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Le Roman N'Est-Il Que Pure Fiction ?

Publié le 30/09/2010

Extrait du document

 

I/ Certes le roman n’est qu’une œuvre de pure imagination :

 

   1) Personnages trop caricaturaux pour être réels (Dans Candide de Voltaire, Le Professeur Pangloss)

 

   2) Roman d’héroic fantasy  ( Actes héroïques. + Merveilleux

 

   3) cadres spatio-temporels fictifs (science fiction).

 

   4) Roman Fantastique (Pas d’explication plausible). (Le Horla, Maupassant).

 

II/ Mais n’y a-t-il pas une part de vérité, de réalisme ?

 

1) Roman d’éducation.

 

   2) Personnages ayant vraiment existé (l’Homme qui rit, Nicolas Poussin, personnage           historique).

 

   3) Roman policier (Situations Réalistes et directement inspirée de faits divers).

 

   4) Lieux existant réellement (Marchiennes et ses environs, Germinal).

 

   5) Roman autobiographique

 

6) Roman à clés

 

   Dans un roman récent (Le Chœur des femmes, Martin Winckler), l’auteur écrit en avertissement : « Ce livre est un roman : les personnages, l’Unité 77, la vile de Tourmens, son CHU et les évènements qui s’y déroule sont imaginaires. Mais presque tout le reste est vrai. «

 

Le roman est un genre littéraire qui a évolué de différente façon. Les anciens romans étaient des récits imaginaires, qui contaient les exploits héroïques des chevaliers et des guerriers. Mais maintenant on trouve de plus en plus de romans qui sont fidèles à la réalité. Alors le roman n’est-il que pure fiction ? Ou son histoire est, au contraire, véridique ? Certes le roman n’est qu’une œuvre de pure imagination, mais n’y aurait il pas une part de vérité, de réalisme dans son contenu ?

 

Certes le roman n’est qu’une œuvre de pure imagination. Il y a des personnages trop caricaturaux pour être vraisemblables, et exister dans un monde réel. Dans Candide, Voltaire rassemble en un seul personnage une grande quantité des travers de l’espèce humaine. Cet homme est le professeur Pangloss. Le nom même de Pangloss est parodique : il signifie toute langue, en grec. On peut l’interpréter par le fait qu’il ne fait que parler et suggère des bavardages qui n’ont pas de sens. Dès sa première apparition dans Candide, il se distingue par deux traits: oracle de la maison et dogmatique. Ses discours sont ridicules. Pour le prouver, Voltaire devance le jugement du lecteur en annonçant que Pangloss enseigne la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Mais le terme s’achève burlesquement par l'expression « nigologie « : la science, logos en grec, des nigauds « nigo «. Pangloss fait des raisonnements particulièrement défectueux : les nez ne furent pas inventés pour les lunettes, mais les lunettes pour les yeux faibles ; ce sont les chaussures qui ont été conçues pour protéger les jambes, et non l'inverse, et les pierres n'étaient pas destinées à être taillées... L’accumulation de tels exemples, avec des phrases construites sur un même schéma, crée un effet comique. Il est comparable à une caricature des hommes et cela le rend peu crédible et peu croyable. Mais les actes eux même du héros peuvent justifier la part de fiction du roman.

Les actes héroïques dans les romans « d’héroic fantasy « sont issus de l’imagination de l’auteur. Le personnage principal doit, le plus souvent, sauver son pays ou même le monde entier, délivrer une princesse, combattre d’énormes créatures… On y retrouve souvent des personnages tels que les elfes, les nains, les centaures, les trolls qui sont tous imaginaires. Le héros possède généralement de nombreux pouvoirs magiques, comme dans le livre Eragon de Christopher Paolini. Eragon est capable de comprendre « l’ancien langage « et de communiquer avec la nature environnante. Il possède un dragon avec qui il peut communiquer par télépathie. Il vit dans une terre imaginaire : « l’Alagaësia «. Il y a la forêt du « Du Weldenvarden « où habitent les elfes et les Montagnes de « Beors « où vivent les nains. Eragon est l’un des tous derniers dragonniers. Il se rebelle contre l’empereur pour délivrer les populations de la dictature mise en place. Il apprend pour cela à se servir de la magie qui coule dans ses veines. Il y à énormément de livre de ce genre comme EverWorld de Applegate, ou Le Seigneur Des Anneaux de Tolkien. Le genre merveilleux regroupe aussi de nombreux personnages imaginaires comme les sorcières ou les magiciens. Le héros est courageux et intelligent. Ce sont souvent des histoires, simples, courtes et destinées aux plus jeunes. Mais ces histoires reprennent les mêmes caractéristiques que le roman « d’héroic fantasy «. Le cadre spatio-temporel est aussi une indication sur la part fictive de l’œuvre.

Dans les histoires de sciences fictions, très souvent, l’action se passe dans le futur. Elle est donc imaginaire. Comment le romancier peut il deviner qu’en 2050 nous possèderont tous des voitures volantes, le pouvoir de se téléporter et bien d’autre chose ? Le cadre spatial est aussi un indice sur l’exactitude de l’œuvre. Si l’histoire se passe dans une base spatial sur Mars, les lecteurs auront du mal à trouver l’histoire tirée de faits réels. Aussi, dans certains romans, il n’y a parfois pas de raison plausible pour expliquer un phénomène.

Le fantastique est un genre littéraire avec une intrigue parfois irrésoluble. Dans le Horla de Guy de Maupassant, le protagoniste à l’impression d’être hanté. Chaque soir il pose sur une table dans sa chambre une carafe d’eau. Le matin, cette dernière est vide et pourtant sa chambre est fermée à clé et ses volets scellés. Il est fiévreux durant un mois d’affiler suite au passage d’un bateau brésilien près de chez lui. Il se croit sujet à des hallucinations mais il pense très vite à l’existence d’une nouvelle espèce dominante et invisible. Pour se persuader qu’il n’est pas somnambule, il se barbouilla les lèvres, la moustache et la barbe de mine de plomb. Il enveloppa aussi tous les objets de sa chambre de mousseline blanche. A son réveil, tous les objets étaient demeurés immaculé. Mais l’eau de la carafe avait été bue. Pendant tout le mois de printemps, le protagoniste va mieux. Il n’a plus de fièvre et il a retrouvé toute sa gaieté. Il apprend alors que son voisin est très fiévreux et qu’au Brésil il y a une épidémie de fièvre, pays d’origine du bateau passé près de chez lui. Plus surprenant encore, quand le héros se regarde dans la glace, il ne voit pas son reflet. Pris de terreur, le narrateur enferma « le horla « dans sa chambre et met feu à sa maison. Des cris de souffrances lui rappelèrent qu’il y avait ses domestiques à l’intérieur. Il finira par devenir fou. Un autre exemple dans L’auberge de Guy de Maupassant, où à la fin, on ne sait toujours pas ce qu’il est arrivé à Gaspard Hari, un guide de haute montagne. Il a disparu un beau matin, laissant son compagnon, Ulrich, seul. Ce dernier finira fou après de maintes recherches dans les montagnes et des saouleries continues. Il aura eu l’impression d’être hanté. Il entendait des plaintes tout au long de la journée, des grattements à sa porte… Il sera retrouvé très amaigris, son chien mort, ses cheveux et sa barbe blanche. Il ressemblait dorénavant à une vieille personne. Il était dans l’incapacité de parler. Et jamais ils ne retrouvèrent Gaspard Hari, son fidèle compagnon. Mais dans les romans, n’y a-t-il pas une part de vérité, de réalisme ?

 

Oui, les romans ne peuvent pas être que de la fiction. On peut avoir une évolution du personnage au fil du roman comme dans Le Père Goriot de Balzac. C’est un roman d’apprentissage qui met en scène un personnage, Eugène de Rastignac, qui est au début du livre, jeune et sans expérience. C’est un provincial qui arrive à Paris pour y faire ses études. Il va se laisser gagner par l'ambition sociale : le lecteur suit, tout au long du roman l'apprentissage de la vie parisienne, passage obligé pour réussir. Au cours du roman, il va être confronté à différentes situations qui vont le faire "grandir" et acquérir de la maturité et une personnalité : il évolue socialement, moralement, intellectuellement. A la fin du roman, il a assimilé toutes sortes de connaissances qui font de lui un personnage averti et aguerri.  Autre exemple dans Candide de Voltaire. Dans ce roman philosophique Voltaire fait évoluer son personnage naïf, qui croit que "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles". Candide va se rendre compte, au fur et à mesure, de ses expériences que le mal existe et que l'homme en est la cause. Très attaché à l'enseignement de son maître Pangloss, il parviendra à penser par lui-même et à agir seul. Un des personnages du roman a pu vraiment existé.

Dans certaines œuvres, l’auteur met en scène un personnage ayant réelement vécu. C’est le cas de Voltaire dans L’homme qui rit, où il met en scène Nicolas Poussin, un peintre classique du 17ème siècle. Un autre exemple avec Marcel Pagnol qui met sa famille et lui-même en scène dans ses romans autobiographique : la gloire de mon père, le château de ma mère, le temps des secrets et le temps des amours. Ces romans content l’histoire du jeune Marcel Pagnol qui habite en Provence avec ses parents. Tous les personnages et les lieux ont vraiment existés. En préface du premier livre autobiographique, la gloire de mon père, il écrit un petit préface : « Dans ces "Souvenirs", je ne dirai de moi ni mal ni bien ; ce n'est pas de moi que je parle, mais de l'enfant que je ne suis plus. C'est un petit personnage que j'ai connu et qui s'est fondu dans l'air du temps (…) «. Marcel Pagnol nous affirme qu’il raconte sa propre enfance comme il va vécu sans se dénigrer ou se vanter. Un autre auteur d’un genre romanesque différent se compare aussi avec son héro. C’est Gustave Flaubert qui nous dit, dans le livre Mme Bovary, « Mme de Bovary c’est moi «. Peut-être faut-il y voir d’abord le désir de Flaubert de couper court à l’enquête sur ces sources, de la partie réaliste de son œuvre, en rappelant utilement la part de l’écrivain dans sa création. Flaubert a écrit dans son roman ses propres inquiétudes, sa manière de penser... Son roman est l’histoire d’un échec. Madame Bovary se détruit lentement. Cependant la vérité essentielle du livre, c’est que l’idéalisme n’a pas sa place dans un monde où triomphent les intérêts mesquins et la bêtise. Emma est une victime. Les vrais coupables ne sont pas punis : Rodolphe n’éprouve aucun remords et dort du sommeil du juste… Même les coupables sont récompensés et honorés. Mais il n’y a pas que les personnes ayant vraiment existés qui donnent des idées aux romanciers. L’actualité est aussi une source d’inspiration.

Dans son roman, Le Rouge Et Le Noir, Stendhal s’est inspiré d’un fait divers : l’affaire Berthet. Ce fait divers s’est passé à Brangues, petit village de sa région. Antoine Berthet, fils de petits artisans, qu'un curé remarqua très tôt pour son intelligence. Mais Berthet  quitta vite le séminaire pour trouver un emploi. Il devint alors le précepteur des enfants de la famille Michoud, puis rapidement, l'amant de Madame Michoud, qu'il dut quitter. Berthet trouve une nouvelle place de précepteur, dans une famille noble cette fois : les Cordon, où il séduit la fille de son employeur, qui le chasse sans attendre. Contrarié de n'avoir rien trouvé à la hauteur de son intelligence, Berthet décide de se venger. Il entre dans l'église de son village au moment où le vieux curé dit la messe, et il tire un coup de pistolet sur son ancienne maîtresse, Madame Michoud. Son procès a eu lieu en décembre 1827. Il a été  exécuté le 23 février 1828 à l’âge de 25 ans. Dans son roman, Stendhal met en scène Julien Sorel, 19 ans, fils de charpentier, qui est quelqu’un de très intelligent. Julien Sorel devient précepteur des enfants de M. de Rênal, maire de la ville de Verrières. Il conquiert le cœur de Mme de Rênal. Mais. M. de Rênal finit par avoir vent de la liaison adultère, et chasse Sorel de la ville. Mais Sorel ne cessera d’aimer Mme de Rênal. Il entre finalement au séminaire de Besançon, où l’abbé Pirard lui proposera le poste de secrétaire du marquis de la Mole. Il ne tardera pas à séduire la fille du marquis, Mathilde, qui, enceinte, convaincra son père de la marier à Sorel. Mais quand ils sont sur le point de se marier, le Marquis reçoit une lettre de Mme de Rênal qui le met en garde contre son futur beau-fils qui est un menteur. Sorel, fou de colère, se rend à Verrières où il tente d’assassiner son ancienne maîtresse. Mais il échoue. Il est alors emprisonné puis condamné à mort. Stendhal écrit même dans son roman : « Le roman est un miroir que l’on promène le long d’un chemin «. Miroir et chemin sont des métaphores qui désignent le reflet de la réalité sur le parcourt d'une vie. Il veut dire par là que le roman se doit d'être réel, mais que cela reste partiel. Comme un miroir inverse la droite et la gauche par exemple. Il ne faut rester superficiel par rapport à la réalité. Le roman aura, de toute façon, une partie fictive car Stendhal n’a pas écrit de roman autobiographique. Par contre les lieux peuvent exister réellement.

Emile Zola s’est comporté en véritable journaliste, pour son livre Germinal, constituant des dossiers, faisant des plans de Marchiennes, de Montsou, des mines, du coron…  Et se rendant sur le terrain pour rencontrer le monde ouvrier. Il fit des croquis précis jusqu'à même représenter les routes et les chemins de fer. Il décrit le paysage minier très précisément. Zola a donc situé le roman au niveau géographique, il utilise pour cela des descriptions du paysage qui fait immanquablement penser au Nord de la France de par sa platitude et ses champs de betterave. Tout comme Marcel Pagnol dans ses romans autobiographique où il a reconstitué tel quel les lieux de son enfance, Aubagne et Marseille principalement. La réalité peut aussi être racontée mais de façon plus ou moins censurée quand elle dénonce des périodes historiques durs et très importantes.

George Orwell dénonce le régime soviétique, mis en place dans tout l’URSS dans son roman à clés : La ferme des animaux. Il fait revivre la dictature à travers des animaux qui prennent les traits des humains. C’est l’histoire d’une ferme qui se rebelle contre son fermier, Mr Jones, qui maltraite ses animaux. Le fermier est chassé de chez lui. Les cochons Napoléon et Boule de Neige sont les nouveaux dirigeants et instaurent quelques règles simples. Un jour Mr Jones et d’autres fermiers tentent de reprendre la ferme : c’est « la bataille de l’étable « remporté par les animaux. Puis Boule de Neige, l’esprit inventif, propose de construire un moulin à vent pour produire de l’électricité et alléger le travail des animaux. Mais Napoléon si oppose. Napoléon envoie alors ses solides molosses, qu’il avait élevés en cachette, sur Boule de Neige pour le chasser de sa ferme. Napoléon annonce à la population que Boule de Neige était en réalité un espion de la ferme voisine, ce qui est en bien sûr faux. Une dictature se met petit à petit en place accordant aux cochons de nombreux privilèges. Le moulin avant est finalement construit mais durant les travaux, Malabar, le cheval, tombe gravement malade. Napoléon annonce aux animaux qu’il a été admis à l’hôpital alors qu’en vérité, il a été vendu pour remplir les caisses des cochons. Les cochons se mettent peu après à marcher sur leurs pattes arrières, à porter les vêtements des Jones et à superviser les tâches un fouet à la patte. Ils renomment également la ferme sous le titre de « Ferme du Manoir «, son nom d'origine. Un soir, ils invitent les fermiers des alentours et se réconcilient avec eux, promettant d'entretenir dorénavant des relations amicales et coopératives. Les humains félicitent les cochons pour leur réussite : les bêtes de la Ferme des Animaux arrivent à produire plus de travail que les leurs, sans rechigner, avec pourtant des rations alimentaires des plus réduites. Les commandements inscrits sur le mur ont été supprimés. Il  n'en reste plus qu'un seul : « tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres «. Les animaux représentent tous une personne ayant vraiment existée : Napoléon est inspiré de Staline. C’est un cochon corrompu qui dirige la ferme. Boule de Neige est inspiré de Trotski, avec ses idées nouvelles, il fut chassé de la ferme. Brille-Babil, un goret de petite taille, bien en chair, excellent orateur. Maître de la propagande. Lorsqu'il n'arrive plus à convaincre, il n'hésite pas à utiliser la menace voilée et l'intimidation. Brille-Babil représente la propagande. M. Jones est le propriétaire initial de la ferme du Manoir, négligeant avec ses animaux qu'il oublie un jour de nourrir, provoquant ainsi une rébellion. Il est inspiré du Tsar Nicolas II. Même si l’histoire est, en elle-même, fictive, elle a été très fortement influencée par les évènements historiques, se déroulant en URSS, que l’auteur a même vécu.

 

Les personnages trop caricaturaux pour être réels, les actes héroïques, les personnages imaginaires, le cadre spatio-temporel irréel et le manque d’explication cohérente dans un roman fantastique rendent l’histoire fictive. Or l’évolution constante du héro dans le roman, les personnages et les lieux ayant vraiment existés, les inspirations aux faits divers de l’actualité et des faits historiques rendent, au contraire, l’histoire réel et croyable.

 

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