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La Critique Politique Dans Zadig (Voltaire).

Publié le 05/12/2010

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Voltaire est sans aucun doute l’un des écrivains les plus polémiques de l’histoire littéraire française. Au XVIIIème siècle il est tantôt admiré, approuvé mais le plus souvent haï et chassé.

L’auteur provoque et revendique activement des valeurs comme la liberté, la raison, la justice… Idées novatrices et surtout fondamentales qui naissent des réflexions des philosophes des Lumières dont il fait partie intégrante. 

Les régimes politiques de Prusse et d’Angleterre deviennent des modèles. En 1750, Voltaire rejoint la cour de Frédéric II à Berlin ; ce dernier, ouvert aux idées des philosophes, semble montrer que l’absolutisme et la raison ne sont pas incompatibles. Cependant un pamphlet virulent vaudra à l’auteur un emprisonnement à Francfort. Cet épisode montre l’assimilation difficile des idées nouvelles, même au sein de la cour du roi de Prusse qui semblait pourtant être un régent exemplaire. 

Son exil en Angleterre sera pour lui une occasion de découvrir le régime anglais, qui sera le plus engageant à ses yeux et à ceux des penseurs ; le pouvoir royal est contrôlé par un parlement et, depuis 1679, l’habeas corpus protège l’individu contre l’absolutisme. Ce bref aperçu d’une société « éclairée « le fait s’opposer plus que jamais au pouvoir absolu et à ses mécènes ; et il n’est point le seul : les philosophes déploient des trésors d’ingéniosité pour déjouer la censure qui fait rage en France, afin de publier leurs écrits équivoques. Les différentes formes de fiction (le théâtre, le roman, le conte, l’épistolaire…) permettent de déguiser une pensée pour mieux la véhiculer. C’est ainsi qu’il faut lire les contes de Voltaire ; s’il s’inspire de la mode lancée par la traduction des Mille et Une Nuits par Galland, c’est pour séduire son lecteur et mieux lui transmettre sa pensée. 

Nous verrons ainsi que Zadig est, à travers les aspects plaisants du conte, une analyse sévère de l’Europe, et plus précisément des institutions françaises du XVIIIème siècle. 

 

Dans le conte de Zadig s’opposent deux Moabdar : au chapitre 5 nous avons affaire au  « despote éclairé «, à l’image du roi Frédéric II dans les premiers temps,  capable d’accepter la contradiction de Zadig. Un peu plus tard ce dernier sera nommé premier ministre. Cependant dans le chapitre 8, le roi intègre se transforme en tyran dévoré par la jalousie : il ordonne que l’on fasse tuer la reine et son premier ministre, soupçonné d’être amoureux. Zadig se voit dans l’obligation de fuir. Le pouvoir absolu est déployé dans toute son horreur…

Au chapitre 4 nous est présenté le personnage de l’Envieux. C’est à travers lui que Voltaire critique la Cour ; il pense que la jalousie, l’intérêt personnel ou encore l’égocentrisme sont les rouages de la Cour et donc par conséquent du pouvoir. 

Au chapitre seizième, Moabdar fait rechercher sa femme, mais ses officiers se méprennent et amène une autre femme, trouvée errante,  auprès du roi, nous découvrons Missouf, dite La Belle Capricieuse. Moabdar se met en colère contre ses sujets ; mais, ayant examiné d’un peu plus près Missouf, il se trouve subjugué par sa beauté et finit par l’épouser.  Alors le caractère de la belle « se développa tout entier « (l.97 page 107), elle se livre sans crainte à toutes les folies de son imagination, persécute violemment ceux qui se refusent à lui obéir, donne la charge de grand écuyer à son nain (notons le procédé d’ironie : l’antithèse de deux termes opposés : « grand «/ « nain «) et la place de chancelier à un page.  « C’est ainsi qu’elle gouverna Babylone « (l.105 page 107). La critique de l’absolutisme est ici sans équivoque.

Néanmoins, au chapitre 17 s’exprime l’idée d’un roi choisit pour sa vaillance et son bon sens. La démocratie n’est pas bien loin : « il fut reconnu roi d’un consentement unanime « (l. 76-78 pages 141-142).  

 

C’est ainsi que Voltaire aborde de façon ludique d’importants problèmes de société. La narration est rythmée et l’apologue déploie des aspects plaisants afin de mieux convaincre son lecteur ; L'Orient n'est ici qu'un décor et un détour fictifs pour exprimer des jugements sur l'Occident. Les armes de la satire sont abondamment employées, comme l’ironie (voire précédemment), l’hyperbole (qui parodie, amplifie et exagère les archétypes de la fiction orientale pour mieux attaquer les institutions françaises). 

Le traitement des anecdotes parallèles est à la fois comique (le comique naît de la répétition) et humoristique. Le rire naît du motif dérisoire des querelles ; l'ironie, de la disproportion entre celui-ci et leurs conséquences.

En célébrant les noces de la raison et du goût, Voltaire définit par ailleurs les valeurs qui devraient fonder, selon les Lumières, toute activité politique.

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