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Peut-on donner un sens à la souffrance ?

Publié le 22/02/2012

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La souffrance accompagne l'homme toute sa vie, qu'elle soit physique ou morale. Si le progrès scientifique tend à diminuer l'une, l'autre subsistera toujours. D'ailleurs, il est difficile d'établir une frontière nette entre ces deux ordres : les fortes douleurs du corps affaiblissent les défenses morales ; inversement, la dépression psychique est aussi douloureuse que n'importe quelle maladie physique. Surtout, elles ont en commun de provoquer une réaction identique de rejet : la souffrance révolte l'homme, contrairement au plaisir qui est trouvé naturel et semble aller de soi. Or, ce n'est pas tant la souffrance qui révolte que son injustice, son absence apparente de sens. Un sportif ou un homme ambitieux est en effet capable de taire ses souffrances s'il s'agit pour lui de réaliser son but. Mais si la souffrance frappe en aveugle, et des victimes innocentes, comment ne pas s'en indigner ? Et comment cette indignation en retour ne provoquerait-elle pas une augmentation de la souffrance ? Comme le dit Nietzsche, " ce qui révolte, ce n'est pas la douleur, mais son non-sens." Il ne faut donc pas s'étonner si les hommes, aussi loin qu'on remonte dans l'histoire, aient cherché à intégrer cette réalité insupportable dans un réseau d'explications qui la justifieraient. Mais cette tentative est-elle légitime, n'est-elle pas vouée à l'échec, dépassant les limites de la raison humaine ? Chercher à tout prix à donner sens à la souffrance, est-ce faire preuve de lucidité, ou bien au contraire risquer de s'enfermer dans des défenses illusoires, dont les remèdes seraient pires que le mal qu'on veut guérir ?

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