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La mondialisation conduit-elle à l'uniformisation culturelle ?

Publié le 05/12/2010

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mondialisation

Le terme de mondialisation apparaît pour la 1ère fois dans les années 50, en pleine guerre froide, où l’on redoute l’extension généralisée de l’un des conflits qui ne cessent d’éclater à chaque point du globe. Le sens de ce terme se modifie avec les années 1970, où débute le processus de globalisation économique et financière.

Dans un sens général, la mondialisation constitue le processus selon lequel les phénomènes de divers ordres (économie, environnement, politique, culturels, etc.) acquièrent une dimension planétaire. Dans un sens plus économique, elle désigne l’accroissement puis l’accélération des échanges commerciaux (qui augmentent à une allure plus rapide que la croissance mondiale) , l’internationalisation du capital (investissements directs, éveloppement des firmes multinationales), et l’accroissement des mouvements monétaires et financiers entre les pays (libéralisation des marchés de capitaux à l’échelle planétaire).

La mondialisation, c’est donc d’abord l’abolition des distances et la suppression des anciennes frontières de tous ordres (culturelles, économiques, financières, entre les Etats, dans les modes de vie et les mentalités), grâce aux progrès des technologies de l’information, à l’essor des moyens de communication et de transport.

On peut alors à juste titre se demander dans quelle mesure la mondialisation conduit à l’uniformisation culturelle.La reponse à cette question est contredictoire et provoque des débats infinis.

La mondialisation de l’industrie culturelle est une réalité, mais celle-là ne produit pas que de l’uniformité. Certes l’industrie culturelle du spectacle de masse produit et diffuse à l’échelle planétaire Harry Potter ou les images des Jeux olympiques, les films américains détiennent 83,5% des parts de marché sur leur territoire, 93% si l’on ajoute les co-productions avec des pays européens., mais de l’autre, se maintiennent et prolifèrent une multiplicité de niches culturelles spécifiques : la musique classique occidentale coexiste avec le jazz, le hip-hop avec le rock, la variété avec les musiques traditionnelles. 

L’utilisation des médias et des technologies de l’information et de la communication (TIC) participe largement au dialogue entre les civilisations et les cultures, ainsi qu’au respect et à la compréhension mutuelle des peuples. L'accès d'un nombre croissant d'individus à des réseaux d'information et de communication communs conduit à deux effets :

Le premier est une prise de conscience accrue de la diversité culturelle et de l'interdépendance de l'ensemble des individus. Du fait de la multiplication des sources d'information, cela s'exprime par une meilleure connaissance de l'environnement et des enjeux mondiaux. 

Le deuxième est l'émergence d'une sorte de « culture commune « marquée notamment par le recours à un « anglais de communication « (parfois appelé globish, pour global english et l’apparition de franglais), version appauvrie de la langue anglaise, des références culturelles américaines ou occidentales portées par des produits culturels (cinéma, musique, télévision, informatique) ou des modes de vie (sports occidentaux, cuisine italienne, chinois). Certains y voient un risque d'appauvrissement de la diversité culturelle, voire la domination d'une certaine conception des rapports économiques et sociaux. Selon l'UNESCO, 2500  langues sur les quelque 6000 langues parlées dans le monde sont aujourd'hui en danger et chaque 15 jours une langue disparait.

Yaourt, pizza, fromage ou café, ces produits ont conquis le monde. Qu'ils soient partis de France, de Suisse ou des Etats-Unis, ils sont devenus, chacun dans leur domaine, des références dans de nombreux pays.Mais pour partir à la conquête du monde, les entreprises qui les produisent ont choisi de s'adapter aux goûts et aux couleurs locales au lieu d'imposer un modèle unique de consommation. Archétype de la marque mondiale, présent dans 116 pays, Mac Donald’s n’ignore plus rien des habitudes nationales et adapte son offre en conséquence. A côté de son produit culte - le Big mac -, il propose la salade niçoise en France, la feta en Grèce, le poulet frit à Singapour. 

Il n’existe aujourd’hui d’une seule culture pure mais c’est un grand mélange des cultures différentes et la cause principale de cet effet est les migrations . Mais d’autre côté bien que les causes des migrations soient multiples (politique, économique, choix personnels), une chose est certaine : la société est de plus en plus hétérogène.

 La  mondialisation autorise la prolifération de microcultures spécifiques et redonne vie à des traditions en voie de disparition. De même qu’elle conduit à plus de pauvreté et plus de richesse, la mondialisation produit à la fois plus d’homogénéité et plus de diversité. Vu de loin, les sociétés tendant à converger vers des modes de vie similaires. Si l’on braque maintenant le projecteur au cœur des villes modernes, alors on voit grouiller la diversité des espèces culturelles : les intégristes religieux et les dandys cosmopolites, les cuisines épicées et les fast-foods, les musiques de tous genres, les foyers de culture scientifique et le marché florissant de la nouvelle sorcellerie.

La mondialisation  permet aussi d’entretenir une passion ou de créer une communauté d’affinités qui n’aurait pu exister et s’exprimer à l’échelle d’une ville, d’une région. Ce que décrivait le sociologue Robert Park à propos de la ville est devenu vrai à l’échelle de la planète : Internet est un nouveau laboratoire social, où les individus peuvent se regrouper en fonction de leurs affinités électives. Paradoxe : la mondialisation des marchés et Internet sont de ce point de vue de formidables machines à produire de la différence !

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