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Le mot "dent" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 06/08/2010

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descartes

LES METEORES, DISCOURS SIXIEME, DE LA NEIGE, DE LA PLUIE, ET DE LA GRELE.

 Mais ce qui m'étonna le plus de tout, fut qu'entre ceux de ces grains qui tombèrent les derniers, j'en remarquai quelques-uns qui avaient autour de soi six petites dents semblables à celles des roues des horloges, ainsi que vous voyez vers I ;

 et ces dents étant fort blanches comme du sucre, au lieu que les grains qui étaient de glace transparente semblaient presque noirs, elles paraissaient manifestement être faites d'une neige fort subtile qui s'était attachée autour d'eux depuis qu'ils étaient formés, ainsi que s'attache la gelée blanche autour des plantes.

 Et je connus ceci d'autant plus clairement de ce que tout à la fin j'en rencontrai un ou deux qui avaient autour de soi plusieurs petits poils sans nombre, composés d'une neige plus pâle et plus subtile que celle des petites dents qui étaient autour des autres, en sorte qu'elle lui pouvait être comparée en même façon que la cendre non foulée dont se couvrent les charbons en se consumant, à celle qui est recuite et entassée dans le foyer.

 Seulement avais-je de la peine à imaginer qui pouvait avoir formé et compassé si justement ces six dents autour de chaque grain dans le milieu d'un air libre, et pendant l'agitation d'un fort grand vent, jusques à ce qu'enfin je considérai que ce vent avait pu facilement emporter quelques uns de ces grains au-dessous ou au-delà de quelque nue, et les y soutenir, à cause qu'ils étaient assez petits ;

 Et que cette chaleur fondant d'abord tous les poils qui étaient autour de chaque grain, excepté ceux qui s'étaient trouvés vis-à-vis du milieu de quelqu'un des six autres grains qui l'environnaient, à cause que leur froideur avait empêché son action, la matière de ces poils fondus s'était mêlée aussitôt parmi les six tas de ceux qui étaient demeurés, et les ayant par ce moyen fortifiés et rendus d'autant moins pénétrables à la chaleur, elle s'était gelée parmi eux, et ils avaient ainsi composé ces six dents.

 Après cette nue il en vint une autre qui ne produisait que de petites roses ou roues à six dents arrondies en demi-cercles, telles qu'on les voit vers Q, et qui étaient toutes transparentes et toutes plates, à peu près de même épaisseur que les lames qui avaient précédé, et les mieux taillées et compassées qu'il soit possible d'imaginer.

 Mais il me fut aisé de juger qu'elles s'étaient formées de la même façon que ces lames, excepté que le vent les ayant beaucoup moins pressées et la chaleur ayant peut-être aussi été un peu moindre, leurs pointes ne s'étaient pas fondues tout-à-fait, mais seulement un peu raccourcies et arrondies par le bout en forme de dents.

  Correspondance, année 1639, A Monsieur DE BEAUNE (A HUYGENS) Les éditions contemporaines retiennent Huygens, 10 juin 1639. Les éditions contemporaines datent cette lettre du 6 juin 1639.

 Et pour la mort, dont vous m'avertissez, quoique je sache assez qu'elle peut à chaque moment me surprendre, je me sens encore, grâce à Dieu, les dents si bonnes et si fortes, que je ne pense pas la devoir craindre de plus de trente ans, si ce n'est qu'elle me surprenne.

  Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.).

 La première se fait dans Ie ventricule et dans les intestins, lorsque la nourriture broyée par les dents et avalée par la bouche, ce qui s'entend du boire et du manger, est dissoute et convertie en chyle par la force de la chaleur que le coeur lui communique, et de l'humeur que les artères y ont poussée.

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