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Exposé sur Montesquieu

Publié le 19/09/2010

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montesquieu

 

 

 Biographie : 

 Le 18 janvier 1689 naît au château de la Brède, près de Bordeaux, Charles-Louis de Secondat, futur baron de Montesquieu. La famille, aux solides assises financières et sociales, appartient à la noblesse de robe ; le père est président au Parlement de Guyenne. Montesquieu est envoyé au collège de Juilly, tenu par les Pères de l’Oratoire (rivaux des Jésuites dans le domaine de l’enseignement), aux environs de Paris. Il y apprend aussi bien les langues vivantes que les langues mortes (latin, grec), de l’histoire, des sciences et de la philosophie moderne. En 1708, il obtient ses titres de bachelier et de licencié en droit : il sera reçu avocat puis conseiller au Parlement de Bordeaux. Il se marie en 1715 à une héritière calviniste pourvue d’une fort belle dot, dont il héritera un plus tard, ainsi que de la charge d’un oncle, président à mortier (Premier président d’un Parlement qui était coiffé d’un mortier, une sorte de toque). Montesquieu est un penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières. Il est même élu en 1728 à l’académie française malgré l’hostilité du premier ministre de Louis XV, le cardinal Fleury peu enclin à lui pardonner l’esprit irrévérencieux des Lettres persanes (1721). La même année, Montesquieu, après avoir vendu sa charge, entreprend un périple en Europe durant lequel il examina les différents gouvernements et us et coutumes (Venise, Milan, Turin, Gênes, Florence, Rome et Naples), l’Allemagne, la Hollande et l’Angleterre, avec son régime particulier pour l’époque appelée monarchie parlementaire. En 1731, il retourne à Bordeaux avec des réflexions sur le despotisme prussien, le poids du pouvoir ecclésiastique dans la ville éternelle (Rome) et les libertés hollandaises ou anglaises. [Anecdote : il fut reçu membre de la Royal Society (équivalent de l’Académie des sciences à Paris, fondée en 1660, et a même été initié à la franc-maçonnerie]. Il rédigea en 1734 Réflexions sur la monarchie universelle en Europe ou encore Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadenceavant que soit publié sont œuvre majeur De l’esprit des lois en 1748. En France, comme à l’étranger, cette dernière fut prise pour cible de nombreuses critiques de la part des autorités, telle la papauté et la Sorbonne (gardienne de l’orthodoxie en matière de religion et de philosophie).Il meurt le 10 février 1755 enterré à Saint- Sulpice. 

 Les lettres persanes (1721) : 

 Lorsqu'en 1721 un auteur anonyme fait paraître à Amsterdam les Lettres persanes, il s'accorde à une double mode : celle de l'Orient et celle du roman par lettres. Mais c'est pour mieux s'en affranchir : de son modèle, l'Italien Marana, qui avait publié L'Espion turc en 1684, l'auteur retient en effet l'étonnement d'un musulman sur les pratiques chrétiennes, mais il le dépasse en instaurant ce regard « pluriel « que permet l'échange épistolaire. Des turqueries en vogue depuis le XVIème siècle, il garde le pittoresque mais le met au service d'une réflexion philosophique sur la relativité des coutumes et la recherche d'un ordre universel bâti sur la raison. L’histoire est fort simple : deux Persans, Usbek et Rica, arrivent à Paris et communiquent leurs impressions à des compatriotes. Ils reçoivent aussi d'eux des nouvelles de leur pays. 

 Lettre 17 =religion ; Usbek qui a des doutes sur la religion demande à Dieu comment justifier les interdits, qu’impose la loi musulmane. Question distinction religieuse entre pur et impur. Cette distinction engendre la notion de souillure (lettre 15) qui conduit au rejet de l’autre pour peu qu’il ne pratique pas les mêmes rites=intolérance. La notion de pureté ou impureté est subjective (renvoie au 5 sens et donc à l’empirisme de Locke qui dit apprendre tout par l’expérience), l’affaire de chacun, on touche donc au relatif et non à l’absolu contrairement aux religions qui prétendent avoir une vérité universelle. Il ne doit pas y avoir discrimination, il faut liberté et tolérance. 

 Selon Montesquieu, il y a des principes qui sont au dessus des lois positives : liberté, justice et raison. 

 Lettre 69=liberté ; Montesquieu soutient qu’un Dieu qui veut le bonheur des hommes ne peut leur imposer des prédestinations mais doit laisser les hommes agir comme ils l’entendent. 

 Lettre 80=Justice et raison ; Dans l’échelle des peines, il faut réprimer les fautes en proportion de leur gravité et que les rois qui craignent de faire des « douceurs « sont trop soucieux d’infliger des peines disproportionnées et oublient de fait que « la justice est un rapport de convenance « (lettre 83). 

 Lettre 86 et 87= suicide ; Il est fait l’apologie du suicide. Montesquieu pose le fait que toute vie individuelle repose sur un contrat entre l’individu et la société dans laquelle il vit, et que si la société se trouve dans l’incapacité d’assurer le bonheur et cet individu, celle-ci ne peut empêcher, par n’importe quelle loi et la religion s’y soumet également, le suicide de la personne. En effet, en quoi la mort d’un individu bouleverserait l’ordre de la Création ? 

 _Lettre 92=Louis XIV._ Montesquieu souligne le retour à la « liberté publique « et la restauration d’une « autorité légitime « : c’est le renversement d’une tyrannie. 

 Lettre 102,103 ,104=gouvernement.Montesquieu établit que dans toute société il y a des gouvernements (prince) et des gouvernés (peuple), une autorité et une liberté : mais comment trouver le nécessaire équilibre entre ces deux autorités ? Montesquieu disait à ce propos, lettre 102, que la monarchie est « un état violent, qui dégénère toujours en despotisme ou en république : la puissance ne peut jamais être également partagée entre le peuple et le prince «. 

 Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (1734) : 

 Expression de la philosophie des Lumières qui prend forme avec la publication des Lettres persanes (1721), ce texte incisif, oublié puisque Montesquieu en détruisit toute l’édition, montre que l’instabilité de l’État naît avec l’esprit de conquête: la “monarchie universelle” représente le stade suprême de l’absolutisme avant son déclin. En synthétisant l’histoire européenne entre la chute de Rome, ruinée par son hégémonie, et le déclin de la France belliqueuse de Louis XIV, Montesquieu plaide pour une Europe pacifiée, débarrassée de ses “mercenaires”, ordonnée par des lois adaptées aux mœurs et unie dans le commerce réciproque, matrice de la paix entre les nations. Avec cette histoire philosophique du droit des gens qui récuse tout providentialisme, Montesquieu adhère à la modernité politique à laquelle aspirent les Lumières en condamnant la guerre offensive et l’hégémonie d’un État sur un autre. Donnant tout son sens au thème de la modération, la Monarchie universelle en Europe constitue une source importante pour l’histoire critique de l’hégémonie militaire et politique. Au chapitre II des Réflexions il déclare que « Ce sont les richesses qui font la puissance, n'y ayant point de nations qui ait des avantages qu'une plus riche ne puisse presque toujours avoir. Mais ces richesses variant de même, la puissance change de même «. Le commerce exige certaines conditions. Il est indispensable qu'il ait partie liée avec un gouvernement tempéré et des dispositions civiles qui le favorisent. Ainsi Montesquieu accorde-t-il une importance déterminante aux dispositions civiles qui régissent l'organisation européenne. Au chapitre II, il prévoit que l’« On verra que ce ne sont point les guerres qui depuis quatre cents ans ont fait en Europe les grands changements ; mais les mariages, les successions, les traités, les Edits ; enfin c'est par des dispositions civiles que l'Europe a changé «. PREFIGURE DE LA CONSTRUCTION EUROPEENNE ! 

 Au regard d'une Europe qui développe les échanges, Montesquieu est attentif à la préservation des particularités européennes ; il n'en appelle pas comme l'abbé de Saint-Pierre à un nivellement par un processus de décision majoritaire entre les souverains. Il est par ailleurs fondamentalement opposé à une Europe qui serait construite de manière autoritaire : il est conscient de la difficulté d'imposer un pouvoir uniformisateur à des peuples frères, mais distincts par les mœurs, les manières, la religion et les coutumes.D'abord, une paix perpétuelle assurée par une puissance centralisatrice annonce le danger d'un despotisme et fait craindre le risque d'une régression. C'est ainsi que du chapitre IX au chapitre XVIII des Réflexions sur la monarchie universelle en Europe, Montesquieu énumère les multiples tentatives de monarchie universelle : les Romains, Charlemagne, les Anglo-Normands, le pape, les Turcs, la Maison hispano-autrichienne, la France de Louis XIV s'y sont essayés. Ils ont échoué, suivant le principe selon lequel une puissance mal équilibrée porte avec elle sa contradiction. Montesquieu n'entrevoit pas l'Europe dans une configuration supranationale. Il y va de la liberté des peuples, et du respect des différences. " L'étendue médiocre " des Etats n'étant pas respectée, l'immensité d'un empire vouerait le continent à l'arbitraire d'un souverain qui serait à lui-même sa propre loi, seule et omnipotente, et qui ne négligerait rien pour tirer le continent vers le néant, la négation absolue du sujet et de la liberté. Tout le sujet repose sur la représentativité et l’actuelle procédure de prise de décision dans l’Union européenne, qu’elle soit à la majorité qualifiée ou à l’unanimité. 

 Enfin, ce que Montesquieu revendique dans ses Réflexions, c'est une Europe des nations où prévaut la variété sociale et culturelle. De fait, l'Europe existe déjà pour Montesquieu. Mais elle est celle qui n'abdique pas ses libertés par délégation. L'Europe peut se concevoir dans son unité, à condition qu'elle demeure une réunion d'Etats, une composition : " L'Europe n'est plus qu'une nation composée de plusieurs "(Réflexions sur la monarchie universelle, chap. XVIII, p. 34.). Il s'agit d'une Europe constituée de nuances, de subtils distinguos, comme une déclinaison progressive de couleurs qui ne pourra pas se résoudre à la fusion des teintes. Dans ses Pensées il précise encore : 

 Je disais : « Je parle des différents peuples d'Europe, comme des différents peuples de Madagascar. « 

 De l’esprit des lois (1748) : 

 L'ouvrage majeur de Montesquieu est celle De l'esprit des lois. La loi est la raison humaine qui gouverne tous les peuples alors que les lois politiques et civiles ne sont que des cas particuliers où s'applique cette raison humaine. Au livre premier, chapitre premier intitulé « des lois, dans le rapport qu’elles ont avec les divers êtres «, Montesquieu dit « Les lois, dans la signification la plus 

 étendue, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses… «.Les lois sont variables et il s'agit de saisir les circonstances variées dans lesquelles les lois de chaque nation trouvent leur origine ou leur explication. Cette définition peut aussi s'appliquer aux lois de la nature et il s’agit alors d'examiner le lien entre les lois de la nature et les lois établies par le pouvoir autrement dit quelles sont les facteurs environnementaux qui vont ainsi fléchir les législateurs sur telle ou telle disposition. 

      Montesquieu, ne va pas donner une conception idéologique,   utopique de la meilleure forme de gouvernement mais s’appuyer   sur une analyse de la réalité. C'est « celui dont les dispositions particulières se rapportent mieux à la disposition du peuple pour lequel il est établi « c'est-à-dire tous ce qui touche au peuple (mœurs et coutumes) et au territoire (grandeur et contraintes naturelles).Distinction entre nature et principe du gouvernement : « il y a cette différence entre la nature du gouvernement et son principe, que sa nature est ce qui le fait être tel et son principe ce qui le fait agir. L'une est sa structure particulière, et l'autre les passions humaines qui le font mouvoir « La orientation politique de la forme de gouvernement est influencée par le peuple qui fait valoir les directives nécessaires.    Montesquieu au livre XI, chapitre 2 intitulé « diverses signification donné au mot liberté «, donne sa conception de la liberté dans la démocratie « Enfin, comme dans les démocraties, le peuple paraît faire à peu près ce qu'il veut, on a mis la liberté dans ces sortes de gouvernements ; et on a confondu le pouvoir du peuple, avec la liberté du peuple «. 

 Au livre XI, chapitre 3 intitulé « Ce que c’est que la liberté «, Montesquieu définit les lois comme condition de liberté. La liberté n’est pas non plus faire tout ce que l'on veut mais à faire ce que les lois permettent. Dans un État "La liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir et à n'être point contraint à faire ce que l'on ne doit pas vouloir." Les lois doivent être conformes à la raison et à la morale. 

 Au livre XI, chapitre 4, il établit un principe pour que les lois soient en adéquation avec le peuple et les gouvernants « Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir « 

Reste désormais à étudier le concept des 3 pouvoirs, mais ceci est un autre sujet.

 

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