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Explication de texte Livre I chapitre I Du Contrat Social Rousseau

Publié le 25/03/2011

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Explication de texte : Du Contrat Social de Rousseau

 

 

 

Du Contrat Social a été écrit par Rousseau en 1762. Le chapitre 1 du livre I annonce le sujet de ce livre premier, comme le montre explicitement le titre « Sujet de ce premier Livre ». Rousseau évoque la domination sociale, la désobéissance ainsi que la liberté qui est une protestation contre l’inacceptable. Faisant face à l’oppression, la désobéissance doit accepter d’avoir recours à un droit du choix. Or, elle affirme des valeurs et une limite à la liberté. Elle ne peut donc s’accommoder d’un droit qui est justement le non franchissement de ces limites et la négation de ces valeurs.

Ici se pose un problème conceptuel : la désobéissance peut elle se justifier d’un droit ?

Dans un premier temps, nous verrons que la désobéissance suppose un droit : lutte pour la liberté. Puis, dans une deuxième partie, nous montrerons que rien ne légitime la désobéissance.

 

 

La désobéissance est une protestation contre l’inacceptable. Au sens premier, désobéir c’est faire volte-face. L’homme qui désobéit c’est l’homme qui dit non. Il a le sentiment d’être dans un droit devant une situation qu’il estime inacceptable. La désobéissance affirme un refus qui n’est pas seulement valable pour soi, mais pour tous les hommes. Elle exprime la dignité de l’homme.

 

La désobéissance suppose un droit. En face du « désobéissant », il y a un oppresseur.

On peut désobéir non seulement parce qu’on est opprimé, mais aussi parce qu’on ne supporte pas le spectacle de l’oppression.

Ainsi, forcément, un rapport de force s’engage, et l’exigence de liberté peut entraîner « la mort de l’oppresseur ». A la ligne 1, on retrouve une opposition entre la liberté et son contraire avec « né libre » et « dans les fers ». La liberté est en quelque sorte perdue, tout comme le montre Rousseau lorsqu'il dit « le maître des autres », c'est à dire un chef qui domine le peuple mais qui n'est pas sûr « il se croit ». On a ici une critique de l'auteur sur la politique, le pouvoir absolu.

 

Au cours de l’Histoire, la désobéissance a manifesté le refus des conditions inacceptables dans lesquelles vivaient les hommes. Dans l'Antiquité, Spartacus, gladiateur, a désobéit en se révoltant contre sa condition d’esclave et entraîna avec lui, en quelques mois, plus de 70 000 hommes. Leur juste désobéissance, sous forme de révolte eut pour conséquence nécessaire des droits consécutifs. Cette révolte est mise en marche pour reconquérir la liberté car le pouvoir n'a souvent pas de légitimité « recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou l'on ne l'était point à la lui ôter »

 

Cependant, droit et désobéissance sont contradictoires. En effet, d'un point de vue logique, en désobéissant, l’homme affirme en quelque sorte des valeurs pour tous les hommes. Or, il suffit qu’un seul soit lésé, fût il le maître et le monde est en quelque sorte, coupé en 2. Le désobéissant voulait affirmer l’identité de tous les hommes, et par un droit, il consacre la différence.

 

La désobéissance refuse la liberté totale. Le désobéissant, parce qu’il se dresse contre « l’oppresseur », lutte pour la vie, contre la terreur et la servitude, mais ce qui importe n'est pas la liberté, puisqu'elle n'a que de sens juridiquement et politiquement. C’est justement pour cela qu’il ne peut que refuser la liberté totale qui ne permet pas le droit.

 

La révolution et ses conséquences marquent la fin de la désobéissance, puisqu'elle est bien sûr l’expression réelle d’une volonté de libération. Cependant, elle va conduire très souvent à la terreur, au nom même du droit. En fait, ici, la révolution nie la désobéissance parce que, au nom d’un idéal, qu’elle veut imposer à tous, elle ne connaît plus de limites : comment pourrait elle se réclamer d’un droit qui lui même fixe les limites ?

 

 

C’est parce que la désobéissance se dresse contre l’oppression, qu’elle rencontre nécessairement le droit. Désobéir, c’est donc accepter la possibilité de discuter d’un droit. Mais, la désobéissance exige la mesure, qui fixe ou non des limites à la liberté fondée sur des conventions de droits. En conséquence, elle ne peut accepter que le droit soit érigé en principe, même si l’idéal révolutionnaire le prône afin d’instaurer un ordre nouveau.

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