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sont supérieurs, ou bien il serait notre égal, et cela n'irait pas non plus, car notre égal se comporterait comme nous et son choix aurait été superflu.

Publié le 22/10/2012

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sont supérieurs, ou bien il serait notre égal, et cela n'irait pas non plus, car notre égal se comporterait comme nous et son choix aurait été superflu. Resterait à en choisir un meilleur. Mais voici mon avis : « En réalité, il est impossible que vous en choisissiez un qui soit plus savant que Protagoras ici présent ; si vous en choisissiez un qui n'est nullement supérieur, mais que vous le prétendiez tel, cela aussi deviendrait infamant pour lui de lui imposer un juge comme au premier venu, personnellement, cela m'est indifférent. Mais voici ce que je consens à faire pour que la réunion et l'entretien se poursuivent comme vous le désirez : si Protagoras ne veut pas répondre, qu'il interroge et moi je répondrai et j'essaierai en même temps de lui montrer comment, à mon sens, doit répondre celui qui est interrogé. Après que j'aurai répondu à toutes les questions qu'il lui plaira de me poser, qu'à son tour il me soumette ses raisons en même façon. Mais au cas où il ne paraîtrait pas disposé à limiter sa réponse à la seule question qui lui a été posée, vous vous joindrez à moi pour la même demande que vous venez de m'adresser de ne pas rompre l'entretien. Et voilà pourquoi un président unique n'est nullement nécessaire : c'est vous tous ensemble qui présiderez. « Tous furent d'avis de procéder ainsi et, bien malgré lui, Protagoras se vit contraint de poser les questions et, après avoir suffisamment interrogé, de rendre raison à son tour en répondant brièvement. Protagoras, 337c-338e 5. NÉCESSITÉ DE L'EXAMEN [CRITIAS-SOCRATE] — C. Peut-être ton propos était-il plus correct, peut-être était-ce le mien, mais rien de ce que nous avons dit n'était certain. Mais maintenant si tu ne tombes pas d'accord qu'être sage, c'est se connaître soi-même, je suis décidé à te rendre raison de cette thèse. — S. Mais Critias, tu te comportes à mon égard comme si je prétendais posséder la connaissance des choses sur lesquelles je pose des questions, et comme s'il ne tenait qu'à moi d'être de ton avis ; mais c'est parce que moi-même je ne sais pas ce qu'il en est que j'entreprends avec toi l'examen de ce qui se présente à chaque fois ; aussi est-ce après avoir examiné que je consens à te dire si je suis d'accord ou non. Ainsi, patiente, attends que j'examine. Charmide, 165bc 6. SUBORDINATION DE LA RÉFUTATION [CRITIAS-SOCRATE] — C. À mon avis, Socrate, tu es en train de faire ce dont tu te défendais tout à l'heure : tu cherches à me réfuter, en laissant de côté l'objet du débat. — S. Quelle erreur tu commets en croyant que ma raison principale de te réfuter diffère de celle qui me fait scruter minutieusement mon propre propos de peur que, sans m'en apercevoir, je m'imagine savoir quelque chose qu'en réalité je ne sais pas. Et en ce moment même, c'est bien ce que je prétends faire : examiner la thèse avant tout dans mon propre intérêt, sans doute aussi dans celui de nos amis. Peut-être ne crois-tu pas que ce soit le bien commun de tous les hommes que devienne manifeste la nature de chacune des réalités ? — C. Mais si, je le crois moi aussi, Socrate. — S. Prends donc confiance, mon cher Critias, et réponds à la question posée selon ce qu'il te semble, sans t'inquiéter de savoir si c'est Critias ou Socrate qui est réfuté ; examine, en appliquant ton attention au propos lui-même, comment s'en sortira celui qui a été réfuté. Charmide, 166ce 7. ÉRISTIQUE ET DIALECTIQUE [SOCRATE-THÉÉTÉTE] — S. Au point où nous en sommes, nous nous trouvons tout naturellement acculés à tenir des propos qui apparaîtraient à Protagoras et à ses adeptes surprenants et ridicules. — T. Comment se fait-il, et de quels propos s'agit-il ? — S. Un simple exemple te fera comprendre tout ce que je veux dire. Soit six osselets mis à côté de quatre osselets ; nous dirons qu'ils sont plus nombreux de moitié ; à côté de douze, moins nombreux de moitié. Pas moyen de dire autrement n'est-ce pas ? — T. Non. — S. Mais alors si Protagoras ou quelque autre te demande : « Est-il possible, Théétète, que quelque chose devienne plus grand ou plus nombreux sans être augmenté ? «, que répondras-tu ? — T. Si je m'en tiens à cette dernière question, je répondrai : non ; mais si je m'en rapporte à la précédente, pour me garder de contradiction, je réponds : oui. — S. Merveilleuse réponse ! Mais, apparemment, si tu réponds : oui, tu vas illustrer le mot d'Euripide : notre langue sera à l'abri de tout reproche, mais non pas notre pensée. — T. C'est vrai. — S. Dès lors si nous étions toi et moi du nombre des habiles et des doctes, après exploration complète de ce qui relève de la pensée, il ne nous resterait plus qu'à nous offrir le luxe d'une mutuelle mise à l'épreuve, et à nous affronter sur le mode sophistique en un combat qui le serait également, en faisant cliqueter les arguments les uns contre les autres. Mais comme nous ne sommes pas des spécialistes, nous préférons commencer par considérer ce que peuvent être en leurs rapports mutuels les objets de notre réflexion, pour voir s'ils sont concertants ou discordants. — T. Je préfère cela, et de beaucoup. — S. Moi aussi. Cela étant, c'est en toute quiétude, comme des gens qui ont pleinement loisir que nous allons reprendre notre enquête ; sans aigreur, mais en nous soumettant réellement nous-

« DU DIALOGUE À lA DIALECTIQUE 111 soi-même, je suis décidé à te rendre raison de cette thèse.- S.

Mais Critias, tu te comportes à mon égard comme si je prétendais posséder la connaissance des choses sur lesquelles je pose des questions, et comme s'il ne tenait qu'à moi d'être de ton avis ; mais c'est parce que moi-même je ne sais pas ce qu'il en est que j'entreprends avec toi l'examen de ce qui se présente à chaque fois ; aussi est-ce après avoir examiné que je consens à te dire si je suis d'accord ou non.

Ainsi, patiente, attends que j'examine.

Charmide, 165bc 6.

SUBORDINATION DE lA RÉFUTATION [CRITIAS-SOCRATE] - C.

A mon avis, Socrate, tu es en train de faire ce dont tu te défendais tout à l'heure :tu cherches à me réfuter, en laissant de côté l'objet du débat.

-S.

Quelle erreur tu commets en croyant que ma raison principale de te réfuter diffère de celle qui me fait scruter minutieusement mon propre propos de peur que, sans m'en apercevoir, je m'imagine savoir quelque chose qu'en réalité je ne sais pas.

Et en ce moment même, c'est bien ce que je prétends faire : examiner la thèse avant tout dans mon propre intérêt, sans doute aussi dans celui de nos amis.

Peut-être ne crois-tu pas que ce soit le bien commun de tous les hommes que devienne manifeste la nature de chacune des réalités ? - C.

Mais si, je le crois moi aussi, Socrate.

-S.

Prends donc confiance, mon cher Cri­ tias, et réponds à la question posée selon ce qu'il te semble, sans t'inquiéter de savoir si c'est Critias ou Socrate qui est réfuté ; examine, en appliquant ton attention au propos lui-même, comment s'en sortira celui qui a été réfuté.

Charmide, 166ce. »

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