termes : “le seigneur prend soin des affaires de Montpellier” (l25), “ont aimé et protégé leurs hommes, les ont sauvés” (l26), “les a aidé” (l30).

Ainsi la protection des droits, et des libertés est garantie par le seigneur, qui les protège, les aide et le permet par la mise en place de cette organisation judiciaire. A travers cette organisation politique de la ville de Montpellier on observe que le seigneur n’agit pas seul, et ne décide pas seul.

Cette nouvelle organisation se veut ainsi plus pacifique.

Le seigneur est toujours présenté comme bienveillant envers les hommes de Montpellier, garant de leurs libertés en les protégeant par une organisation judiciaire juste qui ne peut être corruptible.

En obtenant de leurs seigneurs la reconnaissance de leurs droits, coutumes et privilèges.

Cependant le texte étant une demande officielle du seigneur, on peut remettre en cause l’objectivité de ces écrits, qui présente le seigneur et ses prédécesseurs sous leur meilleur jour, oubliant l’insurrection qui avait eut lieu moins d’un siècle auparavant, en 1141, sous le pouvoir du seigneur Guilhem VI.. »

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