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Etude d’un document : discours du Jacques Chirac

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

discours

                               Etude d’un document : discours du général de Gaulle du 16 Juillet 1995

 

1) Ce document est un extrait d’une allocution de Jacques Chirac. Ce discours fût prononcé le 16 Juillet 1995 lors des cérémonies commémorant le 53ème anniversaire de la grande rafle des juifs des 16 et 17 Juillet 1942. A cette date, Jacques Chirac est le 22ème président de la République française depuis trois mois. Il est donc dans la période qu’on appelle « l’état de grâce » ce qui renforce la portée de son discours.

 Par conséquent, la parole présidentielle a beaucoup de poids du fait d’une part que le président de la République ait énormément de pouvoir et d’une autre part du fait que cette parole soit rare,  ce discours a donc beaucoup d’ampleur.

La date choisie par Jacques Chirac est très importante, en effet le 16 Juillet, est le jour même de la rafle du Vélodrome d’hiver . C’est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale.  Cette rafle a été organisée par la police française mobilisée par le régime de Vichy. Ce discours est le premier d’un homme d’Etat à reconnaître la responsabilité de l’Etat français.

 

2-) Dans son discours Jacques Chirac reconnaît officiellement et pour la première fois l’implication du régime de Vichy dans la déportation des juifs. Mais pas seulement il reconnaît également que l’Etat français a  été impliqué dans cette rafle : « l’occupant a été secondé par des français ».

 Ainsi cette allocution est une rupture puisqu’elle  met fin au Gaullisme et à l’idéalisation des résistants.  En effet, pour réconcilier les français, l’Etat considérait que une majorité des français avaient été résistants, et que le régime de Vichy était seul responsable de la collaboration, des  crimes contre l’humanité et bien sûr des déportations commis sur son sol.

Cette pensée sur les événements de la Seconde guerre mondiale avait été mise en place dès la libération de Paris en Août 1944 par le Général de Gaulle. Or dans son discours  Jacques Chirac remet en cause cette idée, il veut montrer la réalité au français, mettre la France en face de son Histoire et ne plus cacher tous ces évènements tragiques. Dans son discours il reconnaît à la fois les crimes de l’Etat français mais également que si toute la France n’a pas été résistante , elle n’était pas non plus collaboratrice.

Et plus généralement tous les prédécesseurs de Jacques Chirac ne reconnaissaient pas l’implication de l’Etat français.

Jacques Chirac a donc souhaité créer une réelle rupture avec  les idées soutenues par le passé.

 

3-) Cette rupture a été possible grâce au temps écoulé depuis l’événement  et aussi à l’évolution de la mémoire.

Après plus de 50 années passées , et donc deux générations, il a été plus facile à Jacques Chirac de s’adresser à un public qui n’avait pas forcément vêcu l’événement pour dire la vérité sur la réalité de l’histoire.

 De plus la mémoire de ces atrocités est toujours restée et  a pu être de plus en plus exprimer  avec des témoignages sur les difficiles conditions des juifs durant la seconde guerre mondiale. Cette expression a été renforcée par la littérature et les films qui ont également permis de prendre conscience de l’atrocité de l’histoire.

On peut citer par exemple  Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, les images sont très dures, néanmoins elles permettent de se rendre compte du système concentrationnaire allemand. En littérature, on peut prendre l’ exemple de feuillets d’Hypnos de René Char. En effet ce poète était un résistant et s’est servi de la poésie pour  décrire les conditions de vie difficiles pendant la seconde guerre mondiale, ses mots sont très forts, et nous permettent de se rendre compte de la difficile condition de la population française pendant la seconde guerre mondiale.   Afin de faire vivre cette histoire, Jacques Chirac nous parle de « mémoire », « souvenir » autant de termes qui sont récurrents dans tous son discours.

 

4) Dans le dernier paragraphe de Jacques Chirac, on retrouve beaucoup d’éléments qui étaient présents  dans le discours du général de Gaulle à la libération de Paris.  On retrouve tout d’abord l’idée d’une « unité nationale » comme l’a dit le général de Gaulle en 1944, des mots comme : « une, indivisible » confirme cette idée d’unité.

Ensuite dans cette allocution on retrouve l’idée et l’objectif du Général de Gaulle, qui été de faire oublier le régime de Vichy et d’affirmer la continuité Républicaine.  Vichy n’est en effet pas la France, Vichy n’est qu’une parenthèse, la « vraie France » se situe à Londres ou dans les maquis.  Dans l’esprit du Général de Gaulle la République a continué d’exister, d’ailleurs il ne la proclame même pas au moment de libérer Paris.

 En 1995, la pensée de Jacques Chirac est la même, cette république doit continuer, elle est présente dans les termes utilisés par Jacques Chirac : «  idée de la France droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie […] les valeurs humanistes, les valeurs de liberté, de justice, de tolérance… ».

Enfin dans le discours de Jacques Chirac, on retrouve le 3ème objectif du Général de Gaulle qui était de  célébrer les  résistants et leur rôle dans la victoire, « les français libres ».

Finalement même si le discours de Jacques Chirac, apporte une façon de pensée différente , il  essaye de se rapprocher de l’histoire de la seconde guerre mondiale, le président de la République reste encore très proche des idées de ses prédécesseurs .

 

5) Je pense que ce discours a eu un tel retentissement, tout d’abord car c’est le président de la République française qui le réalise alors qu’il remet en cause l’Etat français. Il le fait en plus au tout début de son septennat ce qui lui donne encore plus de poids.

Ensuite je pense que la date est bien choisie puisque c’est justement le jour des cérémonies  et le jour du triste de l’anniversaire de cette rafle.

 Ce discours intervient également en pleine prise de conscience du génocide juif. En effet dix ans auparavant, Claude Lanzmann sorti son film Shoah, signifiant désastre en hébreu. En plein souvenir, en pleine découverte des chiffres, c’est à dire du nombre de morts juifs, déportés… ce discours prends encore plus d’ampleur.

Enfin,  ce discours surprend car c’est la première fois que la complicité de l’Etat français avec les occupants est reconnue. 

 

 

 

 

 

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