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Le mot "indigne" dans l'oeuvre de René DESCARTES

Publié le 09/08/2010

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descartes

Règles pour la direction de l’esprit, Règle deuxième.

 Et quoique les savants se persuadent peut-être que les connaissances de cette espèce sont en bien petit nombre, parce que sans doute, par un vice naturel à l’esprit humain, ils ont négligé de porter leur attention sur ces objets, comme trop faciles et à la portée de tous, je ne crains pas cependant de leur déclarer qu’elles sont plus nombreuses qu’ils ne pensent, et qu’elles suffisent pour démontrer avec évidence un nombre infini de propositions, sur lesquelles ils n’ont pu émettre jusqu’ici que des opinions probables, opinions que bientôt, pensant qu’il était indigne d’un savant d’avouer qu’il ignore quelque chose, ils se sont habitués à parer de fausses raisons, de telle sorte qu’ils ont fini par se les persuader à eux-mêmes, et les ont débitées comme choses avérées.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

 c’est à savoir que, n’ayant écrit que six Méditations touchant la première philosophie, les lecteurs s’étonneront que dans les deux premières je ne conclue rien autre chose que ce que je viens de dire tout maintenant, et que pour cela ils les trouveront trop stériles, et indignes d’avoir été mises en lumière.

 mais ils pèchent, ou de ce qu’ils résistent à la grâce divine qui les avertit intérieurement, ou que, péchant en d’autres choses, ils se rendent indignes de cette grâce, Et je dirai hardiment qu’un infidèle qui, destitué de toute grâce surnaturelle et ignorant tout à fait que les choses que nous autres chrétiens croyons ont été révélées de Dieu, néanmoins, attiré par quelques faux raisonnements, se porterait à croire ces mêmes choses qui lui seraient obscures, ne serait pas pour cela fidèle, mais plutôt qu’il pécherait en ce qu’il ne se servirait pas comme il faut de sa raison.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION TROISIEME.

 toutes lesquelles choses sont obscures, impropres, et très indignes de la netteté ordinaire de Monsieur Descartes.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 62.

Mais lorsqu’il nous est représenté comme appartenant à d’autres hommes, nous pouvons les en estimer dignes ou indignes ;

 Mais si nous les en estimons indignes, le bien excite l’envie, et le mal la pitié, qui sont des espèces de tristesse.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 169.

 et il ne craindrait pas de perdre ce bien s’il ne jugeait pas qu’il en est indigne ou bien que sa femme est infidèle.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 182.

 L’envie donc, en tant qu’elle est une passion, est une espèce de tristesse mêlée de haine qui vient de ce qu’on voit arriver du bien à ceux qu’on pense en être indignes.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 183.

Mais lorsque la fortune envoie des biens à quelqu’un dont il est véritablement indigne, et que l’envie n’est excitée en nous que parce qu’aimant naturellement la justice, nous sommes fâchés qu’elle ne soit pas observée en la distribution de ces biens, c’est un zèle qui peut être excusable, principalement lorsque le bien qu’on envie à d’autres est de telle nature qu’il se peut convertir en mal entre leurs mains ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 185.

La pitié est une espèce de tristesse mêlée d’amour ou de bonne volonté envers ceux à qui nous voyons souffrir quelque mal duquel nous les estimons indignes.

  Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.

 Toutefois, parce que l’ignorance du monde est telle qu’on loue souvent ceux en qui les biens de la fortune abondent, et qu’on ne croit pas que cette déesse soit si aveugle que d’enrichir de ses faveurs ceux qui ne l’ont point du tout mérité, si elle vous a fait part de quelque chose qui soit de conséquence, et qui, pour cela, vous relève un peu au dessus des autres, je confesse que vous n’êtes pas tout à fait indigne de louange.

  Correspondance, année 1642, A MONSIEUR *** (Monsieur de Zuytlichem), 8 octobre 1642. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 octobre 1642.).

 Il consiste en la considération de la nature de nos âmes, que je pense connaître si clairement devoir durer après cette vie, et être nées pour des plaisirs et des félicités beaucoup plus grandes que celles dont nous jouissons en ce monde, pourvu que par nos dérèglements nous ne en rendions point indignes, et que nous ne nous exposions point aux châtiments qui sont préparés aux méchants, que je ne puis concevoir autre chose de la plupart de ceux qui meurent, sinon qu’ils passent dans une vie plus douce et plus tranquille que la nôtre, et que nous les irons trouver quelque jour, même avec la souvenance du passé ;

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