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Le Rouge et le Noir de Stendhal - Extrait du livre second, chapitre XLV : les funérailles de Julien

Publié le 11/09/2006

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stendhal

Nous sommes ici dans l'excipit, avant son exécution, Julien Sorel s'est réconcilier avec Mme de Rénal et a pu revivre quelques derniers jours d'amour parfait. Il lui a fait promettre qu'elle ne devait pas tenter de mettre fin a ses jours. En effet, Il voudrait qu'elle s'occupe du futur enfant de Mathilde de la Molle. Ce texte se situe après l'exécution de Julien qui a été guillotiné, c'est son ami Fouqué qui s'occupe du corps, a qui il avait fait promettre d'éloigner les deux femmes de l'exécution. C'est pour cela que Fouqué s'étonne de voir arriver Mathilde qui n'aurait pas du voir le corps décapité de son amant. Pour la structure du texte il y a deux parties bien distinctes, la première jusqu'à la ligne 19 se situe dans la nuit qui suit l'exécution, et où Mathilde arrive pour embrasser la tête de celui qu'elle a aimé. Le second tableau de la ligne 20 à la ligne 38 représente l'enterrement. Les deux derniers paragraphes a partir de la ligne 39 forment une conclusion.  Le vocabulaire de la mort et un certain goût pour la mise en scène  Le prénom de Julien est très peu cité ici, et à aucun moment il est appelé "le mort". Pour Fouqué, c'est son ami (ligne 2), avec Mathilde, le pronom "le" ligne 6 peut suffir, il est aussi son amant ligne 30 et 37, et l'homme qu'elle avait tant aimé ligne 24) quand il concerne Mme de Rénal, il est simplement Julien (ligne 40 - 43). Il y a une volonté ici de le garder encore un peu vivant par les uns ou par les autres. La mort est évoquée indirectement et par le moyen de sobre description "tombeau" (ligne 20), "bière" (ligne 22), "service des morts" (ligne 29), "vingts prêtres" (ligne 28), "ensevelir" (ligne 36), "marbre (ligne 40), le mot "deuil" est cité une seule fois ligne 34, et il se rapporte aux vetements que porte Mathilde. La douleur est ici marquée extérieurement par la symbolique du vêtement. Le verbe "mourrir" ne vient qu'a la ligne 43, avec la mort de Mme de Renal, donc Stendhal montre une grande économie, et une grande sobriété quant à l'évocation du cadavre et du deuil. Ici, celle qui tient toute la place, c'est Mathilde. Elle a la place centrale, elle est l'actrice qui théâtralise les événements. Par exemple, elle crée un univers très illuminé, avec des cierges dans la grotte (ligne 27 - 28), elle suit le cortège dans une voiture drapée de noir, d'où elle sort comme une comédienne (ligne 34 - 35), c'est elle qui choisit un luxe exagérée pour la cérémonie, vingts pretres, on jette à la foule des pièces (ligne 34 - 35), et plus tard elle ornera le tombeau de sculpture et de marbre (ligne 40) ce qui otera tout l'aspect sauvage et romantique du lieu. Par sa seule volonté, les funérailles prennent un caractère royal. Son dernier geste, tenir la tete de son amant puis l'ensevelier de ses mains, et copier sur d'illustres exemples, l'histoire de Margurite de Navarre, et d'un jeune La Mole, ancêtre de Mathilde. Il avait été décapité en place de grève pour avoir été l'amant de la reine, cet épisode exalte l'imagination de Mathilde, et cristalise les vertus d'héroisme et de passion capable de l'émouvoir. Mathilde est incapable d'inspiration spontanée et copie en jouant un role, elle se met en scène. Mathilde embrasse la tete de Julien (ligne 19), la porte sur ses genoux, et l'ensevellit de ses propres mains (ligne 36), tous ces détails donnent a la scène un caractère macabre, à la limite du supportable d'ailleurs Fouqué détourne les yeux (ligne 14) et de vient "fou de douleur" (ligne 38) à la vue des gestes de Mathilde. Mais elle semble agir avec du sang froid, dans un rôle tracée d'avance, la mise en scène semble la distraire de son chagrin, pour sa douleur est bien réelle, on le note aux lignes 4 - 5, 13-14, mais elle reste digne et silencieuse. On peut dire que Mathilde joue un véritable rôle de veuve, elle cherche ici à s'approprier après sa mort, l'amant qui de son vivant lui préférait Mme de Renal. Mathilde est effrayante par son horrible courage, et malgré tous les artifices de la mise en scène, elle semble pahétique.  Une émotion contenue  Si Mathilde est dans la mise en scène, deux personnages émeuvent le lecteur par le douleur pudique : Fouqué et Mme de Rénal. Fouqué présente l'image de la douleur muette. Il est silencieux et immobile (ligne 7 - 8), ce qui contraste avec l'agitation de Mathilde. Stendhal va très loin dans la discrétion à propos de Mme de Rénal. Elle est absente des deux scènes évoquées hors paradoxalement cette absence en dis long sur son désespoir, ce qui la mène à la mort (ligne 43). Les dernières lignes du texte parviennent à éclipser la douleur ostentatoire de Mathilde. La sincérité de Mme de Rénal, son impossibilité à poursuivre sa vie, de survivre à son amant, touche son lecteur. On pense alors à la légende de Tristan et Iseut, qui se suivent dans la mort. En outre, Mme de Rénal meurt en bonne mère, comme elle a été perçue au début du roman. Elle reste fidèle à l'image qu'elle a toujours montré. Mme de Rénal, ici, touche au sublime. Suggérant l'émotion au lieu de la montrer, Stendhal la rend d'autant plus poignante.  Le triomphe de l'amour  C'est l'amour ici qui a le dernier mot. Fouqué est un ami sincère, Mathilde veut absolument que l'on sache même dans une sorte d'hystérie combien elle aimait Julien.D'ailleurs Mathilde est sans doute plus amoureuse de Julien après son exécution car elle admire dans son crime une détermination et une énergie extraordinaire. Et à ce moment de l'enterrement, Mathilde peut elle aussi montrer qu'elle est extraordinaire. L'amour triomphe aussi avec Mme de Rénal, elle aime du même amour ses enfants, et ne peut survivre à la disparition de celui qu'elle aime. Il y a ici un éloge de Julien par les femmes, mais les femmes elles-mêmes placées cote à cote sont frappantes d'amour et de possessivité mais Stendhal ne fait pas de commentaire ni ne prend parti, au contraire, il laisse le lecteur éprouvée lui même l'émotion qu'appelle le texte.    Stendhal choisit de finir son oeuvre par la mort de son héros, et de sa bien-aimée Mme de Rénal, en effet dans cet excipit, même l'ambition de Julien part en même temps que lui, meme si son enterrement se déroule sur la plus haute montagne du Jura. La douleur est bien présente lors de ses funérailles, que ce soit par l'amitié de Fouqué, où il suivra Julien jusqu'au bout, ou par l'amour de Mathilde, qui égoïstement prend la tête de Julien afin qu'elle se prouve qu'il est bien à lui. Sa possésivité offre un portrait extraordinaire de Mme de la Molle. Cette fin de roman donne une critique contre la société et le romantisme que nous livre Mathilde. Meme si Stendhal a été beaucoup inspiré par le romantisme, il n'en reste pas moins un auteur réaliste très particulier. Le dénouement est fermé mais laisse aux lecteurs un jugement sur l'oeuvre. Stendhal aurait-il du mieux ouvrir son dénouement afin de laisser une imagination continue aux lecteurs? On peut comparé cette oeuvre à une tragédie, tout comme Antigone, où les héros connaissent une fin tragique.

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