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Le mot "vision" de l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 10/08/2010

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descartes

LA DIOPTRIQUE, DISCOURS PREMIER, DE LA LUMIERE.

 puis, ayant fait une briève description des parties de l'oeil, je dirai particulièrement en quelle sorte se fait la vision ;

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS CINQUIEME, DES IMAGES QUI SE FORMENT SUR LE FOND DE L'OEIL.

 car je pourrai par même moyen vous faire entendre plusieurs choses qui appartiennent à la vision.

 car c'est pour cela qu'ils ont dit que la vision se fait principalement suivant la ligne droite, qui passe par les centres de l'humeur cristalline et de la prunelle, telle qu'est ici la ligne XKLS, qu'ils nomment l'essieu de la vision.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SIXIEME, DE LA VISION.

 et que la vision distincte de ces couleurs ne dépend pas seulement de ce que tous les rayons, qui viennent de chaque point de l'objet, se rassemblent à peu près en autant d'autres divers points au fond de l'oeil, et de ce qu'il n'en vient aucuns autres d'ailleurs vers ces mêmes points, ainsi qu'il a été tantôt amplement expliqué ;

La vision de la distance ne dépend non plus que celle de la situation d'aucunes images envoyées des objets, mais, premièrement, de la figure du corps de l'oeil ;

Mais, afin que vous ne puissiez aucunement douter que la vision ne se fasse ainsi que je l'ai expliquée, je vous veux faire encore ici considérer les raisons pourquoi il arrive quelquefois qu'elle nous trompe, Premièrement, à cause que c'est l'âme qui voit, et non pas l'oeil, et qu'elle ne voit immédiatement que par l'entremise du cerveau, de là vient que les frénétiques, et ceux qui dorment, voient souvent, ou pensent voir, divers objets qui ne sont point pour cela devant leurs yeux :

 à savoir quand quelques vapeurs, remuant leur cerveau, disposent celles de ses parties qui ont coutume de servir à la vision, en même façon que feraient ces objets, s'ils étaient présents, Puis, à cause que les impressions, qui viennent de dehors, passent vers le sens commun par l'entremise des nerfs, si la situation de ces nerfs est contrainte par quelque cause extraordinaire, elle peut faire voir les objets en d'autres lieux qu'ils ne sont.

 d'où il suit que l'axiome de l'ancienne optique, qui dit que la grandeur apparente des objets est proportionnée à celle de l'angle de la vision, n'est pas toujours vrai.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SEPTIEME, DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA VISION.

Maintenant que nous avons assez examiné comment se fait la vision, recueillons en peu de mots et nous remettons devant les yeux toutes les conditions qui sont requises à sa perfection, afin que, considérant en quelle sorte il a déjà été pourvu à chacune par la nature, nous puissions faire un dénombrement exact de tout ce qui reste encore à l'art à y ajouter.

 car, outre qu'il serait peut-être assez malaisé à déterminer par géométrie, entre une infinité de figures qui peuvent servir à ce même effet, celles qui y sont exactement les plus propres, il serait entièrement inutile, à cause que l'oeil même ne faisant pas que tous les rayons qui viennent de divers points s'assemblent justement en autant d'autres divers points, elles ne seraient pas sans doute pour cela les plus propres à rendre la vision bien distincte ;

 Et ainsi l'eau EF faisant l'office de l'humeur K, le verre GHI celui de la peau BCD, et l'entrée du tuyau GI celui de la prunelle, la vision se fera en même façon que si la nature avait fait l'oeil plus long qu'il n'est de toute la longueur de ce tuyau.

Puis outre cela, lorsqu'on se sert des lunettes dont nous venons de parler, d'autant qu'elles rendent la prunelle inutile, et que c'est l'ouverture par où elles reçoivent la lumière de dehors qui fait son office, c'est elle aussi qu'on doit élargir ou étrécir, selon qu'on veut rendre la vision plus forte ou plus faible.

 car il est manifeste que si on la faisait plus grande, il n'entrerait point pour cela dans l'oeil plus de rayons du point vers lequel on dresse sa vue, et que pour ceux qui y viendraient de plus des autres lieux, ne pouvant aider à la vision, ils ne feraient que la rendre plus confuse.

 Et si cette ligne Sl n'est pas plus grande que le diamètre de l'oeil, la vision sera aussi forte à peu près et aussi claire que si on ne se servait point de lunettes, et que les objets fussent en récompense plus proches qu'ils ne sont, d'autant qu'ils paraissent plus grands.

 Et si on peut faire cette distance entre les points S et I encore moindre, la vision sera encore plus claire.

 car pour ceux qui sont accessibles l'ouverture du tuyau peut être d'autant plus étroite qu'on les en approche davantage, sans pour cela que la vision en soit moins claire.

 car, plus cette entrée sera étroite, plus la vision sera distincte, ainsi qu'il a été dit ci-dessus de la prunelle.

 car ces rayons, ne servant point à la vision, y pourraient nuire.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS NEUVIEME, LA DESCRIPTION DES LUNETTES.

 et que la vision pourra être plus forte et plus claire, à cause que l'autre verre pourra être plus grand ;

 car de là entrant dans le tuyau, quelques-uns d'eux se pourraient réfléchir vers l'oeil et affaiblir d'autant la vision, parce qu'encore que ce tuyau doive être tout noir par le dedans, il ne le peut être toutefois si parfaitement que sa matière ne cause toujours quelque peu de réflexion, lorsque la lumière est fort vive, ainsi qu'est celle du soleil.

Au reste si vous faites un peu de réflexion sur tout ce qui a été dit ci-dessus, et particulièrement sur ce que nous avons requis de la part des organes extérieurs pour rendre la vision la plus parfaite qu'elle puisse être, il ne vous sera pas malaisé à entendre que par ces diverses façons de lunettes on y ajoute tout ce que l'art y peut ajouter, sans qu'il soit besoin que je m'arrête à vous en déduire la preuve tout au long.

  L'HOMME.

La réfraction qui se fait en l'humeur cristalline sert à rendre la vision plus forte, et ensemble plus distincte :

La couleur noire, tant de la superficie intérieure de la peau EF, que des petits filets EN, sert aussi à rendre la vision plus distincte :

Le changement de grandeur qui arrive à la prunelle sert à modérer la force de la vision ;

La petitesse de la prunelle sert aussi à rendre la vision plus distincte, car vous devez savoir que, quelque figure que puisse avoir l'humeur cristalline, il est impossible qu'elle fasse que les rayons qui viennent de divers points de l'objet s'assemblent tous exactement en autant d'autres divers points :

 d'où vient que, si la vision d'un même oeil est moins forte une fois que l'autre, elle sera aussi moins distincte, soit que cela vienne de l'éloignement de l'objet, soit de la débilité de la lumière ;

 parce que, la prunelle étant plus grande, quand elle est moins forte, cela rend aussi la vision plus confuse.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

 Or ce qui est ici grandement à remarquer, c'est que sa perception n'est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il le semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont en elle, et dont elle est composée.

 d'où je voudrais presque conclure, que l'on connaît la cire par la vision des yeux, et non par la seule inspection de l'esprit, si par hasard je ne regardais d'une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, à la vue desquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes, tout de même que je dis que je vois de la cire ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.

 mais, lorsque notre vue s'arrête sur une partie de la mer seulement, cette vision alors peut être fort claire et fort distincte, comme aussi l'imagination d'un chiliogone, lorsqu'elle s'étend seulement sur un ou deux de ses côtés.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, Axiomes ou Notions communes.

 Mais cette vision ne touche point l'esprit, sinon en tant qu'elle est une idée :

  Correspondance, année 1636, Au R. P. MERSENNE, mars 1636.

 En la Dioptrique, outre la matière des réfractions et l'invention des lunettes, j'y parle aussi fort particulièrement de l'oeil, de la lumière, de la vision, et de tout ce qui appartient à la catoptrique et à l'optique.

  Correspondance, année 1638, RÉPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORIN, 13 juillet 1638.

 et j'ai désiré qu'on reçut de même façon ce que j'ai écrit en la Dioptrique de la nature de la lumière, afin que la force des démonstrations mathématiques, que j'ai tâché d'y mettre, ne dépendît d'aucune opinion physique, comme j'ai assez déclaré en la page 3, et si l'on peut imaginer la lumière de quelqu'autre façon, par laquelle on explique toutes celles de ses propriétés que l'expérience fait connaître, on verra que tout ce que j'ai démontré des réfractions, de la vision et du reste en pourra être tiré tout de même que de celle que j'ai proposée.

 et enfin si on compare ce que j'ai déduit de mes suppositions, touchant la vision, le sel, les vents, les nues, la neige, le tonnerre, l'arc-en-ciel, et choses semblables, avec ce que les autres ont tiré des leurs, touchant les mêmes matières, j'espère que cela suffira pour persuader à ceux qui ne sont point trop préoccupés, que les effets que j'explique n'ont point d'autres causes que celles dont je les déduis ;

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 15 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 25 janvier 1638).

 Je ne trouve pas étrange que Monsieur Mydorge ne soit pas d'accord avec moi en plusieurs choses de ce que j'écris de la vision, car c'est une matière qu'il a ci-devant beaucoup étudiée, et n'ayant pas suivi les mêmes principes que moi, il doit avoir pris d'autres opinions ;

  Correspondance, année 1641, A Monsieur REGIUS, Novembre 1641. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de décembre 1641.).

 d'où il s'ensuit aussi que, lorsque ces noms sont appliqués à des choses immatérielles, il faut considérer en elles quelque chose d'analogue au mouvement, et qu'il faut appeler action celle qui est de la part du moteur, telle qu'est la volition dans l'âme, et passion de la part de la chose mue, comme l'intellection et la vision dans la même âme.

  Correspondance, année 1648, REPONSE DE Monsieur DESCARTES. (Cette lettre est adressée à Arnauld), 29 juillet 1648.

 Enfin comme nous mettons distinction entre la vision directe et la réfléchie, en ce que celle-là dépend de la première rencontre des rayons, et l'autre de la seconde ;

descartes

« Et si cette ligne Sl n'est pas plus grande que le diamètre de l'oeil, la vision sera aussi forte à peu près et aussi claire que si on nese servait point de lunettes, et que les objets fussent en récompense plus proches qu'ils ne sont, d'autant qu'ils paraissent plusgrands. Et si on peut faire cette distance entre les points S et I encore moindre, la vision sera encore plus claire. car pour ceux qui sont accessibles l'ouverture du tuyau peut être d'autant plus étroite qu'on les en approche davantage, sans pourcela que la vision en soit moins claire. car, plus cette entrée sera étroite, plus la vision sera distincte, ainsi qu'il a été dit ci-dessus de la prunelle. car ces rayons, ne servant point à la vision, y pourraient nuire. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS NEUVIEME, LA DESCRIPTION DES LUNETTES. et que la vision pourra être plus forte et plus claire, à cause que l'autre verre pourra être plus grand ; car de là entrant dans le tuyau, quelques-uns d'eux se pourraient réfléchir vers l'oeil et affaiblir d'autant la vision, parce qu'encoreque ce tuyau doive être tout noir par le dedans, il ne le peut être toutefois si parfaitement que sa matière ne cause toujoursquelque peu de réflexion, lorsque la lumière est fort vive, ainsi qu'est celle du soleil. Au reste si vous faites un peu de réflexion sur tout ce qui a été dit ci-dessus, et particulièrement sur ce que nous avons requis dela part des organes extérieurs pour rendre la vision la plus parfaite qu'elle puisse être, il ne vous sera pas malaisé à entendre quepar ces diverses façons de lunettes on y ajoute tout ce que l'art y peut ajouter, sans qu'il soit besoin que je m'arrête à vous endéduire la preuve tout au long. L'HOMME. La réfraction qui se fait en l'humeur cristalline sert à rendre la vision plus forte, et ensemble plus distincte : La couleur noire, tant de la superficie intérieure de la peau EF, que des petits filets EN, sert aussi à rendre la vision plus distincte : Le changement de grandeur qui arrive à la prunelle sert à modérer la force de la vision ; La petitesse de la prunelle sert aussi à rendre la vision plus distincte, car vous devez savoir que, quelque figure que puisse avoirl'humeur cristalline, il est impossible qu'elle fasse que les rayons qui viennent de divers points de l'objet s'assemblent tousexactement en autant d'autres divers points : d'où vient que, si la vision d'un même oeil est moins forte une fois que l'autre, elle sera aussi moins distincte, soit que cela viennede l'éloignement de l'objet, soit de la débilité de la lumière ; parce que, la prunelle étant plus grande, quand elle est moins forte, cela rend aussi la vision plus confuse. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde. Or ce qui est ici grandement à remarquer, c'est que sa perception n'est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination,et ne l'a jamais été, quoiqu'il le semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite etconfuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plusou moins aux choses qui sont en elle, et dont elle est composée. d'où je voudrais presque conclure, que l'on connaît la cire par la vision des yeux, et non par la seule inspection de l'esprit, si parhasard je ne regardais d'une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, à la vue desquels je ne manque pas de dire que je voisdes hommes, tout de même que je dis que je vois de la cire ; MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS. mais, lorsque notre vue s'arrête sur une partie de la mer seulement, cette vision alors peut être fort claire et fort distincte, commeaussi l'imagination d'un chiliogone, lorsqu'elle s'étend seulement sur un ou deux de ses côtés.. »

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