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"Du Contrat Social", Rousseau : Présentation Et Chapitres I À IV

Publié le 05/12/2010

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rousseau

L’enjeu du contrat social : à quelles conditions un pouvoir peut-il être légitime, ou comment les hommes peuvent-ils être associés sans être dépendants les uns des autres ?

 

Lien avec le second discours : l’homme est né libre, et partout il est dans les fers => décalage entre la nature de l’homme qui le destinait à la liberté et son histoire qu’il a voué à la servitude. L’Histoire est pensée par Rousseau comme une dénaturation, une perte de la nature. Dans le second discours, Rousseau entreprend une enquête sur les causes de l’inégalité : la recherche de Rousseau n’est pas historique => statut hypothétique de l’état de nature : cet état n’existe pas actuellement, n’existera sans doute jamais, et n’a peut-être jamais existé. L’état de nature est une hypothèse destinée à rendre compte ce que l’entrée en société a fait perdre et a fait gagner à l’homme. L’homme naturel vit dans un état de tranquillité, dans la mesure où il n’a que des besoins auxquels la nature pourvoit. L’état de nature est un état d’indépendance absolue : les hommes ne dépendent pas les uns des autres, car ils se croisent sans jamais se rencontrer. L’homme naturel est un individu amoral, qui est marqué par trois principes : l’amour de soi (pour la survie), la pitié (pour autrui), la perfectibilité (pour le progrès) => opposition à Hobbes qui pense l’état de nature selon trois principes : droit absolu de chacun toute chose (absence de toute règle), mimétisme du désir (chacun désire ce que l’autre convoite), la peur de la mort violente. Chez Rousseau, ça n’est que par hasard que les hommes sont sortis de l’état de nature, alors que chez Hobbes, les hommes ont tout fait pour sortir de cet état en se défaisant de leur droit absolu à toute chose au profit d’un instance tierce : le Léviathan, ou Etat suprême totalitaire.

Le contrat social a permis à Rousseau de rédiger deux projets de constitution politique ; pour autant, la démocratie restera toujours pour Rousseau un idéal inaccessible. Dans le contrat social, Rousseau définit les conditions de légitimité d’un pouvoir qui ne sera sans doute jamais institué. Le contrat social va fonctionner comme norme idéale à partir de laquelle on pourra juger de la valeur ou de la défaillance des régimes institués par les hommes.

 

Dans le Livre I : Rousseau examine quels sont les fondements de la légitimité du pouvoir. Il enquête tout d’abord sur des formes d’autorité qui seraient fondées sur des différences naturelles entre les hommes (père/fils ; esclavage naturel ; différence de force). Au terme de cette première enquête (chapitres 1, 2 et 3), Rousseau démontre que le seul pouvoir légitime possible est nécessairement conventionnel ou artificiel. Il démontre alors qu’une convention légitime est une convention dans laquelle chacun reçoit autant qu’il donne => exclusion d’une convention qui entraine la domination de l’un sur l’autre (chapitre 4). Il va montrer à partir de là qu’il faut toujours remonter à une première convention, c’est-à-dire que la légitimité du pouvoir dépend de la première convention par laquelle les individus dispersés sont devenus un peuple (chapitres 5 et 6). Rousseau décrit ensuite le contenu du pacte social initial et donc le fondement de la légitimité du pouvoir (chapitres 6, 7 et 8).

 

Chapitre premier

 

La nature de l’homme est d’être libre, et pourtant il y a des maîtres et des esclaves => critique classique de la position du maître : la maîtrise comme prestige illusoire ; celui qui est le maître risque à tout moment d’être renversé. Pour Platon, le tyran est le plus malheureux des hommes, car il croit faire tout ce qu’il veut et il ne fait en réalité que ce qui lui plait. Le tyran est tyrannisé par ses désirs => il est passif là où il se croit tout puissant.

Rousseau ignore la manière dont cela s’est produit dans l’Histoire, mais il pense apporter une réponse à la question de savoir comment faire pour fonder un ordre social légitime.

Si la seule force fonde le pouvoir, alors tout ce qui arrivera c’est le renversement permanent : le peuple est à tout moment légitimé à reprendre le pouvoir => légitimation de la révolution. La force ne peut donc fonder aucun droit légitime.

C’est un droit de tout homme que d’appartenir à une société stable => paix comme harmonie entre les hommes.

C’est donc qu’il y a des conventions sur lesquelles le pouvoir est fondé : quelles sont-elles ?

 

Chapitre II

 

=> Réflexion sur le pouvoir familial : peut-on dans la nature fonder un pouvoir légitime ? Rousseau commence par la famille car c’est le lien le plus ancien entre les hommes.

L’autorité paternelle est éphémère et ne dure donc pas comme autorité naturelle. Après la fin de la dépendance des enfants envers le père, la relation à la famille devient conventionnelle et se dissout donc comme autorité naturelle.

Critique du despotisme, et en particulier du fondement que le modèle familial pouvait donner à l’autorité politique. Dans l’Histoire, les pouvoirs qui ont utilisé la métaphore du père pour désigner le chef étaient des pouvoirs despotiques.

Dès que les enfants n’ont plus besoin du père, chacun retourne à l’indépendance, car la liberté est la nature de l’homme.

Rousseau concède que la famille est le premier exemple d’une société politique, mais le modèle familial n’est pas un principe du modèle politique, car ce que le chef de l’Etat aime, ce n’est pas son peuple, c’est le pouvoir.

Un pouvoir légitime ne peut donc pas être fondé sur le modèle familial.

=> Réflexion sur l’esclavage naturel : y a-t-il des hommes nés pour la servitude, et d’autres nés pour l’esclavage ?

Opposition à Grotius : celui-ci prétend qu’un gouvernement n’est pas fait pour être favorable aux gouvernés (exemple des esclaves maltraités par leurs maîtres). Mais Rousseau critique Grotius surtout quant à son raisonnement : celui-là reproche en effet à celui-ci de faire de cas particuliers une généralité => un fait ne peut pas prouver une règle générale. Rousseau accuse Grotius de justifier la tyrannie et l’esclavage, bien qu’en raisonnant mal.

Rousseau veut montrer que si l’on justifie l’esclavage, on aboutit à une division de l’espèce humaine : ou bien tout le genre humain est possédé par quelques centaines d’hommes, ou bien quelques centaines d’hommes sont surhumains par rapport au genre humain => justifier l’esclavage c’est donc considérer le genre humain comme un troupeau => animalisation de l’espèce humaine.

Rousseau prétend que tous les penseurs du despotisme divisent l’humanité, car ils en viennent nécessairement à ruiner le principe d’égalité entre les hommes.

Rousseau critique Aristote qui pense que c’est la nature d’esclave qui engendre une existence d’esclave. Pour Rousseau, c’est le fait d’exister comme un esclave qui provoque une nature d’esclave : à force de vivre dans l’esclavage, on n’a même plus conscience de la liberté. Naître dans l’esclavage, c’est subir l’esclavage. Celui-ci dénature l’individu au point qu’il oublie jusqu’à l’idée de s’en sortir. Etre esclave est donc une perversion de la nature de l’homme, qui est d’être libre.

Rousseau utilise l’ironie pour dénoncer l’absurdité de la séparation des hommes entre maîtres et esclaves, rois et sujets. Il n’y a pas dans la nature une répartition des titres d’une noblesse humaine.

 

Chapitre III

 

=> Réflexion sur l’inégalité fondée sur la force : les plus puissants ont-ils le droit de commander les plus faibles ?

Rousseau montre qu’il n’y a aucune raison légitime pour laquelle les plus forts commandent aux plus faibles.

Rousseau montre l’absence de durée de la force. La force ne suffit donc pas à assurer la pérennité d’un pouvoir : fragilité paradoxale de la force. Pour conjurer cette menace de disparition, le plus fort invente la métamorphose de la force en droit => le droit du plus fort est la pérennisation de la force (exemple du culte de la personnalité dans les régimes totalitaires). Dans les faits, le droit du plus fort fonctionne. Rousseau insiste alors sur le fait que le droit du plus fort n’est qu’une expression absurde et vide de sens. En effet, on ne cesse d’invoquer le droit du plus fort, mais cette expression n’a pas de sens : la force n’est que purement matérielle et physique, alors que le droit n’est que purement moral et spirituel => on ne peut donc les associer. La réduction de la force au domaine matériel permet à Rousseau de prouver que celle-ci ne peut avoir aucune incidence sur le domaine moral. Rousseau montre ensuite que l’obéissance à la force ne relève que de la contrainte, et non de l’obligation. Pour être obligé, il faut être libre ; or la force contraint et on n’est donc pas libre devant elle ; la force n’a donc aucune conséquence morale, et donc pas de droit.

Rousseau reprend alors la démonstration en procédant à une démonstration par l’absurde : il prend l’hypothèse contraire et montre qu’elle est en contradiction avec elle-même. Rousseau concède donc provisoirement l’hypothèse d’un droit du plus fort. Mais si la force fait le droit, la force initiale risque à tout moment de rencontrer une force supérieure qui fondera un nouveau droit annulant le droit initial. Le droit du plus fort qui avait été inventé pour conserver la force aboutit en fait à la variabilité infinie du droit => chaos. Un droit qui périt quand la force cesse n’est pas un droit et n’est donc pas légitime. Le mot de droit n’ajoute donc rien à la force et l’expression « droit du plus fort « est en conséquence absurde.

Rousseau démontre une troisième fois que l’expression « droit du plus fort « est vide de sens en établissant une application pratique du droit du plus fort. Rousseau montre qu’on est en situation de passivité devant la force : que faire d’autre devant la force à part obéir ? Rousseau montre alors qu’on a le droit absolu d’essayer de désobéir devant quelque force que ce soit. Absurdité donc du droit du plus fort : il faudrait se sentir moralement obligé d’obéir alors que l’on a la capacité physique de désobéir.

 

Chapitre IV

 

Rousseau passe à l’analyse des autorités conventionnelles et traite ici particulièrement de l’esclavage.

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