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Duras, l'Amant (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Duras, l'Amant (extrait). Avec l'Amant (1984), Marguerite Duras inaugure l'emploi du « je « dans son oeuvre. Elle se présente comme la jeune fille qui a eu, dans les années 1930, à Saïgon, un riche amant chinois, au mépris de toutes les conventions sociales. La force de cette confession chez une femme dont la réputation d'intellectuelle était pour le grand public synonyme de distanciation, la spontanéité de l'écriture et le cadre exotique de l'histoire d'amour expliquent le succès immédiat du livre qui marque aussi un véritable tournant dans l'écriture de Marguerite Duras. Avant de revenir aux premières années de sa vie un an avant sa disparition avec Enfance (1995), elle évoque dans l'Amant l'Indochine de son adolescence, pour dire aussi bien le paroxysme de la jouissance, la douleur de la mort que la force de l'amour dans le dit et le non-dit. L'Amant de Marguerite Duras (extrait) C'est arrivé très vite ce jour-là, un jeudi. Il est venu tous les jours la chercher au lycée pour la ramener à la pension. Et puis une fois il est venu un jeudi après-midi à la pension. Il l'a emmenée dans l'automobile noire. C'est à Cholon. C'est à l'opposé des boulevards qui relient la ville chinoise au centre de Saïgon, ces grandes voies à l'américaine sillonnées par les tramways, les pousse-pousse, les cars. C'est tôt dans l'après-midi. Elle a échappé à la promenade obligatoire des jeunes filles du pensionnat. C'est un compartiment au sud de la ville. L'endroit est moderne, meublé à la va-vite dirait-on, avec des meubles de principe modern style. Il dit : « Je n'ai pas choisi les meubles «. Il fait sombre dans le studio, elle ne demande pas qu'il ouvre les persiennes. Elle est sans sentiment très défini, sans haine, sans répugnance non plus, alors est-ce sans doute là déjà du désir. Elle en est ignorante. Elle a consenti à venir dès qu'il le lui a demandé la veille au soir. Elle est là où il faut qu'elle soit, déplacée là. Elle éprouve une légère peur. Il semblerait en effet que cela doive correspondre non seulement à ce qu'elle attend, mais à ce qui devrait arriver précisément dans son cas à elle. Elle est très attentive à l'extérieur des choses, à la lumière, au vacarme de la ville dans laquelle la chambre est immergée. Lui, il tremble. Il la regarde tout d'abord comme s'il attendait qu'elle parle, mais elle ne parle pas. Alors il ne bouge pas non plus, il ne la déshabille pas, il dit qu'il l'aime comme un fou, il le dit tout bas. Puis il se tait. Source : Duras (Marguerite), l'Amant, Paris, Éditions de Minuit, 1984. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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