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Les Sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances?

Publié le 12/05/2011

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Nous percevons le monde par la fonction des sens. Notre rapport avec lui, la façon dont nous l'appréhendons, est instinctivement liée aux sens. Ils sont notre fonction la plus primaire, celle par laquelle nous sommes lié à l'espece animal. Par eux, le monde s'offre intuitivement et instantanément à nous, et la prise de conscience de notre environnement se fait à travers cette réceptivité innée. Nouveau né, l'homme est dans l'incapacité immédiate de définir par des mots les objets qui l'entourent, cependant, les sens lui offrent la possibilité de reconnaître ces mêmes objets par le souvenir sensitif, olfactif ou auditif, qui s'impriment dans sa mémoire immédiate. Les sens paraissent nous fournir des connaissances de la manière la plus simple, la plus naturelle. Mais toutes nos connaissances nous sont-elles fournies par les sens, ou bien ne semble-t-elle pas provenir d'autres sources ? Et ces connaissances qui nous viendraient par les sens, nous viendraient-elles exclusivement des sens et par les sens, ou bien faudrait-il prendre en compte une autre fonction de l'esprit tel que la réflexion, l'entendement, la raison (etc..) ? Or, Cela imposerait-il un recours systématique à ces fonctions de l'esprit pour acquérir des connaissances, hors d'une réceptivité originelle suffisante ? Le terme de connaissance désigne en premier lieu l'acte par lequel nous nous efforçons de discerner et de définir un objet qui se présente à nous. Lorsque Je vois une personne, c'est par la vue que je « connais « l'existence de cette personne. De même pour un obstacle, ou lorsque j'entends sonner une alarme etc. Les sens sont ce qui m'apportent ces connaissances nécessaires à mon évolution dans l'environnement qui m'entoure. Pareillement, lorsque je lis un livre ou bien que j'écoute une information, c'est l'usage de mes sens qui me permet de m'approprier ces nouvelles informations. L'empirisme, avec pour figure de proue Locke ( 1632-1704 ) et Hume ( 1711-1776 ), affirme que nos connaissances, dans leurs totalités, seraient nourris par l'apport de données sensibles Il suffirait alors de se baser sur les données que nous fournissent les sens pour tirer des connaissances de nos expériences personnelles. Or, il est vrai qu'aucun enseignement théorique, si poussé soit il, ne vaut l'expérience « Les choses qu'il faut avoir apprises pour les faire, c'est en les faisant que nous les apprenons « comme le dit si bien Aristote. L' expérience s'acquiert par le constat passif de nos sens. En observant chaque jour le soleil se lever et se coucher, nous admettrons instinctivement qu'un tel phénomène se reproduira invariablement. On remarque cependant que les habitudes peuvent constituer une limite, car à force de voir se répéter indefiniment le même phénomène, on ne lui accorde plus la même importance, ce qui peut conduire à tomber dans l'erreur. On s'aperçoit également que cette simple expérience suppose l'usage de fonctions qui différent de nos sens. L'emploi de notre mémoire, par exemple, mais également de notre raisonnement. Sans ces éléments, les sens nous permettraient d'observer ce phénomène, mais sans en tirer d'enseignement. De plus, si l'on ne s'en tient qu'au constat de nos sens, cela constitue une première forme de savoir limité de par son caractère primaire. Il suffirait de se situer au-delà du cercle polaire par exemple, pour que notre savoir soit pris en défaut. Il est donc manifeste que les sensations sont une base nécessaire au savoir, mais dont la fiabilité serait relative. Dans la Monadologie, Leibniz affirme « Nous ne sommes qu'empiriques dans les trois quarts de nos actions « nous enregistrons ,anticipons, observons ce que nos sens nous laissent voir, mais ainsi nous ne sommes en mesure de fournir aucune explication véritable. C'est là la subjectivité des sens : on ne perçoit jamais les choses de manière totalement neutre, puisque des facteurs externes influencent notre perception. En conséquence, nos sens nous aident à fonder une connaissance, mais ils n'y suffisent pas. Si les sens ne sont pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances, c'est dans la mesure où certaines d'entre elles ne sont pas accessibles par les sens, et nécessitent une démarche intellectuelle, voir une réelle volonté d'instruction. Par opposition à la philosophie empiriste, la philosophie cartésienne, menée par Descartes (1596-1650), soutient que le travail intellectuel est seul garant de la connaissance véritable. C'est en effet par la démarche intellectuelle que la connaissances est engendrée à partir des sens. Cela est manifeste dans le célèbre texte du «morceau de cire« de Descartes «Le morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche «. […] « Il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli« Nos connaissances premières sur ce morceau de cire sont liés aux sens, et semblent donner des informations précises et fiables sur le morceau de cire. Mais si l'on approche celui-ci d'une source de chaleur, il change de forme. Il est donc évident que, pour avoir une connaissance « claire et distincte « de la cire, nous ne pourrons pas nous appuyer sur de simples impressions sensibles. Il faudra, par le raisonnement, dégager les éléments constitutifs qui se retrouvent. Les mathématiques, fondés sur la démonstration, constituent un domaine dont la connaissance ne peut être fournie par les sens, même s'il est manifeste que la recherche mathématique nécessite en général les sens comme support et d’autre part, que l'usage des connaissances mathématiques une fois constituées, peuvent être « appliquées « à la réalité sensible. En fait, pour pouvoir généraliser, évoquer, comparer, identifier, distinguer, analyser, établir des relations, etc., il faut supposer l'exercice de fonctions de l'esprit qui diffèrent de la sensibilité, de la simple réceptivité passive des sens. On est donc amené à dire que, bien que les sens ne suffisent pas à eux seuls à fournir des connaissances élaborées et fiables, ils ont besoin d'un apport intellectuel et raisonné pour tirer d'une moindre chose une connaissance objective. Mais a-t-on alors nécessairement besoin d'une démarche intellectuelle pour acquérir des connaissances ? Si les sens s'avèrent être basé sur une pure réceptivité passive, ils ne peuvent rendre compte de façon effective d'aucune de nos connaissances, si simples soient-elles. Pour fournir la moindre connaissance, il est nécessaire pour les sens de solliciter d'autres fonctions de l'esprit. La connaissance nécessiterait donc la rencontre et la synthèse de ce que les sens nous fournissent. Toute démarche intellectuel nécessite l'impulsion des sens. C'est par une certaine « intuition « primaire que l'homme choisit d'entreprendre un raisonnement. Autrefois, en se fiant uniquement à leurs vues, les hommes pensaient la terre plate, et même si ce raisonnement peut faire sourire de nos jours, qui en observant un terrain pourrait se douter qu'il se trouve sur une surface ronde ? Pourtant, par le raisonnement et une certaine intuition en observant les voiles des bateaux au loin, Galilée entreprit une démarche scientifique. C'est ainsi qu'on découvrit que la terre était en réalité ronde. Cette exemple illustre le fait que les sens donnent l'impulsion de la démarche intellectuelle, mais ils n'en sont qu'une part, puisqu'il est nécessaire à l'homme de faire appel à son intellect. Ainsi, les sens, à eux seuls, ne suffisent pas à nous fournir toutes les connaissances. Le travail intellectuel est nécessaire à l'acquisition d'une connaissance véritable. Cependant, l'expérience sensible est invariablement lié à toute entreprise intellectuelle. Il est manifeste que toutes nos connaissances viennent de nos sens. Comment pourrions nous apprendre sans vue ni ouïe ? Le raisonnement et l'entendement permettent de structurer notre savoir, et sont les seuls garants d'une connaissance objective, et par conséquent, universelle.

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