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Histoire de la philosophie de l'histoire - Martial Guéroult

Publié le 26/12/2011

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histoire

L'œuvre de Guéroult est marquée par le travail rigoureux apporté sur l’histoire de la philosophie. Historien de la philosophie, il s’est intéressé aux conditions de possibilité d’une histoire de la philosophie en général. Le livre « Philosophie de l’histoire de la philosophie –dianoématique- Livre II » examine les divers rapports que la philosophie a pu entretenir avec son histoire.

« L’histoire de la philosophie elle-même est une histoire métaphysique comme lieu d’expérience philosophique. Elle est l’intention fondamentale et le vécu culturel qui animent chaque philosophie : elle est la condition de possibilité de la philosophie comme expérience métaphysique ». Dans le texte de Guéroult (le dernier du corpus), il s’agit de déterminer la nature de la philosophie et de son histoire et le rapport particulier de la nature de son objet.

En effet quel est ici le problème posé : Il s’agit de savoir quelle est la nature de l’objet de la philosophie ? Il est utile de mettre en lumière ‘’l’essence réelle’’ de la philosophie et de montrer l’originalité du rapport de la philosophie à son histoire.  La thèse de Martial Guéroult est la suivante : la philosophie dépend de la nature de son objet, et qu’il faut déterminer celle-ci à travers des interrogations qui prendront forment tout au long de la recherche. Tout cela dans le but de trouver l’essence véritable de la philosophie, qui se révèlerait qu’à la fin de cette investigation.  

Pour répondre à ce problème, il est nécessaire de procéder à un découpage de texte en quatre moments : dans un premier moment, Martial Guéroult met en évidence le ‘’rapport original’’ entre la philosophie et son histoire, c'est-à-dire un système particulier et complexe. Le deuxième moment s’inscrit dans un constat : à savoir cette existence du rapport de la philosophie à son histoire, qu’il faut prendre comme un objet de réflexion, tout en gardant une certaine objectivité. Le troisième moment porte sur la dénomination de la nature de la philosophie mais surtout de son objet qu’il faut déterminer. Enfin dans une quatrième et dernière partie, on retrouve la difficulté de trouver dans cette démarche ‘’l’essence réelle’’ de la philosophie, dont la solution prendrait forme qu’à la fin du cheminement.

 

 

Notre texte commence par la phrase suivante : « Il y  a un rapport original entre la philosophie et son histoire ». En effet, d’emblée Guéroult affirme l’existence d’une histoire de la philosophie qui apporterait non pas un ‘’corps de vérités’’ comme il est dit à la phrase suivante, mais plutôt son histoire. Il s’agirait alors d’une succession des philosophies cantonnées à un système particulier de définitions propres et de philosophes correspondant à une ‘’époque’’. Le rapport original, particulier doit alors être l’objet de réflexion : « Un fait indubitable que, avant tout définition et toute recherche, l’histoire de la philosophie soutient avec la philosophie en général un rapport spécifique, très différent du rapport entre l’histoire des sciences et les sciences en général ». Plusieurs idées interviennent dans cette phrase. La première serait que la science ‘’pure’’ découle de vérités acquises,  de solutions trouvées qui rendraient obsolètes les conclusions précédentes. A l’inverse, en philosophie les doctrines du présent ne rejettent pas celles du passé. On retrouve donc l’idée que la philosophie n’est pas une science immuable et figée mais au contraire qu’elle se forge dans le renouvellement d’expériences infinies à travers l’histoire. « Bien entendu, ce rapport cesse d’être ce qu’il est lorsqu’il s’agit de substituer à la philosophie telle qu’elle nous est donnée en fait dans l’histoire, un système particulier, qui, conformément à la loi de toute doctrine philosophique particulière, réalise pour son compte la philosophie telle qu’elle devrait exister ».  Ainsi, l’histoire nous laisse sous entendre que la vérité acquise rejette les solutions précédemment trouvées. Cependant, celles-ci ne sont pas pour autant complètement dépassées.

 

 

 

Dés le début de la deuxième partie Martial Guéroult fait le constat de ‘’l’existence d’un rapport spécial entre la philosophie et son histoire’’. Néanmoins ces deux notions peuvent paraître contradictoire. L’histoire d’une part est le récit des évènements passés, la représentation d’évènements dont l’historien ne serait que l’intermédiaire. En effet, il n’a pour mission que de rapporter et de rechercher objectivement des faits passés. Tandis que d’autre part, la philosophie fournit la raison dernière et interne des choses et sa doctrine philosophique se doit d’avoir une portée systématique et universelle. Ce ‘’rapport spécial’’ est donc antinomique puisque l’histoire ne peut placer les différentes doctrines philosophiques au simple rang d’évènements temporels et quant à la philosophie, elle ne peut pas non plus s’élever au dessus de l’histoire : «  A savoir l’existence d’un rapport spécial entre la philosophie et son histoire, on peut le prendre comme objet de réflexion, le critiquer, en chercher la signification, les causes, etc. ». D’autre part, cette cohabitation peut poser quelques doutes sur sa pertinence, il est vrai que si l’histoire de la philosophie apporte une donnée historique, on peut se demander si elle apporte toujours une donnée philosophique ? Et inversement, si l’histoire de la philosophie peut apporter à la fois une donnée historique mêlée à un intérêt philosophique.

Selon Martial Guéroult, « la caractéristique de la philosophie tient à la nature de son objet. » Cela suppose que l’œuvre de la philosophie aurait une parenté avec l’œuvre d’art. Ce qui fait écho à la pensée de Pierre Leroux, philosophe du XIX ème siècle opposé à son confrère Victor Cousin. Il affirmait au même titre, que le philosophe serait plus proche de l’artiste quant au fond des choses que du scientifique. Cependant, l’objet de la philosophie, toujours selon notre auteur, n’est pas de faire connaître ‘’l’origine subjective’’ des philosophies mais plutôt de découvrir leur nature : « Et arriver à déterminer quelle est cette nature. » Effectivement, la pensée de Martial Guéroult est la suivante : si il y a une parenté entre la philosophie et l’art, il existe aussi une faculté partagée avec le scientifique. Il apparaît que les deux s’évertuent à formuler des vérités de jugements, des théories ou plus clairement ‘’des vérités acquises’’. Ainsi, pour le moment, Martial Guéroult ne nous énonce pas de quelle nature dépend la philosophie et n’en dit pas d’avantage.

 

 

 

La quatrième et dernière partie souligne toute la difficulté de trouver la nature de la philosophie : « Mais on voit qu’il s’agit bien là d’un problème », et son essence réelle : « Que seule pourra résoudre toute une longue investigation sur l’essence réelle de la philosophie ». L’auteur part du constat que l’histoire nous montre que les différentes doctrines philosophiques ont voulu s’ériger chacune comme ‘’pilier’’ de la philosophie, prétendant une à une, à la vérité absolue et exclusive. Mais l’obstacle à cette affirmation réside dans le fait, qu’avant de pouvoir émettre un jugement sur la prétendue vérité absolue de telle ou telle doctrine philosophique, il faudrait commencer par trouver sa nature. Et c’est justement la mission de l’historien de la philosophie qui tel un inspecteur, a pour mission de faire une investigation pour trouver la réponse. Biensur il apparaît que cette recherche n’est pas sans réflexions et interrogations et que l’éclaircissement ne peut arriver qu’au bout de l’étude : « Et dont la solution, à notre sens, ne saurait venir qu’à la fin et non au commencement de cette recherche. »

 

 

 

 

Notre texte posait le problème suivant : quelle est la nature de l’objet de la philosophie ? Le texte répond à ce problème en plusieurs moments : il commence par mettre en exergue le rapport original entre l’histoire et la philosophie, et le fait que l’histoire apporterait un objet de réflexion sur le fonctionnement des doctrines philosophiques. Au-delà de cette interrogation, Martial Guéroult va mettre en place les éléments du sujet pour répondre à sa problématique : de quel objet et de quelle nature dépend la philosophie ? A la fin de cette première partie il conclue sur la prétendue cohabitation entre histoire et philosophie. Ainsi, dans la suite de sa réponse, Martial Guéroult pousse à prendre comme objet de réflexion le rapport particulier de la philosophie et de l’histoire. Il tente alors de clarifier son propos prenant l’hypothèse que l’histoire de la philosophie pourrait permettre de trouver la nature et l’objet de cette dernière. Cependant, il n’énonce rien clairement et se contente de poser les bases de sa démarche. Guéroult conclue ainsi en disant que la nature de l’objet de la philosophie ne se dévoilera qu’à la fin, et non pas au début, de cette investigation.

 

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