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Commentaire hannah Arendt la désobéissance civile

Publié le 05/05/2012

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arendt

dans cet extrait de la désobéissance civile, texte datant de 1972, Hannah Arendt s'interroge sur la caractérisation des actes désobéissance civile et plus précisément sur ce qui différencie celui qui accomplit de tels actes d'un simple délinquant. L'enjeu est ici majeur car si l'on assimile les actes de désobéissance civile à des actes de délinquance, alors cela signifie qu'on considère qu'ils ne valent pas mieux et qu'on les condamne exactement au même titre. hannah Arendtcherche au contraire à nous montrer sur quels fondements de telles actions peuvent être considéré comme légitimeen établissant une distinction rigoureuse entre délinquants et désobéissants, et insistant sur le fait que le désobéissant s'inscrit dans une démarche de respect fondamental du droit bien qu'il cherche à le faire évoluer. Il agit donc dans l'intérêt général, ou du moins il n'agit pas dans son intérêt particulier et c'est pour cette raison qu'il ne dissimule pas ses actes mais cherche au contraire à les rendre visibles.

Dans un premier temps, Arendt met en évidence les conditions dans lesquelles interviennent des actes de désobéissance civile (ligne un à six), puis elle établit un premier critère de distinction du désobéissant et du délinquant : celui de la publicité de l'acte (ligne sept à neuf).elle renforce enfin ces distinctions grâce à un second critère : celui de la défense d'intérêts qui dépassent l'intérêt particulier (ligne 10 à 16).

Avant de commenter les conditions dans lesquelles des individus peuvent décider de s'engager dans des actes de désobéissance civile, on peut se pencher sur l'expression même de\" désobéissance civile\"qui peut sembler tout à fait paradoxal mais qui permet également de mieux cerner la thèse qu'Arendt cherche à défendre. On parle ici de « désobéissance » dans la mesure où les actes de désobéissance civile sortent de la légalité. Il s'agit de désobéir à la loi civile, au droit en place. Si on prend par exemple la liste des actes de citer dans le manifeste des désobéissants,on retrouve un certain nombre d'atteintes aux biens, comme dans le cas des faucheurs d'OGM ou desdits gonfleurs de 4x4 de ville, mais aussi d'autres actions interdites comme l'hébergement de sans-papiers. Pourtant, cette désobéissance est qualifiée de « civile », autrement dit elle ne s'inscrit pas contre les intérêts de la cité, de la communauté politique régie par les lois, mais consiste au contraire dans un acte citoyen. Les désobéissants prétendent en effet jouer un rôle dans la société en suscitant des prises de conscience et en cherchant à infléchir les décisions politiques des gouvernements et du législateur. On voit bien toute la difficulté : comment un acte défiant les lois de la cité peut-il en même temps s'inscrire dans un cadre citoyen ? N'y a-t-il pas des moyens légaux, encadrés par le droit, qui remplissent les mêmes objectifs ? On peut ici penser aux manifestations, aux pétitions, aux grèves, ou encore tout simplement aux élections : ses moyens d'action sont égaux, il permet de faire évoluer la politique de l'État par le choix des représentants ont encore par l'expression du mécontentement qui peut résulter de certaines réformes, pourquoi dès lors faire intervenir des actes illégaux pour remplir le même but ?

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