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Albert LAFFAY : La feinte indétermination du récit

Publié le 15/01/2018

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Au lendemain de la seconde guerre mondiale, prévalait, sous l'influence de Sartre, l'esthétique du réalisme subjectif : le romancier se devait, en particulier, de donner au lecteur le sentiment de l'indétermination de l'avenir. Albert Laffay analyse ici les pro¬blèmes que soulève une telle esthétique.

Un roman, certes, se présente d'une autre manière. Le romancier, en effet, s'il est habile, essaie de rendre à chaque instant l'indétermination de ses héros. Il tâche de nous donner le sentiment que ceux-ci sont, à chaque pas, devant un carrefour. Il feint, et nous feignons comme lui, de durer avec les personnages. Ce sont les mauvais romans qui dévident leur récit ainsi qu'un théorème déroule ses conséquences et où les actions sont déduites des carac¬tères sans l'intervalle d'une hésitation. Mais, ce qu'il faut voir c'est que l'impression de liberté, dans les bons romans, s'enlève néanmoins sur la toile de fond du fixe et de l'inévitable. Cette liberté est feinte, le temps qu'elle déploie est imaginaire. La ruse du romancier est d'introduire fictivement les trois dimensions temporelles où il n'y a en réalité que du passé, solide, compact, inchangeable. Aussi une histoire inventée, comme l'Histoire à majuscule (j'entends l'Histoire écrite, et non celle qui se fait) a-t-elle un début, un milieu, une fin. L'auteur, dès le premier mot, donne rendez-vous au lecteur en un lieu fixe qui est le dénouement. 

« l es auteu rs de rom ans-feuillet ons, l'ignorer lui-même au moment où il s 'em­ ba rque dans son histoire.

Pourtant l'indétermina tion du récit est tou jours seconde par rapport à une déterm ination de principe selon laquelle les événe ­ ments relatés ont un sens et son t d'avance terminés .

La structure «récit )) ferme d'abord la bou cle.

Le commence ment d'un récit dessine à vide une certaine trajectoire, un peu comme la langue populaire indique des relati ons gr amma ticales abstraites et remplit ensuite les cases .

(« Il le lui donnera, Jean, le livre , à sa mère .)>) La fin, au rebours, marque le refus de con sidérer l'au -delà d'un certain point :. »

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