Bildungsroman - littérature.
Publié le 28/04/2013
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Bildungsroman - littérature. 1 PRÉSENTATION Bildungsroman, terme allemand désignant les romans d'« éducation « ou d'« apprentissage «, ou encore de « formation «, qui présentent la maturation spirituelle, intellectuelle et affective du personnage central, depuis sa naissance, son enfance ou même son adolescence jusqu'à l'âge adulte. 2 ORIGINE DU TERME ET DÉFINITION Issu du mot allemand Bildung, qui signifie « formation « ou « éducation «, ce terme est utilisé pour la première fois dans les conférences de Karl Morgenstern, professeur d'esthétique et d'histoire de la littérature au début du XIXe siècle. Pour lui, le Bildungsroman est « un moyen moral d'éducation, par opposition [...] au roman, considéré comme simple divertissement, plaisir, imagination ou fuite du réel «. En vérité, diverses significations sont associées au terme Bildungsroman, mais tous les commentateurs sont d'accord pour lui reconnaître une spécificité allemande, parce qu'il se caractérise par le reflet de la puissante tradition philosophique de ce pays. Les notions de Bildungsroman et de Zeitroman (littéralement, « roman du temps «, dans lequel l'auteur propose une interprétation de son temps) se chevauchent quelque peu. Le Bildungsroman est un récit romanesque dont le personnage central -- en général un jeune homme inexpérimenté dans tous les domaines -- se forme par diverses expériences, heureuses ou malheureuses. Le plus souvent, ces expériences ont lieu à l'occasion d'un voyage (parfois à l'étranger), correspondant à une première sortie hors du cocon familial. Le voyage géographique devient dans ce cas le symbole d'un cheminement intérieur -- spirituel, intellectuel et sentimental -- par lequel l'individu peut réaliser ses possibilités. 3 LES PRINCIPAUX BILDUNGSROMAN DE LA LITTÉRATURE ALLEMANDE Le Bildungsroman, annoncé par le roman de Grimmelshausen, les Aventures de Simplicius Simplicissimus (1669), qui relève encore toutefois du genre picaresque, se développe au XVIIIe siècle. Incarnation des idéaux des Lumières, le roman Histoire d'Agathon (1766-1767), de Christoph Martin Wieland, est considéré comme le premier Bildungsroman. Son intrigue a pour cadre la Grèce antique, dont la culture exerce une fascination sur les esprits cultivés du XVIIIe siècle. Wieland, dans sa préface, s'identifie au protagoniste, Agathon, et laisse même entendre que les autres personnages sont inspirés de personnes réelles. Cependant, le plus connu et le plus imité des Bildungsroman est sans conteste les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister (huit volumes, 1795-1796), de Goethe, qui sert de modèle aux meilleurs romans allemands des trente années qui suivent sa publication. Ce long ouvrage raconte les expériences malheureuses, mais formatrices, du jeune Wilhelm Meister dans les domaines de l'amour et du théâtre -- expériences par lesquelles il acquiert le sens de la mise en scène, comme auteur, et le sens du devoir, comme être humain. L'ouvrage connaît un immense succès auprès de la génération des romantiques ; il est imité par Novalis dans son Henri d'Ofterdingen (posthume, 1802) et devient célèbre en Angleterre par la traduction qu'en donne Thomas Carlyle en 1824. Dans la même veine que les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister se situent Franz Sternbald (1798) de Ludwig Tieck, Henri le Vert (1854-1855 et 1879-1880) de Gottfried Keller, mais aussi l'Été de la Saint-Martin (Der Nachsommer, 1857) d'Adalbert Stifter et le Pasteur famélique (1864) de Wilhelm Raab. Le successeur le plus remarquable de Goethe est peut-être Thomas Mann, qui commente la tradition des romans commencée avec les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister en les qualifiant de « typiquement allemands «. Trois des plus longs romans de Mann peuvent être considérés comme des exemples, décalés et ironiques, de ce genre littéraire : Altesse royale (1909), la Montagne magique (1924) et Joseph et ses frères (1933-1943). La Montagne magique est peut-être le Bildungsroman le plus complexe, sur les plans intellectuel et philosophique. Il se situe pendant la période précédant la Première Guerre mondiale, dans un sanatorium des Alpes suisses, où Hans Castorp, jeune ingénieur, tombe sous le charme de deux patients de longue durée, un idéaliste italien anticlérical, Settembrini, et un nihiliste jésuitique, Naphta. Au cours d'une série de longues discussions philosophiques, tous deux en viennent à se disputer l'âme vierge de Castorp. L'initiation intellectuelle est accompagnée d'une initiation sexuelle, auprès d'une volupteuse patiente russe, Clawdia Chauchat. Dans la tétralogie Joseph et ses frères, qui constitue une interprétation de la Genèse, Joseph, personnage principal du roman, représente, à ses débuts, l'artiste égocentrique qui mûrit progressivement, pour devenir un homme sage, juste et influent. Hermann Hesse (1877-1962), presque contemporain de Mann, écrit des romans dont les protagonistes se trouvent souvent engagés dans des voyages qui sont des recherches d'eux-mêmes : Peter Camenzind (1904) décrit le voyage d'un apprenti écrivain, tandis que Siddhartha (1922) et le Voyage en Orient (1932) explorent des tentatives pour atteindre à l'illumination et à la connaissance de soi à travers le mysticisme indien. 4 LE BILDUNGSROMAN DANS LES LITTÉRATURES NON ALLEMANDES En France, comme dans les autres pays non germaniques, le Bildungsroman à proprement parler, n'existe pas, puisque le terme renvoie à des oeuvres qui, par la langue et la culture, appartiennent à la sphère germanique. En revanche, les romans d'« apprentissage « ou d'« éducation «, plus réalistes que le modèle allemand du bildungsroman, sont très nombreux. Ils apparaissent d'ailleurs à la même époque, parallèlement à l'essor des Lumières, en avatars du roman picaresque et du récit de voyage (Candide ou l'Optimisme de Voltaire, Gil Blas de Santillane de Alain René Lesage, Tom Jones de Henry Fielding, Julie ou la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, etc.), puis se perpétuent au siècle suivant, bénéficiant de l'intérêt accru porté à l'individu (en particulier à l'enfant) et à sa psychologie, et se rapprochant souvent de l'autobiographie. David Copperfield et Oliver Twist, de Charles Dickens, le Rouge et le Noir de Stendhal, l'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, puis, plus tard, Jean-Christophe de Romain Rolland ou la Nausée de Jean-Paul Sartre illustrent, à des titres divers, la notion d'éducation dans le roman. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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