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Dualisme/monisme

Publié le 22/02/2012

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L'opposition dualisme/monisme trouve sa plus importante conséquence concrète dans la question de la connaissance empirique du psychisme. La vie psychique est-elle essentiellement le résultat de la volonté libre et consciente du sujet — comme le pense Descartes et Sartre —, ou le résultat de forces inconscientes ? Le déterminisme psychologique, qui affirme que le psychisme n'échappe pas au déterminisme naturel, ouvre de nouvelles voies de recherche à la « psychologie », comprise au sens de la compréhension de la vie intérieure du sujet. La recherche des causes cachées qui agissent sur le psychisme en dehors de la volonté consciente fait l'objet de nombreuses études philosophiques et scientifiques. On peut à ce titre associer des auteurs aussi différents que Marx, Nietzsche et Freud, car ils ont en commun de décrire des sujets cachés de la pensée. Selon ces auteurs, la pensée est essentiellement un produit de notre désir. L'intérêt de classe selon Marx, l'instinct vital selon Nietzsche, la conciliation entre nos pulsions sexuelles et les exigences de la vie sociale selon Freud, se cachent toujours derrière nos croyances et nos raisonnements. En dévoilant le désir égoïste de satisfaction caché derrière la prétention du sujet à penser de façon libre, rationnelle et désintéressée, ces auteurs ont en commun de frapper toute construction théorique de suspicion. Ces hypothèses, au même titre que celles des neurosciences, ont le mérite de nous rendre plus lucides sur certaines de nos illusions et sur les limites véritables de notre liberté. Ce faisant, elles ont pour conséquence paradoxale de nous rendre plus libres, comme en témoigne l'exemple de la psychanalyse, qui explore un monde caché (l'inconscient) pour nous donner les moyens, jusqu'à un certain point, de le comprendre, et donc de ne pas être entièrement esclaves de ses exigences. Ce qui montre qu'on ne se débarrasse pas si facilement de la liberté, et donc du sujet conscient comme fondement de la pensée. D'où la légitimité de la tentative de penser une conciliation entre la croyance en la force de l'esprit, d'une part, et le constat des conditionnements objectifs auxquels il est soumis, d'autre part. Hegel, au xixe siècle, et la phénoménologie, au xx` siècle, cherchent à penser cette conciliation. La liberté du sujet de la conscience n'est pas à comprendre indépendamment de son inscription dans un monde de contraintes et de conditions matérielles, mais au contraire comme activité de confrontation de la pensée à ce qui n'est pas elle, à ce qui lui est étranger et qui lui résiste. Cette activité de pro-jection de la conscience dans des objets (incarnation dans un corps, inscription dans une trame temporelle, intersubjectivité), projection sans laquelle la conscience ne s'apparaîtrait pas à elle-même et resterait une pure potentialité vide, est ce que la phénoménologie nomme l'intentionnalité de la conscience.

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