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Récit d'une résistante

Publié le 22/02/2012

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« Une nuit, Veneziani [chef de la police de Gênes] accompagné de policiers et de brigadistes vint me chercher à la maison de l'étudiant. Il me fît monter dans une roulotte et me conduisit au cimetière de Staglieno. Lorsque nous fûmes arrivés, ils me tendirent une pelle en me disant : « Dans peu de temps nous allons te fusiller, creuse ta tombe  ». Je refusais de prendre la pelle, je n'avais pas la force de soulever la terre; et puis je ne voulais pas le faire! Ils me dirent que j'étais lâche, que j'avais peur de mourir; je restais silencieuse. La tombe fut creusée par deux chemises noires. Je ne sais pas la longueur qu'elle avait mais quand ils me mirent à l'intérieur je sentis qu'elle était profonde jusqu'au genoux. Il faisait nuit, on ne voyait rien. En un instant je ne vis plus personne autour de moi : je n'entendis qu'une voix, celle de Veneziani : »  Tu vas mourir, tu te décides à dire tout ce que tu sais ? Si tu ne le fais pas, ils te fusilleront et, de toi personne ne saura plus rien.  » Je restais silencieuse. Puis, j'entendis le bruit caractéristique du déclenchement des fusils; j'attendis. Ces instants me semblèrent une éternité. Désormais j'étais résignée à mourir, j'eus seulement la force de dire : »  Ne le faites pas, vous tuez une innocente  », mais je ne sais même pas si quelqu'un m'entendit. Ils tirèrent, je sentis les coups en l'air… J'étais encore en vie! Ils me rechargèrent et me conduisirent à Marassi. Durant le parcours du retour je ne vis rien et personne ne m'adressa la parole. » Cité d'après Rina Chiarini, Una donna della resistenza, Unità di Genova, 10 mars 1945.

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