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ce dont nous sommes tombés d'accord : puisque chaque faculté a par nature son objet, qu'il y a deux facultés, l'opinion et la science, qu'elles diffèrent l'une de l'autre à ce que nous disons, il s'ensuit qu'il n'est pas possible que le connaissable et l'opinable soient identiques.

Publié le 22/10/2012

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ce dont nous sommes tombés d'accord : puisque chaque faculté a par nature son objet, qu'il y a deux facultés, l'opinion et la science, qu'elles diffèrent l'une de l'autre à ce que nous disons, il s'ensuit qu'il n'est pas possible que le connaissable et l'opinable soient identiques. République V, 477b-478b 9. L'OBJET DE L'OPINION EST INTERMÉDIAIRE ENTRE L'ÊTRE ET LE NON-ÊTRE [SOCRATE-GLAUCON] — S. Voici ce qu'il nous resterait à trouver, semble-t-il : quelque chose qui participe des deux, de l'être et du non-être, et qui, à proprement parler, ne serait purement ni l'un ni l'autre, pour pouvoir prétendre à bon droit, s'il se fait jour, que c'est l'objet de l'opinion, en assignant aux facultés extrêmes les objets extrêmes, à celles qui sont intermédiaires ceux qui sont intermédiaires, n'est-ce pas ? — G. Oui. — S. Cela posé, qu'il me parle, dirai-je, et qu'il réponde, l'honorable contradicteur qui estime qu'il n'y a pas de beau en soi ni aucune forme de la beauté elle-même demeurant toujours identique à elle-même, mais qui croit à la multiplicité des belles choses, cet homme qui aime contempler et qui ne peut absolument pas souffrir qu'on dise que le beau est un, le juste aussi, et ainsi du reste. Excellent homme, lui dirons-nous, dans cette multiplicité de belles choses y en a-t-il une seule qui n'apparaîtra pas laide, de juste qui n'apparaîtra pas injuste, de pieuse qui n'apparaîtra pas impie ? — G. Non, nécessairement les choses belles elles-mêmes apparaissent également laides à quelque égard, et ainsi de toutes les choses qu'évoquait ta question. — S. Et qu'en est-il des multiples choses qui sont doubles ? apparaissent-elles moins comme des moitiés que comme des doubles ? — G. Si. — S. Et les choses grandes ou petites, légères ou lourdes méritent-elles plutôt ces qualifications que nous leur donnons éventuellement que les qualifications contraires ? — G. Non, car toujours chacune tiendra des deux. — S. Chacune de ces multiples choses est-elle plutôt qu'elle n'est pas ce que l'on dit qu'elle est ? — G. Elle ressemble à ces propos à double sens qu'on tient dans les banquets ou à la devinette des enfants au sujet de l'eunuque qui frappe la chauve-souris, où l'on demande avec quoi et sur quoi il l'a frappée ; car les choses dont nous parlions sont également à double sens : d'aucune d'elles on ne peut arrêter ni qu'elle n'est, ni qu'elle n'est pas, ni qu'elle est l'un et l'autre, ni qu'elle n'est ni l'un ni l'autre. — S. Sais-tu donc ce qu'il faut en faire et où tu leur trouveras meilleure place que celle qui se situe entre l'être et le non-être ? car il ne se trouvera ni de place plus obscure que le néant pour les rendre davantage inexistantes, ni de place plus claire que l'être pour leur accorder davantage d'existence. — G. C'est tout à fait vrai. — S. Ainsi nous avons découvert, à ce qui semble, que la foule de représentations que la foule se fait du beau et du reste, circule pour ainsi dire dans l'intervalle qui sépare l'être pur du pur non-être. — G. C'est ce que nous avons trouvé. — S. Or, nous étions convenus à l'avance que, si quelque chose de semblable se faisait jour, il nous fallait en faire l'opinable et non le connaissable, ce qui erre dans la région intermédiaire étant saisi par la faculté intermédiaire ? — G. Nous en étions convenus. — S. Ainsi donc, de tous les gens qui contemplent la multiplicité de belles choses mais qui ne voient pas le beau en soi et qui sont incapables de suivre celui qui les y conduit, de tous ceux qui contemplent la multiplicité des actes justes, sans voir le juste en soi et ainsi du reste, de ces gens-là nous dirons qu'ils ont opinion de tout cela, mais qu'ils n'ont aucunement connaissance de ce dont ils ont opinion. — G. Nécessairement. — S. Inversement, ceux qui contemplent chacune de ces réalités en elle-même et en tant qu'elle demeure toujours identique à elle-même, nous dirons qu'ils ont connaissance et non pas opinion, n'est-ce pas ? — G. C'est également nécessaire. — S. Ainsi nous dirons encore que les objets que recherchent et aiment les uns ce sont ceux de la connaissance, les autres ceux de l'opinion ? souvenons-nous : nous disions de ces derniers qu'ils aiment et qu'ils contemplent de belles voix, de belles couleurs, etc., mais qu'ils n'admettent pas que le beau en soi soit un être. — G. Nous nous en souvenons. — S. Aurons-nous tort de les appeler « philodoxes « plutôt que « philosophes « ? est-ce qu'ils nous en voudront beaucoup de les appeler ainsi ? — G. Pas du tout, s'ils veulent m'en croire, car il n'est pas permis de s'offenser de la vérité. — S. Ainsi, ceux qu'il faut appeler philosophes et non philodoxes, ce sont ceux qui recherchent chaque être en soi ? — G. Absolument. République V, 478e-480a

« lA CONCEPTION DU SAVOIR 189 que comme des doubles?- G.

Si.- S.

Et les choses grandes ou petites, légères ou lourdes méritent-elles plutôt ces qualifications que nous leur donnons éven­ tuellement que les qualifications contraires? - G.

Non, car toujours chacune tiendra des deux.

-S.

Chacune de ces multiples choses est-elle plutôt qu'elle n'est pas ce que l'on dit qu'elle est? - G.

Elle res­ semble à ces propos à double sens qu'on tient dans les banquets ou à la devinette des enfants au sujet de l'eunuque qui frappe la chauve-souris, où l'on demande avec quoi et sur quoi il l'a frappée; car les choses dont nous parlions sont également à double sens : d'aucune d'elles on ne peut arrêter ni qu'elle n'est, ni qu'elle n'est pas, ni qu'elle est l'un et l'autre, ni qu'elle n'est ni l'un ni l'autre.

-S.

Sais-tu donc ce qu'il faut en faire et où tu leur trouveras meilleure place que celle qui se situe entre l'être et le non-être? car il ne se trouvera ni de place plus obscure que le néant pour les rendre davantage inexistantes, ni de place plus claire que l'être pour leur accorder davan­ tage d'existence.

- G.

C'est tout à fait vrai.

-S.

Ainsi nous avons découvert, à ce qui semble, que la foule de représentations que la foule se fait du beau et du reste, circule pour ainsi dire dans l'intervalle qui sépare l'être pur du pur non-être.- G.

C'est ce que nous avons trouvé.

-S.

Or, nous étions convenus à l'avance que, si quelque chose de semblable se faisait jour, il nous fallait en faire l'opinable et non le connaissable, ce qui erre dans la région intermédiaire étant saisi par la faculté intermédiaire ? - G.

Nous en étions convenus.

-S.

Ainsi donc, de tous les gens qui contemplent la multiplicité de belles choses mais qui ne voient pas le beau en soi et qui sont incapables de suivre celui qui les y conduit, de tous ceux qui contemplent la multiplicité des actes justes, sans voir le juste en soi et ainsi du reste, de ces gens-là nous dirons qu'ils ont opinion de tout cela, mais qu'ils n'ont aucunement connaissance de ce dont ils ont opi­ nion.- G.

Nécessairement.- S.

Inversement, ceux qui contemplent chacune de ces réalités en elle-même. »

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