Le travail marque-t-il l'entrée de l'homme dans l'histoire ?

Le travail marque l'entrée de l'homme dans l'histoire. Nécessité qui s'explique par l'avarice de la nature, il se définit comme une activité consciente et volontaire, par laquelle l'homme extériorise et réalise des fins dans la nature, en vue de la modifier, pour produire des biens et des valeurs utiles, et satisfaire ainsi ses propres besoins. Il n'est pas une activité directe, mais intermédiaire. L'homme fabrique des outils pour faire jouer entre elles les forces naturelles et en tirer profit. Le rapport à la nature est médiatisé par l'outil, qui joue le rôle d'un prolongement des organes naturels. Les échanges économiques sont rendus nécessaires par la spécialisation des tâches. L'échange premier est le troc, qui montre vite ses limites et qui, pour se développer, nécessite l'introduction de l'argent comme valeur symbolique, qui permet d'équilibrer les biens échangés. Si nous travaillons pour nous rendre "comme maîtres et possesseurs de la nature", l'échange des biens est indispensable car il est impossible à l'homme de vivre seul, à moins d'être "une bête ou Dieu" (Aristote), ou de se rendre ridicule, comme le sophiste Hippias qui se vantait de tout fabriquer lui-même, et de ne point dépendre de personne. Par le travail, l'individu produit de la richesse, et par l'échange il en reçoit. L'un et l'autre constituent la double condition de l'autonomie et du libre développement de chacun dans la société.