Devoir de Philosophie

Analyse De La Première Page Du Roman La Princesse De Clève

Publié le 11/09/2006

Extrait du document

1. Une page qui répond à l'impératif traditionnel de la "première page" : une situation du roman.

 

    * le cadre historique est défini très précisément : la cour de Henri Second (noter le décalage avec l'époque de Mme de La Fayette)

    * le lieu : la cour et ses occupations : "le divertissement"

          o le cercle de la reine

          o les activités physiques du roi (chasse, paume, courses)

          o le bal (réunion des deux groupes)

    * les personnages qui sont au centre de cette cour :

          o le roi, sa maîtresse, Diane de Poitiers (la Duchesse de Valentinois), la reine.

          o choix logique, qui cependant est en décalage par rapport au titre : le personnage principal n'apparaît pas

    * la présentation de ces personnages donne l'axe majeur du roman, défini dès la première ligne :

          o - la galanterie ; prince "galant" ; "amoureux" ; "aimait le commerce des femmes" ; "amoureux" ;

          o - le mariage (allusion à l'un des éléments au coeur des intrigues de la Cour)

 

2. Une page tout en contraste entre l'apparence et la réalité cachée : le monde présenté paraît celui de la perfection

 

    * - souligner l'importance des verbes "paraître" et "sembler" ; ces mots ont un sens à analyser : paraître = être en apparence ; paraître = se montrer - l'auteur joue sur les deux sens, mais ce jeu n'est pas anodin

    * - ces termes sont renforcés par d'autres qui demandent explication magnificence , éclat ;    - noter l'importance des expressions absolues "ne... jamais" , "ne... pas moins" , ce qu'il y avait "de plus beau, "de mieux fait"... des adverbes "absolument", "partout"... des adjectifs indéfinis marquant la totalité : "tous"

    * - à quoi tient la "puissance de la cour" : fêtes, bals, jeux, chasses...

    * - importance de l'apparence physique des protagonistes : prince "bien fait" ; "réussir admirablement dans les exercices du corps" ; Mme de Valentinois qui porte les "ajustements" qui conviennent à une jeune fille tous sont "beaux" et "bien faits"

    * - les apparences sociales

          o la "galanterie", centre d'intérêt de la cour

          o accord entre la reine et la maîtresse du roi

          o présence chaque jour aux côtés de la reine

 

3. Sous l'apparence, des réalités plus contrastées, marquées par l'utilisation de la concession : ces nuances font naître en nous l'interrogation

 

    * - Pourquoi ne parler que des "divertissements" ? est-ce le portrait d'un roi: il ne s'intéresse qu'aux fêtes et à la "galanterie" ? quelle est la nature de son pouvoir ? son "activité" de chaque jour, à l'heure du cercle est-elle digne d'un roi qui gouverne ?

    * - les deux femmes présentées :

          o Mme de Valentinois : n'est plus de la première jeunesse  ; prend les ajustements d'une jeune fille (critique ?); n'est autorisée à demeurer que par la tolérance de la reine

          o La reine : la dissimulation, "difficile de juger de ses sentiments" ; tolère la maîtresse du roi afin de conserver son pouvoir

    * - un réseau de contraintes

          o : la cour impose la magnificence et l'éclat ;

          o la beauté apparente n'est peut-être qu'un aspect superficiel, comparable à Mme de Valentinois contrainte de paraître en jeune fille

          o le roi, la reine et Mme de Valentinois vivent dans une sorte d'accord tacite qui forme contrainte : chacun est obligé de cacher ses réels sentiments ( la jalousie possible de la reine ; la déférence affectée de Mme de Valentinois )

          o l'expression "à marier" peut être commentée (thème récurrent dans l'ouvrage).

 

Conclusion

 

    On retrouve aisément l'une des caractéristiques de la langue du 17è s. : la sobriété du style va de pair avec sa densité. Cette page nous apprend qu'il faut savoir rechercher sous les apparences une réalité plus subtile ; elle constitue donc comme une grille de lecture du roman lui-même.

 

    "Le vocabulaire est assez pauvre et souvent abstrait, mais les mots sont choisis avec tant de bonheur et disposés avec un goût si sûr qu'ils produisent toujours le maximum d'effet. Telle est la qualité de cet art discret et souple, qui se prête à la fois aux notations les plus brutales et aux remarques les plus subtiles". (Littérature Castex et Surer XVIIe s. p. 100).

Liens utiles