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EXPLICATION DE TEXTE DE J.J. ROUSSEAU (Du contrat social, ch 8, Livre I)

Publié le 04/12/2011

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     Pourquoi vivre en société, plutôt qu'à l'état de nature? Pourquoi l'homme a-t-il préféré une vie faite de contraintes à une vie qui pourrait nous sembler pleinement libre ?  C'est à ces questions que le texte qui nous est donné à commenter répond. En effet, cet extrait du Contrat social de J.J. Rousseau, traite du passage de l'état de nature à la vie en société. La thèse de l'auteur est simple : ce passage se fait par intérêt. Autrement dit, le contrat social qui fonde tout corps politique repose sur un calcul fait par un individu soupesant ses avantages.  Le texte se divise en trois parties. La première (du début du texte jusqu'à « ... penchants «, ligne 7) détaille les effets sur l'individu de ce passage. La deuxième partie (ligne 7 jusqu'à la ligne 13) fait le bilan de ce passage et en souligne l'aspect positif. La troisième partie constituée du reste du texte tente de clarifier le bilan en mettant en balance ce que l'individu perd et ce qu'il gagne.

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« que l'on devinent certainement un peu bestiaux!La troisième phrase du texte souligne tout de même que l'homme en entrant dans la société va perdre certains «avantages » (sur lesquels le texte reviendra plus tard) naturels.

Reste que cette perte est tout de suite mise enperspective avec les avantages acquis par cette nouvelle condition qui, eux, sont immédiatement détaillés.

Ainsi, les« facultés s'exercent et se développent, ses idées s'étendent...

».

On peut, effectivement, penser que la vie ensociété est intellectuellement plus stimulante que la vie sauvage.

Comme le faisait remarquer E.

Kant, c'est dans lasociété que naissent les conflits et que la résolution de ceux-ci développent nos « facultés ».

Nos « sentimentss'ennoblissent » et même notre « âme tout entière s'élève ».

Ici, l'auteur devient même lyrique au moment desouligner les progrès moraux que l'homme fait.

On peut, ici également, supposer avec Kant que la vie en sociétéoblige à prendre en compte autrui et que les conflits que nous rencontrons font progresser notre attention à l'autre;ce qui est une façon d'ennoblir nos sentiments et de prendre un peu de hauteur (« notre âme tout entière s'élève »)par rapport à nos instincts bestiaux!Bref, l'homme devrait « bénir » ce passage qui substitue à un « animal stupide et borné » un « être intelligent et unhomme ».

La fin du paragraphe est donc très claire : le passage de l'état de nature à l'état civil est une rupture.

Ilse produit alors un changement de nature et pas seulement de degré (nous y reviendrons en deuxième partie): unhomme naît! L'instant est heureux, donc.

A une restriction près et elle est de taille: « souvent » les abus de cettenouvelle condition dégradent l'homme au-dessous de la condition dont il est sorti.

Cela signifie que « souvent » (etl'adverbe est capital) l'homme devient pire que le sauvage qu'il était.

De quels abus parle Rousseau? On peutsupposer qu'il s'agit de tous les vices de nos sociétés et l'on sait que Rousseau était fort sévère avec ceux de sontemps.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il choisira d'éduquer « Emile » à la campagne plutôt qu'en ville, les vicesy étant moins nombreux (convoitise, luxure, goût du paraître...etc).

De là vient d'ailleurs le contresens quebeaucoup ont fait sur la philosophie de J.J.Rousseau.

Ceux-là ont cru y lire une apologie de la vie à l'état de nature(à commencer par Voltaire qui, dans une lettre célèbre à l'auteur, déclara qu'il n'avait plus l'âge de « marcher àquatre pattes », en référence à l'état de nature où il croyait que Rousseau nous invitait).

Mais l'adverbe « souvent» ne signifie pas « toujours » et c'est bien parce que l'auteur a l'espoir que ce passage à l'état civil soit « heureux »qu'il écrit son contrat social.

A quoi bon écrire un livre de philosophie politique si le but est de retourner « marcher àquatre pattes »?La troisième partie du texte est une clarification des avantages et des inconvénients à quitter l'état de nature.L'auteur résume la chose à une « balance » où l'on va peser et soupeser ce que l'on perd et ce que l'on gagne.

Anoter que c'est donc bien par intérêt que l'on devient moral chez Rousseau.

Le passage est donc sanctionné par un« contrat social ».

De quoi s'agit-il? On peut supposer qu'il s'agit d'un engagement que le sauvage prend à secomporter selon des règles et pas selon ses « appétits ».Ce que perd l'homme, c'est sa « liberté naturelle » quiconsiste à faire ce qu'il veut et donc à prendre par la force tout ce qu'il peut « atteindre ».

Il gagne, en revanche,une autre liberté, « civile », celle-là, ainsi que « la propriété de tout ce qu'il possède » (nous reviendrons enseconde partie sur ce qui ressemble à une légalisation de biens mal acquis).

Il s'agit bien , nous dit l'auteur, d'une «compensation ».

Là encore, il faut bien souligner que ce n'est pas par bonté d'âme ou élan du cœur fraternelque l'homme contracte, mais bien par un calcul extrêmement intéressé!! En somme, la « liberté naturelle » ne vautpas la « liberté civile » et la « possession » ne vaut pas la « propriété ».

Ce qui fait la différence entre les deuxlibertés, c'est le concept de « volonté générale ».

Le texte ne dit rien à son sujet, on ne peut donc que supposerqu'elle rend la liberté civile plus importante que la liberté naturelle.

Cette dernière est limitée par les forces del'individu, nous dit Rousseau.

Pourquoi échanger cette liberté si l'on est très fort? Peut-être parce que l'on n'estjamais sûr d'être le plus fort.

On peut cependant penser que tant que le sauvage estimait qu'il était très fort iln'avait aucun besoin de « signer » (pas sûr du tout qu'il fut signé) le contrat social.

Ce dernier est donc le résultatd'un sentiment de faiblesse de la part du sauvage qui, alors, est prêt à l'échanger contre une liberté soumise, elle, àla « volonté générale ».

On peut donc supposer que celle-ci représente celle de tous les citoyens (celle qui veut le« bien de tous » précisera Rousseau ailleurs dans son livre et qui ne se confond donc pas avec la volonté majoritairequi pourrait, parfois, ne pas vouloir le « bien de tous »).

L'échange est bon, dit l'auteur.

De même que celui quiconsiste à troquer la possession qui repose sur « la force ou le droit du premier occupant » contre la propriété quirepose, elle, sur un « titre positif », autrement dit, un acte de propriété.

Il semble donc que , là encore, la « force »du sauvage, à un moment donné, ne soit plus suffisante pour lui conserver son bien (et peut-être même sa vie) etque le contrat social permette au sauvage de se faire reconnaître ce qu'il possède par tout les contractants.

Onpeut alors imaginer que, l'union faisant la force, ce qu'il possède lui sera mieux conserver avec le « contrat » quesans.La dernière phrase nous propose un dernier avantage à mettre dans la « balance », mais le conditionnel utilisé parl'auteur semble nous dire que la balance penche déjà suffisamment en faveur de l'état civil et que ce dernieravantage est une espèce de « bonus » dont on peut parler, mais qui n'est plus nécessaire.

La liberté morale, donc,est ce qui nous rend « vraiment » maître de nous.

En effet, la liberté n'est pas d'être le jouet de ses instincts ou deses « appétits » (ça, c'est de « l'esclavage »).

La liberté consiste alors à « obéir », mais à « la loi que l'on s'estprescrite ».

Cette loi ne consiste pas à faire ce que l'on veut (suivre ses « appétits »).

Ce n'est pas une loi décidéetout seul, car alors il n'y aurait aucune différence avec la liberté naturelle.

On peut donc supposer que cette « loi »est celle décidée par tous ceux qui « signent » le contrat et qu'elle est rédigée selon un principe moral où l'autre està considérer. Le texte ayant été clarifié, on peut à présent soulever un doute sur ce qu'il affirme.

Est-il sûr que le passage dontnous parle l'auteur soit le fait d'une décision contractualisée ?On peut en douter, car, enfin, le texte lui-même nous dit que l'homme va prendre la décision de ne plus suivre ses «instincts ».

Or, le problème d'un instinct, c'est qu'il ne laisse pas de place à une quelconque décision.

Il s'imposenaturellement.

Puisque l'individu avant le contrat est un « animal stupide et borné », comment pourrait-il se. »

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