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Comme l'Anthropologie, la Pédagogie, récemment traduite sous le titre Réflexions sur l'éducation, contient la matière des cours que Kant donna, à quatre reprises, à l'Université de Kœnigsberg.

Publié le 22/10/2012

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Comme l'Anthropologie, la Pédagogie, récemment traduite sous le titre Réflexions sur l'éducation, contient la matière des cours que Kant donna, à quatre reprises, à l'Université de Kœnigsberg. Les textes que nous citons ici appartiennent à l'Introduction de cet ouvrage. 55. L'homme et l'éducation. L'homme est la seule créature qui doive être éduquée. Par éducation on entend, en effet, les soins (l'alimentation, l'entretien), la discipline, et l'instruction avec la formation. Sous ce triple rapport l'homme est nourrisson, — élève, — et écolier. [...] La discipline transforme l'animalité en humanité. Par son instinct un animal est déjà tout ce qu'il peut être; une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l'homme doit user de sa propre raison. Il n'a point d'instinct et doit se fixer lui-même le plan de sa conduite. Or puisqu'il n'est pas immédiatement capable de le faire, mais au contraire vient au monde pour ainsi dire à l'état brut, il faut que d'autres le fassent pour lui. L'espèce humaine doit, peu à peu, par son propre effort, tirer d'elle-même toutes les qualités naturelles de l'humanité. Une génération éduque l'autre. On peut chercher le premier commencement dans un état tout à fait inculte, ou dans un état parfait de civilisation. Mais si l'on admet que ce second état fut celui qui exista tout d'abord, il faut aussi admettre que l'homme est par la suite redevenu sauvage et est retombé dans la barbarie. La discipline empêche que l'homme soit détourné de sa destination, celle de l'humanité, par ses penchants animaux. Elle doit par exemple lui imposer des bornes, de telle sorte qu'il ne se précipite pas dans les dangers sauvagement et sans réflexion. La discipline est ainsi simplement négative; c'est l'acte par lequel on dépouille l'homme de son animalité; en revanche l'instruction est la partie positive de l'éducation. [...] L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation. Il n'est que ce que l'éducation fait de lui. Il faut bien remarquer que l'homme n'est éduqué que par des hommes et par des hommes qui ont également été éduqués. C'est pourquoi le manque de discipline et d'instruction que l'on remarque chez quelques hommes fait de ceux-ci de mauvais éducateurs pour leurs élèves. [...] Il n'y a personne qui, ayant été négligé dans sa jeunesse, ne soit capable d'apercevoir dans l'âge mûr en quoi il a été négligé, qu'il s'agisse de la discipline ou de la culture (car on peut nommer ainsi l'instruction). Celui qui n'est pas cultivé est brut, celui qui n'est pas discipliné est sauvage. Le défaut de discipline est un mal bien plus grand que le défaut de culture, car celui-ci peut se réparer plus tard; mais la sauvagerie ne peut plus être chassée et une erreur dans la discipline ne peut être comblée. Il est possible que l'éducation devienne toujours meilleure et que chaque génération, à son tour, fasse un pas de plus vers le perfectionnement de l'humanité; car c'est au fond de l'éducation que gît le grand secret de la perfection de la nature humaine, Dès maintenant on peut marcher en cette voie. Car ce n'est qu'actuellement que l'on commence à juger correctement et à saisir clairement ce qui est véritablement nécessaire à une bonne éducation. C'est une chose enthousiasmante de penser que la nature humaine sera toujours mieux développée par l'éducation et que l'on peut parvenir à donner à cette dernière une forme qui convienne à l'humanité. Ceci nous ouvre une perspective sur une future espèce humaine plus heureuse. C'est un noble idéal que le projet d'une théorie de l'éducation et quand bien même nous ne serions pas en état de le réaliser, il ne saurait être nuisible On ne doit pas tenir l'Idée pour chimérique et la rejeter comme un Ileau rêve, même si des obstacles s'opposent à sa réalisation. Une Idée n'est rien d'autre que le concept d'une perfection, qui ne s'est pas encore rencontrée dans l'expérience. Par exemple l'Idée d'une république parfaite, gouvernée d'après les règles de la justice! Est-elle pour cela impossible? Il suffit d'abord que notre Idée soit correcte pour qu'ensuite elle ne soit pas du tout impossible, en dépit de tous les obstacles qui s'opposent encore à sa réalisation. Si par exemple tout le monde mentait, la franchise serait-elle pour cela une simple chimère? Et l'Idée d'une éducation, qui développe toutes les dispositions naturelles en l'homme, est certes véridique. [...] Il y a beaucoup de germes dans l'humanité et c'est notre tâche que de développer d'une manière proportionnée les dispositions naturelles, que de déployer l'humanité à partir de ses germes, et de faire en sorte que l'homme atteigne sa destination. Les animaux remplissent d'eux-mêmes leur destination, et sans la connaître. Seul l'homme doit chercher à l'atteindre et cela ne peut se faire, s'il ne possède pas un concept de sa destination. Chez l'individu l'accomplissement de la destination de l'homme est même entièrement impossible. Si l'on admet un premier couple réellement cultivé, il faut encore savoir comment il a éduqué ses enfants. Les premiers parents donnent déjà à leurs enfants un exemple; les enfants l'imitent et ainsi se développent quelques dispositions naturelles. Mais toutes ne peuvent être cultivées de la sorte, car le plus souvent ce sont de simples circonstances en lesquelles les enfants voient des exemples. Jadis les hommes n'avaient pas même un concept de la perfection, que la nature humaine peut atteindre. Quant à nous, nous ne sommes même pas encore parvenus à la clarté en ce qui concerne ce concept. Il est à tout le moins certain que des individus, quelque culture qu'ils leur donnent, ne pourront jamais parvenir à ce que leurs élèves atteignent leur destination. C'est l'espèce seule et non les individus qui peut y parvenir. L'éducation est un art, dont la pratique doit être perfectionnée par beaucoup de générations. Chaque génération, instruite des connaissances des précédentes, est toujours plus à même d'établir une éducation qui développe d'une manière finale et proportionnée toutes les dispositions naturelles de l'homme et qui ainsi conduise l'espèce humaine tout entière à sa destination. — La Providence a voulu que l'homme soit obligé de tirer le bien de lui-même et elle lui dit en quelque sorte : « Va dans le monde — ainsi pourrait parler à l'homme le Créateur — je t'ai donné toutes les dispositions au bien. Il t'appartient de les développer et ainsi ton bonheur propre et ton malheur dépendent de toi. « L'homme doit d'abord développer ses dispositions au bien; la Providence ne les a pas mises en lui toutes achevées; ce sont de simples dispositions sans la marque distinctive de la moralité. S'améliorer lui-même, se cultiver lui-même, et s'il est mauvais, développer en lui-même la moralité, c'est là ce que doit faire l'homme. Or quand on y réfléchit mûrement, on voit combien cela est difficile. C'est pourquoi l'éducation est le plus grand et le plus difficile problème qui puisse être proposé à l'homme. En effet les lumières dépendent de l'éducation et à son tour l'éducation dépend des lumières. Aussi bien l'éducation ne peut-elle progresser que pas à pas et un concept exact de la structure de l'éducation ne peut être établi que parce qu'une génération lègue ses expériences et ses connaissances à la suivante et que celle-ci y ajoute à son tour quelque chose et les lègue ainsi augmentées
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« Ill L'homme et l'éducation Il n'y a personne qui, ayant été négligé dans sa jeunesse, ne soit capable d'apercevoir dans l'âge mûr en quoi il a été négligé, qu'il s'agisse de la discipline ou de la culture (car on peut nommer. »

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