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science de la fabrication d'objets en bois ?

Publié le 22/10/2012

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science de la fabrication d'objets en bois ? — T. Rien d'autre. — S. Ainsi dans les deux cas, c'est l'objet de la science que tu définis ? — T. Oui. — S. Mais ce n'est pas ce qu'on te demandait, Théétète ; on ne te demandait ni quels sont les objets de la science, ni combien il y a de sciences ? En t'interrogeant, on ne se proposait pas de les dénombrer : on voulait savoir ce que peut bien être la science en elle-même. Ma remarque est dépourvue de sens ? — T. Elle est tout à fait pertinente. — S. Examine encore ceci : suppose qu'on nous interroge sur quelque chose de commun et de banal, que, par exemple, on nous demande : qu'est ce que la boue ? si nous répondions : il y a la boue des potiers, la boue des modeleurs, la boue des briquetiers, ne serions-nous pas ridicules ? — T. Peut-être. — S. Ridicules d'abord de supposer que celui qui nous interroge puisse tirer quelque lumière d'une réponse qui consiste à énoncer le mot : boue, en y ajoutant : de fabricant de poupées, ou de quelque autre artisanat. Car le moyen de comprendre le nom d'une chose dont on ne sait pas ce qu'elle est ? — T. C'est impossible. — S. Par conséquent l'expression : science de la chaussure, est inintelligible si on ne sait pas ce qu'est la science. — T. C'est vrai. — S. Ainsi qui ignore : science, ne comprendra pas : cordonnerie, non plus qu'aucune autre technique ? — T. C'est juste. — S. C'est donc une réponse dérisoire à la question : qu'est-ce que la science ? que de citer le nom d'une technique. Car en citant l'objet d'une science, on ne répond pas à la question posée. — T. Apparemment. — S. En second lieu, on s'engage sur une voie qui ne mène nulle part, alors qu'on dispose sans doute d'une réponse banale et brève. Telle la réponse banale et simple à la question : qu'est-ce que la boue ? C'est un mélange de terre et d'eau, sans avoir cure de qui l'utilise. — T. Cette fois, Socrate, à prendre la chose ainsi, elle me paraît facile. Il y a la chance que ta question ressemble à celle dont nous venons de discuter... Voici ce que Théodore venait de nous démontrer concernant les racines carrées : les côtés (ou racines) de carrés valant trois pieds carrés et cinq pieds carrés ne sont pas commensurables en longueur avec la ligne qui représente un pied. Il poursuivit sa démonstration, cas par cas, jusqu'à la racine de dix-sept pieds carrés, et, je ne sais pourquoi, n'alla pas plus loin. Voyant que de toute évidence ces racines étaient en nombre infini, l'idée nous vint d'essayer de les rassembler sous un terme unique nous permettant de désigner toutes ces racines... — S. Eh bien, Théétète, poursuis dans la voie que tu viens de tracer parfaitement. Prends modèle sur ta réponse à la question des racines : de même que tu as su comprendre leur pluralité sous l'unité d'une forme, essaie maintenant d'appliquer à la pluralité des sciences l'unité d'une définition. Théétète, 146c-148d 4. LA DÉFINITION MULTIPLE [MÉNON-SOCRATE] — M. C'est bien facile, Socrate, de te dire ce qu'est la vertu. Facile de te dire, si tu veux bien commencer par la vertu de l'homme, en quoi consiste celle-ci : être capable de gérer les affaires de l'État, et ce faisant, bien traiter ses amis, maltraiter ses ennemis, en se gardant d'être soi-même maltraité. Passons si tu veux, à la vertu de la femme : il est aisé de discerner qu'il lui faut bien gérer sa maison, en entretenant son intérieur et en se montrant soumise à son mari. La vertu de l'enfant est encore différente, et même selon qu'il s'agit d'une fille ou d'un garçon, autre encore celle du vieillard, celle de l'homme libre, celle de l'esclave, si tu veux. Et comme il y a encore une foule d'autres vertus, on n'est pas en peine de dire ce qu'est la vertu ; selon chacune des activités, selon chaque âge, il y a vertu pour chacun d'entre nous en chacune de ses oeuvres ; et je pense qu'il en va de même pour le vice, Socrate. — S. Apparemment, j'ai la main heureuse, Ménon : je cherchais une seule vertu et j'en trouve tout un essaim chez toi. Mais pour garder cette image de l'essaim, suppose que je t'aie demandé de me définir la nature de l'abeille et que tu m'aies dit qu'il y en a beaucoup et de toutes sortes, que me répondrais-tu si je te disais : <4 Entends-tu par là que c'est du fait d'être abeilles qu'elles sont multiples, de toutes sortes et différentes entre elles, ou bien au contraire me dirais-tu qu'elles ne diffèrent en rien à cet égard, mais que ce qui les différencie c'est la beauté, ou la grandeur ou quelque autre chose de ce genre ? « Dis-moi que répondrais-tu à la question ainsi posée ? — M. Je répondrais qu'elles ne diffèrent en rien les unes des autres en tant qu'elles sont abeilles. — S. Là-dessus, si j'enchaînais : « Voyons, Ménon, dis-moi précisément ceci : ce par quoi elles ne diffèrent en rien mais qui fait leur identité à toutes, qu'est-ce au juste, selon toi ? «, tu aurais sans doute une réponse à me faire ? — M. Sans doute. — S. Eh bien, il en va de même pour les vertus : si nombreuses et diverses soient-elles, toutes n'en ont pas moins un certain caractère identique qui en fait des vertus ; c'est en dirigeant le regard vers ce caractère unique qu'on se met à même de répondre à qui demande qu'on lui fasse voir ce qui se trouve être la vertu. Ménon, 71e-72c 5. L'UNITÉ DE VALEUR [SOCRATE-MÉNON] — S. Est-ce que tu saisis bien ce que je veux dire ? — M. Je crois te comprendre, mais je ne saisis pas comme je le voudrais ce qui est demandé. — S. Est-ce uniquement de la vertu que tu estimes, Ménon, qu'elle est différente chez l'homme, chez la femme,

« DU DIALOGUE A lA DIALECTIQUE 129 de carrés valant trois pieds carrés et cinq pieds carrés ne sont pas commensurables en longueur avec la ligne qui représente un pied.

Il poursuivit sa démonstration, cas par cas, jusqu'à la racine de dix-sept pieds carrés, et, je ne sais pourquoi, n'alla pas plus loin.

Voyant que de toute évidence ces racines étaient en nombre infini, l'idée nous vint d'essayer de les rassembler sous un terme unique nous permettant de désigner toutes ces racines...

- S.

Eh bien, Théétète, poursuis dans la voie que tu viens de tracer parfaitement.

Prends modèle sur ta réponse à la question des racines : de même que tu as su comprendre leur pluralité sous l'unité d'une forme, essaie maintenant d'appliquer à la pluralité des sciences l'unité d'une définition.

Théétète, 146c-148d 4.

LA DÉFINITION MULTIPLE [MÉNON-SOCRA TE] -M.

C'est bien facile, Socrate, de te dire ce qu'est la vertu.

Facile de te dire, si tu veux bien commencer par la vertu de l'homme, en quoi consiste celle-ci : être capable de gérer les affaires de l'État, et ce fai­ sant, bien traiter ses amis, maltraiter ses ennemis, en se gardant d'être soi-même maltraité.

Passons si tu veux, à la vertu de la femme : il est aisé de discerner qu'il lui faut bien gérer sa maison, en entretenant son intérieur et en se montrant soumise à son mari.

La vertu de l'enfant est encore différente, et même selon qu'il s'agit d'une fille ou d'un garçon, autre encore celle du vieillard, celle de l'homme libre, celle de l'es­ clave, si tu veux.

Et comme il y a encore une foule d'autres vertus, on n'est pas en peine de dire ce qu'est la vertu ; selon chacune des activités, selon chaque âge, il y a vertu pour chacun d'entre nous en chacune de ses œuvres ; et je pense qu'il en va de même pour le. »

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