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Commentaire supplément au voyage de Bougainville

Publié le 30/11/2010

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Diderot est à l'origine de plusieurs ½uvres telles que Les deux amis de Bourbonne, Ceci n'est pas un conte, Madame de la Carlière, ou encore L'entretien d'un père avec ses enfants. Ces textes ont en commun, outre d'avoir été écrit à la même époque, de poser, mais de manières différentes, le problème de l'obéissance aux lois. Doit-on suivre les lois lorsqu'elles sont injustes ? Peut-on impunément les transgresser ? Faut-il renouer avec l'état de nature ? Diderot continue de s'intéresser à ces questions lorsqu'il lit et annote le voyage autour du monde de Bougainville. Ce dernier ayant parcourut les continents il ramène avec lui un tahitien qu'il expose dans les salons. Ainsi, prétextant que Bougainville a omis d'y consigner certaines de ses aventures, Diderot imagine d'étoffer la relation de l'escale tahitienne et écrit le Supplément au voyage de Bougainville. Dans la troisième partie de cette fiction, Orou et l'aumônier s'entretiennent de religion ainsi que de liberté sexuelle. Le tahitien ne peut s'empêcher de donner son avis. Et c'est avec une rhétorique confondante et péremptoire que Orou va démontrer à l'aumônier le non sens de ses lois.      Dans cet extrait Orou construit un discours réfléchi avec des procédés rhétoriques efficaces. Cependant, le personnage qu'incarne le tahitien est peu vraisemblable et cadre mal avec l'image du "sauvage".  L'argumentation de Orou est très méthodique. En effet, il essaye de convaincre son interlocuteur. Son développement est structuré par l'énonciation de sa thèse au début du passage (l1 et l2) "Ces préceptes singuliers, je les trouves opposés à la nature, contraires à la raison", ainsi que par sa conclusion à la fin de l'extrait (l 35et 36) " Crois-moi, vous avez rendu la condition de l'homme pire que celle de l'animal". Afin que le texte soit parfaitement clair, il organise son raisonnement en le divisant en deux parties distinctes qu'il agence en effectuant une répétition ainsi qu'en reprenant sa thèse initiale (l 9) " Contraires à la nature, …" et (l 23) " Contraires à la loi générale des êtres." Sous entendus contraires à la raison. On notera également que ces deux thèses sont suivis d'arguments reliés au texte par des connecteurs logiques (l 9) " parce qu'il …" et (l 23) "en effet" ce qui démontre encore une fois que le texte est structuré et que le tahitien souhaite convaincre son interlocuteur. Cependant, Orou cherche également à persuader l'aumônier par des questions oratoires ainsi qu'en le prenant à témoin (l 12) " ne vois-tu pas …" (l 24) " te parait-il" (l 35) " Crois-moi …". Ce procédé fait appel au destinataire pour qu'il se sente concerné par ce que dit le locuteur, ceci sert à faire pression sur l'interlocuteur pour le persuader. Le fait que le tahitien utilise des questions oratoires met en valeur l'interpellation de l'interlocuteur, du lecteur; on soulignera que derrière ces questions se dissimulent des affirmations. On peut donc affirmer que le discours d'Orou est presque parfait, il utilise deux procédés rhétoriques différents, convaincre et persuader. Par ce biais, il utilise tous les atouts possibles afin que l'aumônier lui concède le fait qu'il ait raison.  Néanmoins, une telle maîtrise de la rhétorique est plus que suspecte et par conséquent le personnage qu'incarne le tahitien devient peu vraisemblable. En effet, comment ce fait-il que celui-ci emploie un lexique européen ? De plus, c'est Orou qui représente ici le savoir. Le texte aboutit à une opposition entre le personnage et l'adjectif dévalorisant qui le désigne : "sauvage". Le schéma ethnographique est renversé. Non seulement ici l'homme à l'état de nature n'est pas inférieur, mais il semble trop bien parler et utiliser les procédés de rhétorique. En effet, le tahitien contrôle les règles de l'éloquence. On peut citer les phrases interminables qui témoignent la maîtrise syntaxique d'Orou par exemple (l 12) " … la chose qui n'a ni sensibilité, ni pensée, ni désir, ni volonté; qu'on quitte, qu'on prend, qu'on garde, qu'on échange sans qu'elle souffre et sans qu'elle se plaigne, avec la chose qui ne s'échange point, qui ne s'acquiert point; qui a liberté, volonté, désir; qui peut se donner ou se refuser …" Des formules longues et très argumentées mais pas très orales…La maîtrise de l'éloquence par le tahitien est un indice de la double énonciation : Orou est une incarnation du philosophe des lumières qu'est Diderot. En effet, Diderot est obligé de passer par une série de filtres car, rappelons le, la première fois qu'il envoie son ouvrage pour qu'il soit publié dans un bulletin bimensuel Correspondance littéraire ce dernier est refusé, il est donc obligé de remanier son texte afin qu'il soit quelque peu moins subversif. Le discours de Diderot est donc tout d'abord ce qu'a omis de dire Bougainville dans son ouvrage. Ensuite c'est par l'intermédiaire de B que Diderot exprime son point de vue. Et enfin c'est par le discours d'Orou que B énonce son raisonnement.  Nous sommes donc en présence d'un discours réfléchi et construit avec des procédés rhétoriques efficaces mais qui malheureusement ne provient pas d'un véritable homme proche de la nature. En effet, le personnage qu'incarne Orou est peu vraisemblable et celui- ci cadre mal avec l'idée que l'on peut se faire d'un "sauvage". Il faut donc seulement y voire le même procédés que chez Voltaire dans l'ingénu : le procédés de l'½il neuf qui consiste à mettre en scène un étranger qui voit l'institution européenne d'un ½il critique.        Le discours d' Orou est un véritable réquisitoire contre la société occidentale. Diderot soumet l'existence de Dieu ainsi que la fidélité amoureuse (et par la même occasion la notion de propriété) à la conscience critique du tahitien.  Au commencement de son développement, le tahitien remet en question l'existence de Dieu. Il répète mots pour mots le postulat précédent de l'aumônier afin de définir les failles de son argumentation. En effet, il reprend chacun des éléments du discours de l'européen pour démontrer que son raisonnement est totalement ridicule. On notera que Orou désigne la partie adverse de telle façon que ce qui a trait aux catholiques est mis à distance. L'emploi de démonstratifs tel que (l 1) " ces préceptes singuliers…" instaure cette mise à distance. De plus l'emploi de l'article défini de notoriété tel que (l 3) " le vieil ouvrier" renforce cette même idée. Dans cette première partie de la longue réplique d'Orou, le présent symbolise l'omniprésence et l'intemporalité du Dieu des catholiques, religion qui apparaît comme immuable (l 5) " qui est partout, et qu'on ne voit nulle part; qui dure aujourd'hui et demain, et qui n'a pas un jour de plus; ". Cette permanente existence de Dieu est mise en dérision tout au long de cette partie du raisonnement. En effet, Orou souligne le paradoxe de l'attitude de Dieu, exprimé par des périphrases ironiques (l 3) " vieil ouvrier qui a tout fait sans tête, sans mains, et sans outils, qui est partout et qu'on ne voit nulle part, …". Le raisonnement du tahitien arrive à son paroxysme aux lignes sept et huit " qui commande et qui n'est pas obéi; qui peut empêcher, et qui n'empêche pas ". Pour Orou croire en Dieu est de l'ordre de la superstition et est donc par conséquent loin d'être raisonnable. Par ce fait, le tahitien reprend sa thèse initiale (l 2) " contraires à la raison ".  Orou, après avoir remis en question l'existence de Dieu, axe son raisonnement sur la notion de fidélité amoureuse. Pour lui, la façon de vivre des européens est (l 1) " opposés à la nature, contraires à la raison ". La fidélité amoureuse est, d'une part, contraire à la nature car un être ne peut appartenir à un autre au nom de la liberté de chacun à disposer de soi (l 9) " ils (les préceptes) supposent qu'un être sentant, pensant et libre, peut être la propriété due un être semblable à lui ". D'autre part, la fidélité est contraire à la raison car le changement, la mouvance, est le propre d'un être (l 23) " rien ne te parait-il plus insensé qu'un précepte qui proscrit le changement qui est en nous, qui commande un constance qui n'y peut-être, et qui viole la liberté du mâle et de la femelle en les enchaînant pour jamais l'un à l'autre ". De plus la nature change (l 31) " un ciel qui n'est pas un instant le même, sous des antres qui menacent ruine; au bas d'une roche qui tombe en poudre; au pied d'un arbre qui se gerce; sur une pierre qui s'ébranle " l'homme faisant parti de la nature, rein ne devrait l'empêcher de changer. Tout son développement est marqué par un rythme pesant qui souligne les relations fortes entre les phrases, par exemple : (l 14) " qu'on quitte, qu'on prend, qu'on garde, qu'on échange ". Ce martèlement marque l'insistance que le tahitien veut faire transparaître afin que de son discours ressorte une certaine sonorité qui soulignerait les failles de la société occidentale. On notera la connotation péjorative de l'appellation de l'homme et de la femme : (l 27) " du mâle et de la femelle " et (l 36) " animal ". Orou montre par ce biais que les principes qui régissent la société occidentale ont rabaissé celle-ci. Ces préceptes sont, selon le tahitien, insensés et insupportables (l 35) "vous avez rendu la condition de l'homme pire que celle de l'animal".  Pour Orou, l'aumônier, ainsi que les occidentaux, sont contraints par le mariage qui est l'un des aspects insensés (selon le tahitien) de la religion.      Diderot se garde bien de dire ce qu'il faut penser ou ne pas penser, dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire. Il s'interroge lui aussi, sur l'origine et les effets des préceptes sur lesquels repose toute la société. Ce qui est pointé du doigt, ce ne sont pas les préceptes en eux-mêmes, mais leur inaptitude à assurer le bonheur de tous. Pour les philosophes du siècle des lumières, l'explication de la création du monde par un Dieu ne va pas de soi. L'exploration des continents par de grands voyageurs permet de lancer le débat, à défaut de répondre à la question. C'est le principe du dialogue philosophique : amener un interlocuteur à réfléchir, à se poser les bonnes questions, et peut être, à y répondre. Le discours philosophique de Diderot se conçoit, dans l'esprit des lumières, comme une éducation du lecteur à la réflexion. Il ne s'agit pas d'affirmer et de construire une théorie ou un modèle sociale, mais de conduire le lecteur à remettre en cause le fonctionnement de la société européenne. Montesquieu semblable à Diderot dans son ½uvre lettres persanes, met en scène deux seigneurs persans qui entreprennent un voyage d'étude en France. Ils entretiennent une correspondance polyphonique avec leurs amis restés à Ispahan. Ils décrivent l'expérience qu'ils ont en France. C'est l'occasion pour Montesquieu de faire une satire de la société française, une critique de l'absurdité du comportement occidental. Il utilise tout comme Voltaire ou Diderot le procédés de l'½il neuf. Montesquieu fait lui aussi parti des philosophes du siècle des lumières, on retrouve dans cette ½uvre les procédés rhétoriques qui visent à inciter le lecteur à se poser des questions, réfléchir par lui-même. 

« Orou désigne la partie adverse de telle façon que ce qui a trait aux catholiques est mis à distance.

L'emploi dedémonstratifs tel que (l 1) " ces préceptes singuliers…" instaure cette mise à distance.

De plus l'emploi del'article défini de notoriété tel que (l 3) " le vieil ouvrier" renforce cette même idée.

Dans cette première partie de lalongue réplique d'Orou, le présent symbolise l'omniprésence et l'intemporalité du Dieu des catholiques, religion quiapparaît comme immuable (l 5) " qui est partout, et qu'on ne voit nulle part; qui dure aujourd'hui et demain, et quin'a pas un jour de plus; ".

Cette permanente existence de Dieu est mise en dérision tout au long de cette partie duraisonnement.

En effet, Orou souligne le paradoxe de l'attitude de Dieu, exprimé par des périphrases ironiques (l 3) "vieil ouvrier qui a tout fait sans tête, sans mains, et sans outils, qui est partout et qu'on ne voit nulle part,…".

Le raisonnement du tahitien arrive à son paroxysme aux lignes sept et huit " qui commande et qui n'estpas obéi; qui peut empêcher, et qui n'empêche pas ".

Pour Orou croire en Dieu est de l'ordre de la superstition etest donc par conséquent loin d'être raisonnable.

Par ce fait, le tahitien reprend sa thèse initiale (l 2) " contraires àla raison ".Orou, après avoir remis en question l'existence de Dieu, axe son raisonnement sur la notion de fidélité amoureuse.Pour lui, la façon de vivre des européens est (l 1) " opposés à la nature, contraires à la raison ".

La fidélitéamoureuse est, d'une part, contraire à la nature car un être ne peut appartenir à un autre au nom de la liberté dechacun à disposer de soi (l 9) " ils (les préceptes) supposent qu'un être sentant, pensant et libre, peut être lapropriété due un être semblable à lui ".

D'autre part, la fidélité est contraire à la raison car le changement, lamouvance, est le propre d'un être (l 23) " rien ne te parait-il plus insensé qu'un précepte qui proscrit le changementqui est en nous, qui commande un constance qui n'y peut-être, et qui viole la liberté du mâle et de la femelle en lesenchaînant pour jamais l'un à l'autre ".

De plus la nature change (l 31) " un ciel qui n'est pas un instant le même,sous des antres qui menacent ruine; au bas d'une roche qui tombe en poudre; au pied d'un arbre qui se gerce; surune pierre qui s'ébranle " l'homme faisant parti de la nature, rein ne devrait l'empêcher de changer.

Tout sondéveloppement est marqué par un rythme pesant qui souligne les relations fortes entre les phrases, par exemple : (l14) " qu'on quitte, qu'on prend, qu'on garde, qu'on échange ".

Ce martèlement marque l'insistance que le tahitienveut faire transparaître afin que de son discours ressorte une certaine sonorité qui soulignerait les failles de lasociété occidentale.

On notera la connotation péjorative de l'appellation de l'homme et de la femme : (l 27) " dumâle et de la femelle " et (l 36) " animal ".

Orou montre par ce biais que les principes qui régissent la sociétéoccidentale ont rabaissé celle-ci.

Ces préceptes sont, selon le tahitien, insensés et insupportables (l 35) "vous avezrendu la condition de l'homme pire que celle de l'animal".Pour Orou, l'aumônier, ainsi que les occidentaux, sont contraints par le mariage qui est l'un des aspects insensés(selon le tahitien) de la religion. Diderot se garde bien de dire ce qu'il faut penser ou ne pas penser, dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire.

Ils'interroge lui aussi, sur l'origine et les effets des préceptes sur lesquels repose toute la société.

Ce qui est pointédu doigt, ce ne sont pas les préceptes en eux-mêmes, mais leur inaptitude à assurer le bonheur de tous.

Pour lesphilosophes du siècle des lumières, l'explication de la création du monde par un Dieu ne va pas de soi.

L'explorationdes continents par de grands voyageurs permet de lancer le débat, à défaut de répondre à la question.

C'est leprincipe du dialogue philosophique : amener un interlocuteur à réfléchir, à se poser les bonnes questions, et peutêtre, à y répondre.

Le discours philosophique de Diderot se conçoit, dans l'esprit des lumières, comme une éducationdu lecteur à la réflexion.

Il ne s'agit pas d'affirmer et de construire une théorie ou un modèle sociale, mais deconduire le lecteur à remettre en cause le fonctionnement de la société européenne.

Montesquieu semblable àDiderot dans son ½uvre lettres persanes, met en scène deux seigneurs persans qui entreprennent un voyaged'étude en France.

Ils entretiennent une correspondance polyphonique avec leurs amis restés à Ispahan.

Ilsdécrivent l'expérience qu'ils ont en France.

C'est l'occasion pour Montesquieu de faire une satire de la sociétéfrançaise, une critique de l'absurdité du comportement occidental.

Il utilise tout comme Voltaire ou Diderot leprocédés de l'½il neuf.

Montesquieu fait lui aussi parti des philosophes du siècle des lumières, on retrouve danscette ½uvre les procédés rhétoriques qui visent à inciter le lecteur à se poser des questions, réfléchir par lui-même. Sujet désiré en échange : Zola écrit qu'il aurait voulu aplatir le monde d'un coup de [sa] plume, en forgeant des fictions utiles.

Pensez-vousque la littérature, en particulier sous la forme de l'apologue, ait le pouvoir d'intervenir sur le monde et sur lesconsciences pour les transformer, à l'image du forgeron ?. »

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