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«Si je veux peindre le printemps, il faut que je sois en hiver; si je veux décrire un beau paysage, il faut que je sois dans les murs, et j'ai déjà dit cent fois que, si jamais j'étais mis à la Bastille, j'y ferais le tableau de la liberté.» Que pensez-vous de cette opinion de J.-J. Rousseau sur l'inspiration ?

Publié le 22/02/2012

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Vous pouvez évoquer d'autres situations du même type. Ainsi Somerset Maugham, qui avait une très belle maison avec une vue sur la Méditerranée, avait fait murer la fenêtre de la pièce où il travaillait. Comment problématiser un tel sujet ? Il est possible de travailler sur la littérature comme compensation. Rousseau nous en fournit lui-même un bon exemple en ce qui concerne l'amour. Avec Julie ou La Nouvelle Héloïse, il écrit le roman d'amour qu'il ne peut manifestement pas vivre. Il serait aussi possible de réfléchir sur le décalage fréquent entre le moment où l'émotion est ressentie et la création s'y rapportant. Il peut se passer un mois ou vingt ans entre l'un et l'autre. Là encore, Rousseau nous fournit un exemple. Au sortir de l'adolescence, il a vécu un grand bonheur en compagnie de Madame de Warens. De nombreuses années plus tard, alors qu'il est plongé dans les tourments, il évoque (dans Les Confessions et les Rêveries) ces moments de bonheur. Il admet d'ailleurs que le plaisir qu'il éprouve à faire revivre ces moments est peut-être plus vif que celui qu'il a éprouvé en les vivant. On retrouve là encore l'idée d'une compensation. Rousseau écrit sur le bonheur au moment où il est plongé dans le malheur. L'inspiration suppose donc un travail de maturation et de décantation.

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