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fable - littérature.

Publié le 28/04/2013

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fable
fable - littérature. 1 PRÉSENTATION fable, petit récit à visée morale et didactique, qui met généralement en scène des animaux. Forme d'allégorie, la fable livre une leçon, un enseignement d'autant plus efficace qu'elle est séduisante, qu'elle suscite l'étonnement : la symbolique animale (ou végétale et parfois humaine) permet de révéler l'individualité de l'homme, ainsi que ses faiblesses. Sorte d'apologue (bref récit allégorique destiné à illustrer une vérité morale), la fable se distingue cependant de ce dernier par le développement plus ample de son élément narratif. Jean de La Fontaine, parlait pourtant d'apologue pour ses Fables : « L'apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l'une le corps, l'autre l'âme. Le corps est la fable ; l'âme, la moralité. «. La fable se distingue également du conte, plus long, et de la parabole, particulièrement brève, qui ne met pas en scène des personnages. 2 TENTATIVE DE DÉFINITION 2.1 Les mots « fable «, « fabulistes «, « affabulation « Le mot fable, issu du latin fabula (« récit, propos «), apparaît vers 1155 et prend très vite le sens de « récit imaginaire, histoire «. Le caractère mensonger de la fable existe dès son origine en français, tout comme la définition « petit récit moralisant qui met en scène des animaux « (v. 1180). Au XVIIe siècle, le mot s'applique également à la mythologie de l'Antiquité païenne (on parle alors de fable des dieux grecs, par exemple). Le terme fabuliste, emprunté à l'espagnol fabulista en 1588, signifie quant à lui « conteur de mensonge «. C'est avec Jean de La Fontaine qu'il prend le sens d'« auteur de fable «. Le terme affabulation revêt au XVIIIe siècle le sens latin, qu'il a aujourd'hui perdu, de « moralité d'une fable «. Cependant, si l'on remonte plus en amont, l'étymologie du mot fabula vient de fari, « parler «, sens qui englobe non seulement l'idée de l'oralité (voir tradition orale), mais aussi de la parole vraie et de la parole mensongère. La parole est en effet bien au centre de la fable : « J'ai fait parler le loup et l'agneau. / J'ai poussé plus avant : les Arbres et les Plantes / Sont devenus chez moi créatures parlantes «, « Car tout parle dans l'Univers «, dit dans deux de ses Fables Jean de La Fontaine, qui raconte que sa muse « traduisait en langue des Dieux « les paroles de tout ce qui vit ici-bas. Le fabuliste La Fontaine se pose ainsi en interprète d'une parole divine, qu'il présente comme vraie. 2.2 La fable, entre mensonge et vérité L'acception du mot fable est diversement interprétée par les fabulistes eux-mêmes et par leurs contemporains. Au IVe siècle av. J.-C., Platon, dans la République, se demande si « tout ce que disent les conteurs de fables et les poètes [n'est] pas le récit d'événements passés, présents ou futurs «. Posant ainsi la fable comme source possible de vérité, il ajoute également que Socrate considère « comme soeurs la poésie et nos fables «. Quintilien, dans l'Institution oratoire (v. 95 apr. J.-C.), distingue pour sa part trois formes de narration : « la fable, qui n'a rien de commun avec la vérité ni pour le fond ni pour la forme, et fait le sujet des tragédies et des poèmes ; l'argument, qui est fictif, mais vraisemblable, et fait le sujet des comédies ; l'histoire, ou exposition d'un fait «. 2.3 La fable, entre divertissement et instruction D'aucuns, comme Jean de La Fontaine, affirment le caractère didactique de la fable (« Je me sers d'animaux pour instruire les hommes «), d'autres n'y lisent que divertissement. Quoi qu'il en soit, la parole du fabuliste est bien marquée dans les fables, le conteur est présent, pour séduire et/ou instruire (« l'art d'instruire en amusant «, explique le chevalier de Jaucourt dans l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers). Le fabuliste latin Phèdre (Ier siècle) précise en ce sens que ses deux vocations sont de faire rire (« risum movere «) et de donner l'exemple (« exemplo movere «). Les interventions du fabuliste, son humour, son cynisme, ne sont en effet pas là vainement. Selon l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert, c'est une « instruction déguisée sous l'allégorie d'une action «, dont l'invention remonte à celle « de l'allégorie dont la fable est une espèce « ; selon le dictionnaire d'Émile Littré, c'est un « petit récit qui cache une moralité sous le voile d'une fiction et dans lequel d'ordinaire les animaux sont les personnages «. Selon Jean de La Fontaine, la fable a le plus souvent pour finalité de « vous persuader «. Fénelon veut quant à lui qu'on en nourrisse l'esprit de l'enfant. Il explique qu'elle doit faire parler les personnages, afin d'éveiller l'imagination des enfants, tout en exerçant leur jugement. Certains la trouvent grossière, d'autres « simple et transparente «, mais beaucoup s'accordent à parler de naïveté -- dans le sens de « naturel, authentique «. En fait, la fable est aussi multiple que ses fabulistes. Jean-François Marmontel décrit d'ailleurs ainsi les principaux fabulistes dans l'Encyclopédie : « Ésope raconte simplement, mais en peu de mots ; il semble répéter fidèlement ce qu'on lui a dit, Phèdre y met plus de délicatesse et d'élégance, mais aussi moins de vérité. [...] La Fontaine a répandu dans le sien tous les trésors de la Poésie, et il n'en est que plus naïf. «. Parfois en prose (comme chez Ésope), parfois en vers (comme chez La Fontaine), quelquefois exclusivement animale (selon la définition d'Aristote), quelquefois mettant en scène animaux, plantes et hommes, tantôt politique, tantôt morale, la fable est un genre protéiforme qui se manifeste donc sous de multiples facettes. 3 STRUCTURE ET PROTAGONISTES 3.1 Une fable en trois temps La structure traditionnelle de la fable est cependant presque toujours la même : énonciation d'une problématique (« La raison du plus fort est toujours la meilleure : «, « le Loup et l'Agneau « de Jean de La Fontaine), le récit d'une action et enfin une conclusion soit directement ancrée dans le récit avec une apothéose finale et pertinente (« Le Loup l'emporte, et puis le mange, / Sans autre forme de procès «, op. cit.), soit sous forme de moralité (« Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : / Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,/ Tout petit prince a des ambassadeurs, / Tout marquis veut avoir des pages. «, « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf « de Jean de La Fontaine). 3.2 Un bestiaire riche et souvent conventionnel Dans la fable occidentale, le bestiaire, assez varié, se compose essentiellement d'animaux stéréotypés, et le lien entre ces animaux et les caractères humains reste assez conventionnel. Ainsi, l'animal représentant le plus souvent le pouvoir et la grandeur est le Lion ; pour figurer la cruauté, la férocité et par là l'autoritarisme, le Loup est reconnu comme la figure idéale. Le Renard est pour sa part rusé et intelligent, le Chien fidèle, l'Âne stupide, l'Agneau doux, la Fourmi besogneuse, etc. 4 HISTOIRE DE LA FABLE 4.1 De la tradition orale au Panchatantra Issue de la tradition orale, la fable est présente dans les littératures les plus anciennes du monde entier. Le premier recueil de fables connu, composé au début de notre ère, est le Panchatantra, qui rassemble contes et fables du sud de l'Inde, du Népal et du Cachemire, transmis et augmentés par d'innombrables versions, dont celle en arabe attribuée à Bidpay, un brahmane hindou. Ces fables auraient, à l'origine, été rassemblées par un sage, réel ou mythique, Vishnu Sharma, qui voulait enseigner le Niti (« la sage conduite de la vie «) aux trois fils de son roi. Le recueil compte quatre-vingt-quatre fables, et beaucoup plus de récits enchâssés, afin de soutenir l'attention des lecteurs et auditeurs. Ces fables, mettant en scène et faisant parler tous les animaux de la faune indienne, du puceron au chacal, sont en apparence souvent dénuées de morale ou même immorales -- la loi du plus fort l'emportant le plus souvent. Cependant les fables du Panchatantra laissent transparaître, par la verve ironique, voire cynique du récit, une certaine moralité et donnent ainsi des leçons de vie. 4.2 D'Ésope à Phèdre En Occident, on attribue à Ésope, esclave phrygien qui aurait vécu en Grèce au VIe siècle av. J.-C. -- mais dont l'existence n'est pas attestée --, quelques centaines fables en prose, qu'il aurait lui-même compilées à partir de récits oraux très anciens. Écrites dans une langue simple et accessible, elles auraient été transmises oralement de génération en génération et recueillies par Démétrios de Phalère vers 300 av. J.C. Ayant pour acteurs des animaux -- tantôt communs, tantôt exotiques (crocodile ou chameau) -- et des divinités, ou bien traitant de concepts comme le bien et le mal ou l'origine des choses, ces fables brèves à caractères didactique, moraliste, symbolique, voire étiologique, donnent des leçons aux hommes. La fable est un genre qui existait cependant avant Ésope dans l'Antiquité -- peut-être originaire d'Asie Mineure, de Phrygie, de Syrie, ou même d'Inde --, et notamment en Grèce antique : on connaît notamment une fable d'Hésiode (« le Rossignol et l'Épervier «), une fable d'Archiloque (« le Cheval et le Cerf «), ainsi qu'une fable de Stésichore, poète sicilien du VIe siècle av. J.-C. (« l'Aigle et le Renard «). Platon, quant à lui, raconte dans le Phédon que Socrate aurait écrit des fables en prison (peut-être celles attribuées à Ésope, selon certains exégètes ; d'autres d'ailleurs ont attribué les fables que l'on connaît d'Ésope à Planude, un moine qui a écrit sa vie au XIVe siècle). De nombreux poètes latins se sont essayés au genre, au goût du jour dans la Rome antique, notamment Ennius, Caius Lucilius, Plaute, Térence et Horace Mais c'est Phèdre, poète latin originaire de Thrace du Ier siècle, qui rédige le plus important recueil en vers, réunissant et adaptant les fables d'Ésope. Il explique dans le prologue à son ouvrage : « Ésope, créateur de la fable, en a trouvé la matière ; moi, je l'ai polie et mise en vers sénaires [six pieds]. Ce petit livre offre un double avantage : il fait rire et donne de sages conseils pour la conduite de la vie. Peut-être voudra-t-on me chercher chicane sous prétexte que j'y fais parler les arbres, sans m'en tenir aux animaux. Mais je rappellerai que ce sont là des badinages et des récits tout imaginés. « Son recueil compte 132 fables qu'il a écrites ou réécrites -- il affirme que ses fables sont davantage le produit de sa création que le fruit d'une adaptation. Selon l'écrivain Antoine Houdar de La Motte (1672-1731), alors qu'Ésope n'était qu'un « philosophe «, « Phèdre est un auteur «. Sont héritées également des Fables d'Ésope les 123 fables retrouvées (il en aurait écrit près de 200) du poète gréco-latin Babrius (ou Babrias), composées au (ou Avienas) composées au Ve IIe ou IIIe siècle (mais découvertes au XIXe siècle), et les 42 fables du poète romain Avienus siècle, ainsi qu'une fable peut-être écrite par Tibère (« le Renard et le Hérisson «). On attribue également quelques fables à Plutarque, à Lucien de Samosate et surtout à Nicostrate qui aurait composé une dizaine de recueils de fables, aujourd'hui perdus. 4.3 De Marie de France à Jean de La Fontaine En France, au Moyen Âge, on se souvient davantage de l'oeuvre d'Ésope que de celle de Phèdre, qui pourtant a traversé les siècles grâce à une version simplifiée datant du Ve siècle, le Romulus. Les fables « ésopiques «, tout comme celles des différentes versions du Romulus, inspirent les poètes du Moyen Âge français, déjà friands de contes animaliers tel le Roman de Renart. En l'honneur d'Ésope, certains poètes, notamment Marie de France, nomment « ysopet « (Isopets ou Ésope) leurs recueils de fables (les Isopets de Chartres, de Paris ou de Lyon sont restés célèbres). Il existe par ailleurs de nombreuses traductions et adaptations en vers du Romulus, notamment l'Ésope d'Adémar de Chabannes (XIe siècle) regroupant 67 fables, l'Ésope de Wissembourg (63 fables, XIIe siècle), les Fabulae d'Odon de Chériton (81 fables, XIIIe siècle) et le Romulus de Vincent de Beauvais (29 fables, De nombreuses fables du monde entier -- indiennes (celles de Bidpay) ou arabes (celles de Lokman, XIVe XIIIe siècle). Les fables d'Avianus sont aussi largement adaptées, sous l'appellation d'« Avionnet «. siècle) -- sont également traduites pendant cette période. À la Renaissance, Gilles Corrozet est le premier à produire une traduction libre en vers des Fables d'Ésope (les Fables du très ancien Ésope, mises en rithme françoise, 1542). Par la suite, d'importants recueils de fables sont publiés, notamment les Hecatomythium (1495) et Hecatomythium secundum (1499) du poète italien Laurentius Abstemius (Lorentio Astentio en italien) et le recueil de Fables de Gabriel Faërne (ou Gabriele Faerno), publié au Au XVIIe XVIe siècle. siècle, le Suisse Issac Nicholas Nevelet traduit les Fables d'Ésope en latin (reprises par Jean Beaudoin dans les Fables d'Ésope phrygien, 1631) tandis qu'un avocat, François Pithou, exhume et fait publier en 1596 par son frère Pierre les Fables de Phèdre, oubliées depuis des siècles. Jean de La Fontaine, ayant à dessein de transformer le genre -- considéré jusqu'alors comme dépourvu de dignité littéraire -- et d'ajouter à son seul rôle didactique une réelle vocation littéraire, choisit la fable, grâce à laquelle il entrevoit la possibilité de pratiquer une poésie naturelle, spontanée, pleine d'élégante simplicité, propre à plaire au public des salons. Dès la publication du premier livre des Fables, une véritable mode est lancée : « Il n'y a pas d'instruction qui soit plus naturelle et qui touche plus vivement que celle-ci «, écrit l'académicien Antoine Furetière en 1671. Le nom de Jean de La Fontaine s'inscrit ainsi au terme d'une longue histoire du genre et ses Fables sont largement inspirées des fables d'Ésope, de Phèdre et de tous leurs héritiers ainsi que de celles de Bidpay. Cependant, en le renouvelant de façon magistrale, le fabuliste a permis au genre d'atteindre son apogée. 4.4 Après les Fables de La Fontaine Les imitateurs de Jean de La Fontaine ont été légion, mais peu d'entre eux ont atteint sa renommée : ni les Fables (1727-1738) de John Gay, ni celles de Gotthold Ephraïm Lessing (1759), ni les Fabulas literarias (1782) de Tomás de Iriarte n'atteignent la qualité littéraire des fables de celui-ci. Seul Ivan Andreïevitch Krylov (1768-1844) fait figure de novateur en brossant dans chacune de ses Fables (1809-1843) un savoureux tableau du peuple russe. Aux XIXe et XXe siècles, le Livre de la jungle (1894-1895) de Rudyard Kipling, la Ferme des animaux (1945) de George Orwell ou la Fable du monde (1938) de Jules Supervielle cultivent à leur tour l'esprit de la fable. Bien que l'institution scolaire en ait fait, pendant trois siècles, un usage légitime, mais réducteur, la fable ne cesse de séduire. Elle s'adresse, en outre, à un lectorat indifférencié, même si Robert Desnos a composé Trente Chantefables pour les enfants sages (1944). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
fable

« 3. 2 Un bestiaire riche et souvent conventionnel Dans la fable occidentale, le bestiaire, assez varié, se compose essentiellement d’animaux stéréotypés, et le lien entre ces animaux et les caractères humains reste assez conventionnel.

Ainsi, l’animal représentant le plus souvent le pouvoir et la grandeur est le Lion ; pour figurer la cruauté, la férocité et par là l’autoritarisme, le Loup est reconnu comme la figure idéale.

Le Renard est pour sa part rusé et intelligent, le Chien fidèle, l’Âne stupide, l’Agneau doux, la Fourmi besogneuse, etc. 4 HISTOIRE DE LA FABLE 4. 1 De la tradition orale au Panchatantra Issue de la tradition orale, la fable est présente dans les littératures les plus anciennes du monde entier.

Le premier recueil de fables connu, composé au début de notre ère, est le Panchatantra , qui rassemble contes et fables du sud de l’Inde, du Népal et du Cachemire, transmis et augmentés par d’innombrables versions, dont celle en arabe attribuée à Bidpay, un brahmane hindou.

Ces fables auraient, à l’origine, été rassemblées par un sage, réel ou mythique, Vishnu Sharma, qui voulait enseigner le Niti (« la sage conduite de la vie ») aux trois fils de son roi.

Le recueil compte quatre-vingt-quatre fables, et beaucoup plus de récits enchâssés, afin de soutenir l’attention des lecteurs et auditeurs.

Ces fables, mettant en scène et faisant parler tous les animaux de la faune indienne, du puceron au chacal, sont en apparence souvent dénuées de morale ou même immorales — la loi du plus fort l’emportant le plus souvent.

Cependant les fables du Panchatantra laissent transparaître, par la verve ironique, voire cynique du récit, une certaine moralité et donnent ainsi des leçons de vie. 4. 2 D’Ésope à Phèdre En Occident, on attribue à Ésope, esclave phrygien qui aurait vécu en Grèce au VIe siècle av.

J.-C.

— mais dont l’existence n’est pas attestée —, quelques centaines fables en prose, qu’il aurait lui-même compilées à partir de récits oraux très anciens. Écrites dans une langue simple et accessible, elles auraient été transmises oralement de génération en génération et recueillies par Démétrios de Phalère vers 300 av.

J.C.

Ayant pour acteurs des animaux — tantôt communs, tantôt exotiques (crocodile ou chameau) — et des divinités, ou bien traitant de concepts comme le bien et le mal ou l’origine des choses, ces fables brèves à caractères didactique, moraliste, symbolique, voire étiologique, donnent des leçons aux hommes.

La fable est un genre qui existait cependant avant Ésope dans l’Antiquité — peut-être originaire d’Asie Mineure, de Phrygie, de Syrie, ou même d’Inde —, et notamment en Grèce antique : on connaît notamment une fable d’Hésiode (« le Rossignol et l’Épervier »), une fable d’Archiloque (« le Cheval et le Cerf »), ainsi qu’une fable de Stésichore, poète sicilien du VIe siècle av.

J.-C.

(« l’Aigle et le Renard »).

Platon, quant à lui, raconte dans le Phédon que Socrate aurait écrit des fables en prison (peut-être celles attribuées à Ésope, selon certains exégètes ; d’autres d’ailleurs ont attribué les fables que l’on connaît d’Ésope à Planude, un moine qui a écrit sa vie au XIVe siècle). De nombreux poètes latins se sont essayés au genre, au goût du jour dans la Rome antique, notamment Ennius, Caius Lucilius, Plaute, Térence et Horace Mais c’est Phèdre, poète latin originaire de Thrace du Ier siècle, qui rédige le plus important recueil en vers, réunissant et adaptant les fables d’Ésope.

Il explique dans le prologue à son ouvrage : « Ésope, créateur de la fable, en a trouvé la matière ; moi, je l’ai polie et mise en vers sénaires [six pieds].

Ce petit livre offre un double avantage : il fait rire et donne de sages conseils pour la conduite de la vie.

Peut-être voudra-t-on me chercher chicane sous prétexte que j’y fais parler les arbres, sans m’en tenir aux animaux.

Mais je rappellerai que ce sont là des badinages et des récits tout imaginés.

» Son recueil compte 132 fables qu’il a écrites ou réécrites — il affirme que ses fables sont davantage le produit de sa création que le fruit d’une adaptation.

Selon l’écrivain Antoine Houdar de La Motte (1672-1731), alors qu’Ésope n’était qu’un « philosophe », « Phèdre est un auteur ». Sont héritées également des Fables d’Ésope les 123 fables retrouvées (il en aurait écrit près de 200) du poète gréco-latin Babrius (ou Babrias), composées au IIe ou IIIe siècle (mais découvertes au XIXe siècle), et les 42 fables du poète romain Avienus (ou Avienas) composées au Ve siècle, ainsi qu’une fable peut-être écrite par Tibère (« le Renard et le Hérisson »).

On attribue également quelques fables à Plutarque, à Lucien de Samosate et surtout à Nicostrate qui aurait composé une dizaine de recueils de fables, aujourd’hui perdus. 4. 3 De Marie de France à Jean de La Fontaine En France, au Moyen Âge, on se souvient davantage de l’œuvre d’Ésope que de celle de Phèdre, qui pourtant a traversé les siècles grâce à une version simplifiée datant du Ve siècle, le Romulus. Les fables « ésopiques », tout comme celles des différentes versions du Romulus, inspirent les poètes du Moyen Âge français, déjà friands de contes animaliers tel le Roman de Renart. En l’honneur d’Ésope, certains poètes, notamment Marie de France, nomment « ysopet » (Isopets ou Ésope) leurs recueils de fables (les Isopets de Chartres, de Paris ou de Lyon sont restés célèbres).

Il existe par ailleurs de nombreuses traductions et adaptations en vers du Romulus , notamment l’Ésope d’Adémar de Chabannes ( XIe siècle) regroupant 67 fables, l’Ésope de Wissembourg (63 fables, XIIe siècle), les Fabulae d’Odon de Chériton (81 fables, XIIIe siècle) et le Romulus de Vincent de Beauvais (29 fables, XIIIe siècle).

Les fables d’Avianus sont aussi largement adaptées, sous l’appellation d’« Avionnet ». De nombreuses fables du monde entier — indiennes (celles de Bidpay) ou arabes (celles de Lokman, XIVe siècle) — sont également traduites pendant cette période.

À la Renaissance, Gilles Corrozet est le premier à produire une traduction libre en vers des Fables d’Ésope ( les Fables du très ancien Ésope, mises en rithme françoise, 1542).

Par la suite, d’importants recueils de fables sont publiés, notamment les Hecatomythium (1495) et Hecatomythium secundum (1499) du poète italien Laurentius Abstemius (Lorentio Astentio en italien) et le recueil de Fables de Gabriel Faërne (ou Gabriele Faerno), publié au XVIe siècle. Au XVII e siècle, le Suisse Issac Nicholas Nevelet traduit les Fables d’Ésope en latin (reprises par Jean Beaudoin dans les Fables d’Ésope phrygien, 1631) tandis qu’un avocat, François Pithou, exhume et fait publier en 1596 par son frère Pierre les Fables de Phèdre, oubliées depuis des siècles.

Jean de La Fontaine, ayant à dessein de transformer le genre — considéré jusqu’alors comme dépourvu de dignité littéraire — et d’ajouter à son seul rôle didactique une réelle vocation littéraire, choisit la fable, grâce à laquelle il entrevoit la possibilité de pratiquer une poésie naturelle, spontanée, pleine d’élégante simplicité, propre à plaire au public des salons.

Dès la publication du premier livre des Fables, une véritable mode est lancée : « Il n’y a pas d’instruction qui soit plus naturelle et qui touche plus vivement que celle-ci », écrit l’académicien Antoine Furetière en 1671.

Le nom de Jean de La Fontaine s’inscrit ainsi au terme d’une longue histoire du genre et ses Fables sont largement inspirées des fables d’Ésope, de Phèdre et de tous leurs héritiers ainsi que de celles de Bidpay.

Cependant, en le renouvelant de façon magistrale, le fabuliste a permis au genre d’atteindre son apogée. 4. 4 Après les Fables de La Fontaine Les imitateurs de Jean de La Fontaine ont été légion, mais peu d’entre eux ont atteint sa renommée : ni les Fables (1727-1738) de John Gay, ni celles de Gotthold Ephraïm Lessing (1759), ni les Fabulas literarias (1782) de Tomás de Iriarte. »

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