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Hussards, les - littérature.

Publié le 28/04/2013

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Hussards, les - littérature. 1 PRÉSENTATION Hussards, les, mouvement qui, dans les années 1950, a regroupé de jeunes écrivains opposés au conformisme idéologique et esthétique de l'après-guerre et particulièrement au marxisme et à l'existentialisme sartrien. 2 « LES GROGNARDS ET LES HUSSARDS « En 1952, Bernard Frank (1929-2006), un jeune journaliste et écrivain, publie dans les Temps modernes un article intitulé « les Grognards et les Hussards « qui stigmatise un groupe de jeunes écrivains de Saint-Germain-des-Prés, au premier rang duquel se trouve Roger Nimier, auteur du Hussard bleu (1950). Il les accuse clairement d'être des écrivains « fascistes « (ils ont tous ou presque été proches de l'Action française), et dénonce le fait qu'ils se refusent à céder au conformisme de l'époque, qui consiste à s'engager politiquement, notamment derrière Jean-Paul Sartre. Le terme de « Hussard « aurait, selon certains exégètes, une autre paternité, et serait le fait d'un auteur belge, Willy de Spens, ami de Roger Nimier et Hussard lui-même. En fait, la plupart des Hussards rejettent ce terme, comme Jacques Laurent (« mot que je déteste en bon fantassin «) ou Michel Déon (« pont-aux-ânes des interviewers «), voire nient l'existence même d'un groupe. Le terme « Hussards « ne caractérise donc pas une école, mais un groupe d'écrivains disparate, uni par un idéal aristocratique, une nébuleuse de jeunes écrivains parmi lesquels figurent Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent puis, plus tard Michel Déon. S'apparentent également à ce groupe des auteurs divers, dont Stephen Hecquet (1919-1960), Kleber Haedens (1913-1976), Félicien Marceau, Claude Roy ou François Nourissier. Ces jeunes écrivains de l'après-guerre entendent se situer là où la place est restée vide, après l'épuration engagée par le Comité national des écrivains (CNE) et sa liste noire d'écrivains « interdits «. Les Hussards ont d'ailleurs tenté de réhabiliter des écrivains « censurés «, tels André Fraigneau ou Robert Brasillach. 3 DES DANDYS DÉGAGÉS Ce qui réunit peut-être les Hussards est ce « goût de l'ordre «, cette rupture avec les avant-gardes comme le surréalisme par exemple (« un mouvement littéraire fantôme «, selon Nimier), et une révolte moins conventionnelle, car « non marxiste « (Michel Déon). Car les Hussards sont des marginaux, des rebelles, des avant-gardistes à leur façon (« Nous maudissons l'humanité « affirme Roger Nimier), qui s'opposent au discours dominant et à la pensée unique, notamment celle de Sartre et celle des communistes, tout aussi totalitaires et conformistes que les totalitarismes contre lesquels ils se battent. Une violente querelle entre les Hussards et les sartriens s'engage d'ailleurs après la parution de Paul et Jean-Paul (1951) de Jacques Laurent, qui compare l'oeuvre de l'existentialiste avec celle de l'écrivain du XIXe siècle Paul Bourget. Réactionnaires, les Hussards sont qualifiés d'écrivains « dégagés « par opposition aux écrivains « engagés «. De gauche ou de droite, ils partagent une forme d'anarchisme dédaigneux et désenchanté, un même refus de l'engagement sartrien et affichent par provocation un détachement qui se veut souverain. Souvent, avec pour bagage une formation philosophique, ils s'opposent également à la pensée hégélienne en s'insurgeant contre le dictat de l'histoire, la « pression de l'histoire « comme le dit Jacques Laurent, et condamnent comme Michel Déon « un monde livré à l'anarchie au nom du sacro-saint sens de l'histoire «. 4 DES POÉTIQUES HÉTÉROGÈNES Sur le plan littéraire, les Hussards opposent aux romans engagés et militants, des « récits de l'engagement «, qui montrent l'action politique sans prendre parti. Les écrits des uns et des autres, hétérogènes sur le plan esthétique (jeux de mots et néologismes chez Antoine Blondin, style précieux chez Roger Nimier), et parfois qualifiés de néo-classiques, ont en commun de présenter des personnages à la fois héroïques, solitaires, idéalistes et désabusés. En fait, l'idéal -- stendhalien et romantique -- de ces auteurs est incarné par la figure d'un jeune hussard : né à la croisée de divers personnages empruntés à la littérature chevaleresque et aux récits stendhaliens, cet héritier de Fabrice del Dongo et de Julien Sorel incarne l'égotisme, la recherche du bonheur individuel, et répond à un rêve d'action plutôt qu'au goût de l'action elle-même (voir Stendhal). Si le mouvement des Hussards est circonscrit aux années 1950, il connaît, jusqu'à nos jours, une postérité, ainsi désignée ou autoproclamée. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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