Devoir de Philosophie

Pascal est-il un auteur subversif ?

Publié le 30/11/2011

Extrait du document

pascal

PASCAL EST-IL UN AUTEUR SUBVERSIF ?

 

 

Subverto < latin = retourner, renverser

 

Idée de critique.

Pascal est-il une menace pour l'ordre établi (domaine moral, politique, religieux) ?

 

Querelles religieuses (jansénistes / jésuites ; degrés différents).

Vouloir prouver scientifiquement (par la raison) l'existence de Dieu. Peut-on avoir la conviction de son existence ? Ici s'opposent certaines philosophies.

Descartes : je pense donc je suis. Permet de faire comprendre que la raison peut tout savoir, d'où idée de démontrer existence de Dieu.

Hommes éloignés de la religion, libertins. Déisme (croire en Dieu tout en rejetant la religion).

De l'athé jusqu'aux jansénistes. Grand nombre de nuances possibles.

 

Pascal se positionne d'une manière un peu particulière, qui va à l'encontre de la pensée majoritaire. Pour lui, l'existence de Dieu ne peut pas apparaitre par des preuves raisonnables : la raison est incapable de prouver l'existence de Dieu. C'est déjà aller à contre-courant que de dire que la raison n'est pas capable de tout. Pascal la remplace par la pensée, qu'il définit comme une intuition très forte qui doit suffire à prouver l'existence de Dieu. On ne peut pas prouver l'existence de Dieu, on sait qu'il existe. Manière un peu subversive de renvoyer dos à dos toutes les philosophies. Dire que les systèmes sont faillibles, rejeter la notion même de système peut être considéré comme un élément subversif (à la première lecture). Position à l'envers du sens commun.

 

En ce qui concerne la société et la politique, cela revient un peu au même. Non seulement tout va mal, mais tout va à l'envers :

  • justice alliée avec la force, et se manifeste de manière injuste, privilégie la violence à la justice

  • le pouvoir qui peut aller jusqu'à la tyrannie

  • lois sont imparfaites, ne valent rien, sont entièrement relatives et changent n'importe quand au gré de n'importe qui

  • coutumes fondées sur rien de valable, relatives

  • peuple = majorité ignorante, irréfléchie, incapable de se perfectionner sur quoi que ce soit

  • reste de la société = soit des un peu ignorants, soit des moins ignorants mais qui n'arrivent nulle part, soit des chrétiens parfaits (part infime)

 

Dans cette société française du XVIIe siècle, il semblerait que l'habit fasse le moine. L'humain ne fonctionne qu'avec des valeurs négatives, vides : gloire, orgueil, etc. Tout ce qui parait important, Pascal dit que c'est rien.

 

A priori, Pascal entraine vers une certaine remise en cause de la façon de vivre. Sauf que non ! Pascal constate, admet, mais ne veut pas que les choses changent. Il n'est pas question de vouloir réformer la société. Elle n'est pas bien, et tant pis, elle le restera. Tout compte fait, au milieu de ce chaos, les gens restent tranquilles. Dans cette deuxième moitié du XVIIe, la peur qui unit tout le monde, c'est celle des désordres intérieurs. Si on modifie la situation, on risque de tomber dans de pires écueils. Chacun occupe sa propre place, bien définie, bien claire. Ces places sont certes des mensonges, mais comme la majorité l'ignore, cela n'est pas grave. Peur de la vraie révolte, de la guerre civile, du désordre social.

 

Deuxième raison pour laquelle on maintient le silence : sur Terre, seul Dieu peut arranger les choses. L'homme ne peut pas, il est victime du péché originel. Vouloir changer le système, c'est vouloir prendre la place de Dieu, et ce n'est pas possible. L'homme, s'il veut se débrouiller seul, soit reste dans l'état qui est le sien soit tombe plus bas. Pessimisme certes, mais Pascal a une solution. Solution qui ne concerne pas la société, puisqu'on ne peut pas la réformer, mais l'individu. C'est une solution d'ordre spirituelle : se rallier à Dieu.

 

Ce tableau noir s'inscrit dans une stratégie. Pascal pousse la peinture à l'obscurité la plus totale, quand le monde n'est pas si sombre que cela. Processus de conversion. Le regard de l'être humain doit se dire que le monde terrestre est épouvantable, qu'on ne peut transformer la société et se rendre compte qu'on a oublié Dieu. Il s'agit de le retrouver (quête individuelle). L'homme doit se souvenir du temps heureux, du temps avant le péché ; à ce moment là, Dieu apparaitra. Son cheminement : habile --> dévôt --> chrétien parfait.

 

Le discours spirituel est un peu subversif. L'action également : elle s'adresse non plus à la collectivité mais à l'individu, il s'agit là de quelque chose de révolutionnaire. Dire que c'est à l'individu de se sauver, de faire l'effort nécessaire pour rejoindre la divinité. Dans une société où le roi descend soi-disant de Dieu. Ça c'est subversif. Pascal dit que dans la spiritualité, c'est le \"je\" qui va compter, qu'il s'agit d'une rencontre entre \"je\" et Dieu. Tentative de séparer le spirituel du temporel. Le sentiment religieux n'est pas du domaine de la société : très nouveau dans une société où le catholisme est la religion d'Etat.

 

Subverto – converto – diverto. Seul le converto est positif.

Liens utiles