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Le mot "dictionnaire" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 07/08/2010

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descartes

Correspondance, année 1629, Au R. P. MERSENNE, 20 novembre 1629.

 et je m’assure, que vous donniez à Monsieur Hardy un bon dictionnaire en chinois, ou en quelque autre langue que ce soit, et un livre écrit en la même langue, il entreprendra d’en tirer le sens.

 car faisant une langue où il n’y ait qu’une façon de conjuguer, de décliner et de construire les mots, qu’il n’y en ait point de défectifs ni d’irréguliers, qui sont toutes choses venues de la corruption de l’usage, et même que l’inflexion des noms ou des verbes et la construction se fassent par affixes, ou devant ou après les mots primitifs, lesquelles affixes soient toutes spécifiées dans le dictionnaire, ce ne sera pas merveille que les esprits vulgaires apprennent en moins de six heures à composer en cette langue avec l’aide du dictionnaire, qui est le sujet de la première proposition.

 Et de plus, il est à noter qu’il peut en son dictionnaire, pour les mots primitifs, se servir de ceux qui sont en usage en toutes les langues, comme de synonymes :

 car, mettant en son dictionnaire un seul chiffre, qui se rapporte à aimer, amare, philein, et tous les synonymes, le livre qui sera écrit avec ces caractères pourra être interprété par tous ceux qui auront ce dictionnaire.

 mais il ne sera aussi entendu que par ceux de son pays, sinon par écrit, lorsque celui qui le voudra entendre prendra la peine de chercher tous les mots dans le dictionnaire, ce qui est trop ennuyeux pour espérer qu’il passe en usage.

 à savoir qu’il fît imprimer un gros dictionnaire en toutes les langues en lesquelles il voudrait être entendu, et mît des caractères communs pour chaque mot primitif, qui répondissent au sens, et non pas aux syllabes, comme un même caractère pour aimer, amare, et philein ;

 et ceux qui auraient ce dictionnaire et sauraient sa grammaire pourraient, en cherchant tous ces caractères l’un après l’autre, interpréter en leur langue ce qui serait écrit ;

 mais cela ne serait bon que pour lire des mystères et des révélations, car pour d’autres choses, il faudrait n’avoir guère à faire, pour prendre la peine de chercher tous les mots dans un dictionnaire, et ainsi je ne vois pas ceci de grand usage.

Correspondance, année 1629, Au R. P. MERSENNE, 20 novembre 1629.

 et je m’assure, que vous donniez à Monsieur Hardy un bon dictionnaire en chinois, ou en quelque autre langue que ce soit, et un livre écrit en la même langue, il entreprendra d’en tirer le sens.

 car faisant une langue où il n’y ait qu’une façon de conjuguer, de décliner et de construire les mots, qu’il n’y en ait point de défectifs ni d’irréguliers, qui sont toutes choses venues de la corruption de l’usage, et même que l’inflexion des noms ou des verbes et la construction se fassent par affixes, ou devant ou après les mots primitifs, lesquelles affixes soient toutes spécifiées dans le dictionnaire, ce ne sera pas merveille que les esprits vulgaires apprennent en moins de six heures à composer en cette langue avec l’aide du dictionnaire, qui est le sujet de la première proposition.

 Et de plus, il est à noter qu’il peut en son dictionnaire, pour les mots primitifs, se servir de ceux qui sont en usage en toutes les langues, comme de synonymes :

 car, mettant en son dictionnaire un seul chiffre, qui se rapporte à aimer, amare, philein, et tous les synonymes, le livre qui sera écrit avec ces caractères pourra être interprété par tous ceux qui auront ce dictionnaire.

 mais il ne sera aussi entendu que par ceux de son pays, sinon par écrit, lorsque celui qui le voudra entendre prendra la peine de chercher tous les mots dans le dictionnaire, ce qui est trop ennuyeux pour espérer qu’il passe en usage.

 à savoir qu’il fît imprimer un gros dictionnaire en toutes les langues en lesquelles il voudrait être entendu, et mît des caractères communs pour chaque mot primitif, qui répondissent au sens, et non pas aux syllabes, comme un même caractère pour aimer, amare, et philein ;

 et ceux qui auraient ce dictionnaire et sauraient sa grammaire pourraient, en cherchant tous ces caractères l’un après l’autre, interpréter en leur langue ce qui serait écrit ;

 mais cela ne serait bon que pour lire des mystères et des révélations, car pour d’autres choses, il faudrait n’avoir guère à faire, pour prendre la peine de chercher tous les mots dans un dictionnaire, et ainsi je ne vois pas ceci de grand usage.

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