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à l'école et pourquoi ils les rendent savants, alors que dans le domaine de la vertu qui fait leur propre valeur, ils ne les rendent supérieurs à personne.

Publié le 22/10/2012

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à l'école et pourquoi ils les rendent savants, alors que dans le domaine de la vertu qui fait leur propre valeur, ils ne les rendent supérieurs à personne. Sur ce point, ce n'est pas au mythe, mais au raisonnement que je vais recourir. Réfléchis à ceci : y a-t-il, oui ou non, une chose unique à laquelle il faut que tous les concitoyens participent pour qu'il existe un État ? C'est ici, et pas ailleurs, qu'on trouvera la solution de la difficulté qui t'arrête. Car si cette chose existe et si cette chose unique n'est pas l'art du charpentier, du forgeron ou du potier, mais bien la justice, la sagesse pratique et la piété, et ce que d'un mot je nomme : la vertu propre de l'homme ; si c'est une chose à laquelle tous doivent participer, à laquelle tout homme doive se conformer quoi qu'il prétende apprendre ou faire, irrémissiblement ; si c'est une chose telle qu'il faut instruire et châtier quiconque n'y a pas part, enfant, homme ou femme, jusqu'à ce que le châtiment l'améliore, et expulser de l'État ou mettre à mort comme incurable celui qui reste rebelle au châtiment et à l'enseignement ; s'il en est bien ainsi et si, malgré cela, les hommes de valeur enseignent tout à leur fils, sauf cela, considère à quel point ces hommes deviennent un objet d'étonnement ! Ils estiment, nous l'avons montré, que cela peut être objet d'enseignement privé et public ; or, alors que cela s'enseigne et se cultive, c'est autre chose qu'ils apprendraient à leurs fils, quelque chose dont l'ignorance n'est pas sanctionnée par la mort, tandis que des choses qui peuvent valoir à leurs enfants la peine de mort ou l'exil s'ils n'apprennent ni ne cultivent la vertu, et outre la mort, la confiscation de leurs biens et pour le dire d'un mot, la ruine de leurs lignées, ces choses-là, ils ne les leur apprendraient pas et n'y apporteraient pas tous leurs soins ! Faut-il croire cela, Socrate ? Protagoras, 324d-325c 5. RHÉTORIQUE ET JUSTICE [SOCRATE-GORGIAS] — S. Tu prétends, Gorgias, être capable de rendre orateur quiconque veut bien s'instruire auprès de toi ? — G. Oui. — S. Au point de convaincre une assemblée sur n'importe quel sujet non pas en l'instruisant, mais en la persuadant ? — G. Parfaitement. — S. Tu as même dit qu'en matière de santé l'orateur est plus persuasif que le médecin. — G. Devant une assemblée, oui, je le maintiens. — S. Devant une assemblée, c'est-à-dire devant des gens qui ne savent pas ; car, pour sûr, ce n'est pas devant des gens qui savent qu'il est plus persuasif que le médecin. — G. Tu as raison. — S. Ainsi, s'il est plus persuasif que le médecin, le voilà plus persuasif que celui qui sait ? — G. Assurément. — S. Sans être lui-même médecin, n'est-ce pas ? — G. Oui. — S. Celui qui n'est pas médecin ignore les choses que le médecin sait. — G. C'est évident. — S. Ainsi celui qui ne sait pas se montre, aux yeux des gens qui ne savent pas, plus persuasif que celui qui sait, lorsque l'orateur est plus persuasif que le médecin. C'est ce qui arrive ou non. — G. C'est bien ce qui arrive, en ce cas du moins. — S. Et c'est également à l'égard de tous les autres arts que l'orateur et la rhétorique ont le même avantage : cela exige non pas qu'elle sache la vérité des choses, mais qu'on ait trouvé un procédé de persuasion permettant de passer aux yeux des ignorants pour plus savant que ceux qui savent. — G. N'est-ce pas là une grande facilité, Socrate : en apprenant uniquement cet art, sans s'instruire de tous les autres, ne le cède en rien aux spécialistes ? — S. Savoir si, ce faisant, il le cède aux autres ou non, c'est là une question que nous examinerons plus tard, si cela importe à notre propos. Pour l'instant commençons par examiner ceci : à l'égard du juste et de l'injuste, du laid et du beau, du bon et du mauvais, l'orateur est-il dans la même situa- tion qu'à l'égard de la santé et des objets des autres arts sans savoir les choses elles-mêmes, ce qui est bon ou mauvais, beau ou laid, juste ou injuste, grâce à un procédé de persuasion à leur sujet, être capable de paraître savoir, alors qu'on ne sait pas, mieux que ceux qui savent aux yeux des gens qui ne savent pas ? Ou bien est-il nécessaire qu'il sache, et faut-il qu'il apprenne ces choses avant d'aller te trouver, celui qui a l'intention d'apprendre la rhétorique auprès de toi ? Sinon, sans lui avoir appris rien de tout cela, en maître de rhétorique dont ce n'est pas l'affaire, feras-tu qu'il paraisse aux yeux de la foule le savoir, alors qu'il l'ignore, et être compétent, alors qu'il ne l'est pas ? Seras-tu tout à fait incapable d'apprendre la rhétorique à qui n'a pas au préalable acquis la connaissance de la vérité sur tout cela ? Qu'en est-il Gorgias ? en me dévoilant, comme tu dis, la rhétorique, dis-moi ce que peut bien être son pouvoir. — G. A mon avis, Socrate, s'il se trouve ne pas savoir tout cela, il pourra aussi l'apprendre de moi. — S. Arrête ; car tu parles d'or : pour que tu puisses faire de quelqu'un un orateur, il faut qu'il ait la connaissance du juste et de l'injuste, soit qu'il l'ait acquise antérieurement, soit qu'il l'acquière ultérieurement près de toi. — G. Absolument. — S. Quand on a appris l'architecture, on a compétence d'architecte, la musique, de musicien, la médecine, de médecin, etc., bref, en apprenant une chose, on acquiert la qualité que confère la science de cette chose ? — G. Parfaitement. — S. Ainsi, selon ce raisonnement celui qui a appris ce qui est juste, est juste. — G. Oui. — S. Et il suit de ce que nous avons dit que l'orateur est nécessairement juste. — G. Oui. — S. Par conséquent, il ne voudrait jamais se montrer injuste. — G. C'est évident. — S. Souviens-toi de ce que tu me disais tout à l'heure : s'il arrive qu'un pugiliste mette son art au service d'une injustice, il ne faut pas incriminer les pédotribes et les chasser des cités. De la même façon, si un orateur fait un usage injuste de la rhétorique, ce n'est pas son maître qu'il faut accuser et bannir, mais bien celui qui s'est montré

« 100 PLATON PAR LUI-MÊME 5.

RHÉTORIQUE ET JUSTICE [SOC RA TE-GORGIAS] -S.

Tu prétends, Gorgias, être capable de rendre orateur quiconque veut bien s'instruire auprès de toi? - G.

Oui.- S.

Au point de convaincre une assem­ blée sur n'importe quel sujet non pas en l'instruisant, mais en la persuadant?- G.

Parfaitement.- S.

Tu as même dit qu'en matière de santé l'orateur est plus persuasif que le médecin.

- G.

Devant une assem­ blée, oui, je le maintiens.- S.

Devant une assemblée, c'est-à-dire devant des gens qui ne savent pas; car, pour sûr, ce n'est pas devant des gens qui savent qu'il est plus persuasif que le médecin.- G.

Tu as raison.

- S.

Ainsi, s'il est plus persuasif que le médecin, le voilà plus persuasif que celui qui sait? - G.

Assuré­ ment.

-S.

Sans être lui-même médecin, n'est-ce pas? - G.

Oui.

-S.

Celui qui n'est pas médecin ignore les choses que le médecin sait.

- G.

C'est évident.

-S.

Ainsi celui qui ne sait pas se montre, aux yeux des gens qui ne savent pas, plus persuasif que celui qui sait, lorsque l'orateur est plus persuasif que le médecin.

C'est ce qui arrive ou non.

- G.

C'est bien ce qui arrive, en ce cas du moins.- S.

Et c'est également à l'égard de tous les autres arts que l'orateur et la rhétorique ont le même avantage : cela exige non pas qu'elle sache la vérité des choses, mais qu'on ait trouvé un procédé de persuasion permettant de passer aux yeux des ignorants pour plus savant que ceux qui savent.

- G.

N'est-ce pas là une grande facilité, Socrate : en apprenant uniquement cet art, sans s'instruire de tous les autres, ne le cède en rien aux spécialistes ? -S.

Savoir si, ce faisant, il le cède aux autres ou non, c'est là une question que nous examinerons plus tard, si cela importe à notre propos.

Pour l'instant commençons par examiner ceci : à l'égard du juste et de l'injuste, du laid et du beau, du bon et du mauvais, l'orateur est-il dans la même situa-. »

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