FILIATION ET TUTELLE
Publié le 06/11/2011
Extrait du document
La filiation est le lien de droit qui unit l'enfant à sa mère (filiation maternelle) et à son père (filiation paternelle). Elle conditionne toute la vie personnelle, familiale et sociale de l'enfant. Les deux problèmes fondamentaux du droit de la filiation consistent à déterminer selon quels moyens de preuve elle doit être établie et quel est le statut de l'enfant (l'ensemble de ses droits et obligations). La réponse dépend du type de filiation (légitime ou naturelle).
«
des droits identiques, sous réserve de quelques atté
nuations concernant les enfants « adultérins ».
L'ancienne distinction des filiations subsiste essen
tiellement pour des raisons techniques ; le terme
même d'enfant adultérin a disparu, remplacé par
une périphrase.
Dans ces conditions, la recherche de la vérité biologique et sociologique est désor
mais favorisée pour permettre à l'enfant de trouver
son véritable foyer.
Plusieurs règles désormais
communes aux divers types de filiation (adoption
exclue) répondent à cette nouvelle philosophie.
Date de la conception
Sa détermination exacte est essentielle, elle
conditionne la nature même de la filiation et par voie de conséquence le statut de l'enfant (ainsi la
filiation est légitime si l'enfant est conçu pendant le mariage, naturelle dans le cas contraire, etc).
Cette
date ne pouvant être établie après coup avec certi
tude, le Code procède par présomptions.
A partir
d ' une durée légale de grossesse fixée à 180 jours
minimum (prématuré de six mois) et 300 jours au
plus (10 mois) , la loi présume que la conception a eu lieu dans la période de 121 jours située entre le 10" et le 6• mois précédant la naissance.
Au sein de cette période, l'enfant est en outre réputé conçu au
moment le plus favorable pour lui et il choisira en fonction de son intérêt.
Toutefois, comme le choix
peut être contraire à la vérité, la loi de 1972 permet de combattre les présomptions relatives à la date de conception par tous moyens de preuve contraire
(notamment une expertise médicale).
On pourra
par exemple tenter d'établir que la grossesse a duré
moins
de six mois ou plus de dix mois ...
Mais la
science est-elle en mesure d'apporter des certitudes
au juge?
Conflits de filiation
Ils surgissent lorsqu'un enfant peut être juridi
quement rattaché à deux pères différents.
Or la loi de 1972 a multiplié ces délicats conflits de paterni té.
Au moins y a-t-il désormais des principes com
muns de solution.
Tout d'abord, aucune nouvelle
filiation
ne peut être établie tant que la première n'a
pas été détruite.
Par ailleurs, les incertitudes sur la
date de conception de l'enfant peuvent être résolues
selon l'intérêt de l'enfant (V.
ci-dessus).
Mais le principe le plus général est qu'en cas d'incertitude
les tribunaux doivent préférer la filiation la plus
vraisemblable ; et si la preuve du lien biologique ne peut être rapportée, le juge se référera à la posses
sion d'état de l'enfant.
Possession d'état
La possession d'état est l'image de la filiation
telle qu'elle ressort des apparences sociales obser
vées à partir de certains indices révélateurs : le
nom de l'enfant (s'il porte celui de sa mère, il s'agit
vraisemblablement d' un enfant naturel), l'attitude des prétendus parents à son égard (se sont-ils com
portés comme des parents véritables ?), la réputa
tion de l'enfant dans le milieu familial, la société,
auprès des autorités publiques (l'enfant y passe -t-il
pour enfant légitime, naturel, etc ?).
Elle s'établit
par tous moyens (témoignages, simples présomp
tions) et
on peut demander au juge des tutelles de la
constater dans un acte de notoriété qui fait foi jus
qu 'à preuve du contraire.
Reflétant la réalité socia le, sinon la vérité, elle peut être d' un grand secours
pour déterminer , en cas de conflit, la filiation la
plus vraisemblable.
Mais son rôle ne se limite pas à
cette situation .
Partant de l'idée que la filiation
n'est pas seulement un lien biologique, mais égale
ment un lien humain, affectif et sociologique, la loi de 1972 en a fait un instrument de preuve perma
nente qu'il y aura lieu de combiner avec les énon
ciations officielles
de l'acte de naissance.
D'où son
effet à double tranchant : conforme au titre de nais
sance elle le rend indiscutable, contradictoire (ou
inexistante) elle jette le doute sur la vérité que rela te le titre et permet la contestation.
Actions judiciaires
Elles sont très nombreuses.
Les unes visent à
établir ou à détruire le lien de filiation légitime ou
naturel, d'autres à obtenir des subsides (enfant
naturel), sans préjudice de l'intervention judiciaire en matière d'adoption.
Toutes ces actions doivent
être intentées devant le tribunal de grande instance.
Elles se prescrivent par 30 ans sauf lorsque la loi fixe un délai très bref afin d'éviter de fâcheuses
incertitudes (6 mois, 2 ans, V.
ci-après).
Après la loi de 1972, la brièveté de certains délais a surpris
nombre d'enfants ou de parents qui n'ont pas su que la loi nouvelle était applicable, par mesure de
faveur, aux enfants nés avant sa mise en vigueur (1er août 1972).
Dans son souci d'équité, la loi du 15 novembre 1976 autorise les enfants nés avant le 1er août 1972 à entreprendre (pour la première fois), poursuivre (cas des instances en cours) ou même reprendre (demande déjà rejetée pour exerci ce tardif) jusqu'au 18 novembre 1977, toute
demande en recherche de paternité naturelle ou à fins de subsides .
Enfants légitimes
Preuves
L'acte de naissance d'un enfant légitime doit
contenir trois séries de mentions : la date de nais
sance et la désignation de l'enfant,les noms du père
et de la mère, l'indication qu'ils sont mariés.
Ces
mentions correspondent aux trois conditions dont
la réunion est
exigée pour l'établissement de la
filiation légitime..
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