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tchèque, littérature.

Publié le 06/05/2013

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tchèque, littérature. 1 PRÉSENTATION tchèque, littérature, écrits en vieux slave et en langue tchèque. La littérature tchèque, l'une des plus anciennes littératures d'Europe de l'Est, peut être divisée en sept périodes chronologiques. 2 NAISSANCE ET DÉVELOPPEMENT DE LA LITTÉRATURE TCHÈQUE (865-1410) L'introduction du christianisme en Grande-Moravie en 863 marqua le début de la littérature tchèque. Les apôtres Cyrille et Méthode apportèrent aux Slaves de Bohême, de Moravie et de Slovaquie l'écriture glagolitique (proche de l'écriture cyrillique) et les premières traductions d'évangiles, de prières, de chants et de textes liturgiques. L'écriture glagolitique disparaîtra après deux siècles d'existence. Non soutenus par Rome, les deux évangélisateurs furent contraints d'abandonner leur mission en 885. Le vieux slave, appelé slavon, survécut jusqu'au XIe siècle en Bohême comme langue littéraire et liturgique : vers l'an mille apparut le plus ancien chant tchèque en vieux slave, Seigneur, prends pitié de nous ! Mais la prédominance du latin était manifeste : entre 992 et 994, le moine Christianus écrivit la première chronique (Vita et passio sancti Venceslai et sanctae Ludmilae aviae eius) et, entre 1119 et 1125, le moine Kosmas de Prague composa l'importante Cronica Boëmorum, qui servit de base à l'historiographie nationale. Jusqu'au début du XIVe siècle, le tchèque apparut de manière sporadique dans des traductions de prières ou de textes liturgiques ainsi que dans le grand chant Saint Venceslas, duc du pays de Bohême, destiné à devenir, pendant des siècles, le chant national du peuple tchèque. Le vieux tchèque s'imposa comme langue littéraire dans de nombreuses adaptations d'oeuvres occidentales, religieuses (Légende de sainte Catherine) ou profanes comme l'Alexandreis (v. 1300), de Gaultier de Châtillon (1135-1201), cycles de légendes (Legenda aurea), recueils d'« exemples « (Gesta Romanorum, Contes d'Olomouc). Les premières oeuvres originales firent leur apparition : d'inspiration patriotique, la Chronique du dit Dalimil, satirique, le Palefrenier et l'Étudiant, ou didactique, le Nouveau Conseil de Smil Fla?ka de Pardubice (mort en 1403). La dispute philosophique sur le libre-arbitre, Tkadl?cek (« le Tisserand «), constitue, avec les oeuvres théologiques de Tomá? de ?títné (v. 1333-v. 1404), un chef-d'oeuvre de la prose en vieux tchèque. Vers 1370, un groupe de savants traduisit la Bible en vieux tchèque. Parallèlement parurent en langue latino-tchèque de nombreuses chroniques, des glossaires et des vocabulaires destinés aux étudiants de l'université de Prague, fondée en 1348 par Charles IV de Luxembourg, mécène et fin lettré, auteur d'une autobiographie, Vita Caroli. 3 DE LA RÉFORME À L'AVÈNEMENT D'UNE LITTÉRATURE TCHÈQUE HUMANISTE (1410-1620) La réforme menée par Jan Hus et les guerres fratricides qui en découlèrent (1419-1434) entravèrent considérablement l'essor culturel tchèque lié au règne des Luxembourg : les Tchèques furent isolés de l'Occident catholique et la création littéraire se réduisit à une série d'écrits polémiques, parodiques ou de propagande. Jan Hus, maître et recteur de l'université de Prague, laissa néanmoins une oeuvre considérable : il rédigea en latin puis en tchèque plusieurs traités théologiques (De ecclesia, 1413), des « sermons littéraires «, (Postilla de sanctis, 1408-1412) et réforma l'orthographe. Petr Chel?ický (v. 1390-1460) prêcha la non-violence, le retour à l'Évangile (le Filet de la vraie foi) et dispensa un enseignement qui fut à la base des Frères de Bohême (1457-1467). Retardé par l'influence de la Réforme, l'humanisme de la Renaissance eut pour principal représentant l'évêque des Frères de Bohême, Jan Blahoslav (1523-1571), auteur de nombreux traités de théologie, d'une Grammaire tchèque, d'ouvrages théoriques sur la poésie et la musique et d'une nouvelle traduction du Nouveau Testament. Cette dernière allait susciter chez les Frères de Bohême établis à Kralice, en Moravie, la traduction de la Bible de Kralice (1579-1588), symbole de la vie spirituelle tchèque à l'époque de la Contre-Réforme et modèle de la langue tchèque, tant en Bohême qu'en Slovaquie. Éditeur, imprimeur et philologue, Daniel Adam de Veleslavín (1545-1599) fait figure d'humaniste : son oeuvre la plus célèbre est un Calendrier historique (1578). 4 LA LITTÉRATURE TCHÈQUE DANS LA TOURMENTE (1620-1774) En 1620, la Bohême perdit son indépendance lors de la défaite de la Montagne Blanche, et la Constitution de 1627 conféra l'hérédité de la couronne de Bohême à la maison de Habsbourg. La politique de germanisation à outrance de Ferdinand II et le catholicisme imposé comme religion officielle contraignit à l'exil l'élite intellectuelle : Ji?í T? anovský (mort en 1637) publia, en Slovaquie où il s'était réfugié, des Chants spirituels nouveaux et anciens, dans l'esprit de Jan Hus. Jan Amos Komenský, dit Comenius, dernier évêque des Frères de Bohême, perpétua lui aussi la tradition hussite alors réprimée, et aborda, tant en tchèque qu'en latin, une grande variété de sujets allant d'écrits philologiques à des ouvrages d'ordre pédagogique et philosophique. Qualifiée d'époque de « ténèbres «, cette période vit néanmoins le triomphe de la poésie baroque avec le compositeur Adam Michna d'Otradovice (1600-1676) et le jésuite Bed?ich Bridel (1619-1680). Étouffé par l'allemand, devenu langue officielle depuis 1774, le tchèque ne subsista que dans la littérature populaire : publications religieuses (Bible dite de « saint Venceslas «), théâtre, livres de colportage. 5 LE RÉVEIL NATIONAL (1774-1918) Vers 1775 s'amorça un renouveau culturel et littéraire, provoqué par deux facteurs concomitants : la politique de germanisation et de centralisation administrative promulguée par Joseph II, et la pénétration des idées du siècle des Lumières (Herder, Montesquieu, Voltaire, Rousseau). Le sentiment national s'exprima dans l'intérêt porté aux travaux linguistiques et ethnographiques, dans la volonté de ressusciter le passé littéraire et dans la recherche de l'authenticité slave. Ainsi Josef Dobrovský (1753-1829) fonda la slavistique scientifique en entreprenant des travaux sur la langue tchèque et sur son histoire, et en rassemblant de nombreux documents lexicographiques. Josef Jungmann (1773-1847) contribua par son Dictionnaire tchèqueallemand (1834-1839) et par ses remarquables traductions (Atala de Chateaubriand, le Paradis perdu de Milton, Goethe) à rénover la langue tchèque, dans laquelle il voyait le fondement du redressement politique et culturel (Deux Dialogues sur la langue tchèque, 1806). L'une des figures majeures du renouveau fut le pasteur slovaque Jan Kollár (1798-1852), qui, avec Fille de Sláva (1824), recueil de 645 sonnets, donna l'oeuvre la plus importante du panslavisme. Franti?ek Ladislav ?elakovsky (1799-1852) composa des poèmes romantiques dans le style des chants populaires tchèques et russes. En 1836, Franti?ek Palacký (1798-1876) publia en allemand une Histoire de la Bohême, qui, réécrite en tchèque, devint Histoire de la nation tchèque en Bohême et Moravie (1848-1876), et lui valut le titre de père de la nation. Karel Hynek Mácha (1810-1836) donna au romantisme européen un poème byronien, Mai (1836), tragique évocation de l'homme face à l'amour, la mort et le néant, qui marque l'origine de la poésie tchèque moderne, ainsi qu'un grand roman, les Tsiganes (1835). Karel Jaromir Erben (1811-1870) s'est lui aussi interrogé sur la destinée tragique de l'homme dans son Florilège des légendes nationales (1853) et dans un recueil de ballades imprégné de morale chrétienne, le Bouquet (1861). Karel Havlí?ek Borovský (1821-1856) fonda le journalisme libéral tchèque en dénonçant dans ses satires, épigrammes et articles l'absolutisme autrichien. Traductrice de George Sand, Bo?ena N?mcová (1820-1862) introduisit dans ses romans et ses récits le thème de la vie à la campagne, thème destiné à jouer un rôle important pendant tout le XIXe siècle, mêlant à une conception très rousseauiste de l'existence ses propres observations de la vie paysanne tchèque (la Grand-mère, 1855). La réaction politique de l'Autriche dans les années 1850 marque la fin du réveil national. Vers les années 1860 se créa autour du poète et feuilletoniste Jan Neruda (1834-1891), qui excella dans la production de poésies ironiques et de courts récits sur la vie de la bourgeoisie à Prague (Contes de Malá Strana, 1878), une nouvelle école d'écrivains, la « génération dite de Mai « avec le poète et conteur Vít?zslav Hálek (1835-1874), la romancière Karolina Sv?tlá (1830-1899) et Jakub Arbes (1840-1914), initiateur du romanetto, genre spécifique où se mêle une description quasi documentaire de la réalité à une intrigue insolite ou fantastique, et précurseur de la science-fiction tchèque (le Cerveau de Newton, 1877). La génération suivante se scinda en une école nationale et une école cosmopolite. Rassemblés autour du poète Svatopluk ?ech (1846-1908), dont les Chants de l'esclave (1895) sont un hymne à la liberté, les nationalistes exaltèrent les valeurs tchèques et slaves : le plus prolifique et le plus populaire d'entre eux, Alois Jirásek (1851-1930), fit revivre dans ses romans historiques toutes les grandes époques de l'histoire nationale : l'épopée hussite, les « ténèbres «, la renaissance nationale. Menés par le talentueux poète et traducteur Jaroslav Vrchlický (1853-1912), les partisans de l'école cosmopolite s'inspirèrent d'auteurs étrangers, tels Josef Václav Sládek (1845-1912), qui traduisit Burns, Shakespeare, Longfellow, ou Julius Zeyer (1841-1901), qui, à la fois cosmopolite et patriote, a puisé dans les mythes tchèques (Vy?ehrad, 1880), français, celtes ou provençaux. Vrchlický lui-même, puisa dans Goethe, la Renaissance italienne et Victor Hugo l'inspiration d'une oeuvre épique, hésitant entre une foi progressiste en la nature et un pessimisme sentimental. Parallèlement, Thomá? Garrigue Masaryk contribua à libérer la pensée tchèque de l'emprise germanique en s'intéressant à la création artistique et littéraire française et anglo-américaine, en rejetant le faux patriotisme et le naturalisme, et en cherchant à définir un humanisme moderne (la Question sociale, 1898 ; les Idéaux de l'humanité, 1901). Également ouvert aux littératures étrangères, et notamment à la culture française, le critique Franti?ek Xaver ?alda (1867-1937) exerça pendant plus de quarante ans une influence considérable sur l'intelligentsia tchèque par ses essais (l'Âme et l'OEuvre, 1913) et ses nombreuses études littéraires parues dans la revue qu'il rédigea seul, les Cahiers ?alda (1928-1937). Observateur réaliste (Ici auraient dû fleurir des roses, 1894) et volontiers satirique (Satiricon, 1904) de la vie quotidienne, Josef Svatopluk Machar (1864-1942) a exprimé dans des poèmes historiques où se lit l'influence de Nietzsche et de Victor Hugo son admiration pour la culture antique et son refus du christianisme (À travers la conscience des siècles, 1906-1926). Au tournant du siècle, Prague, capitale intellectuelle du vieil Empire autrichien, abrita certains des plus grands noms de la littérature européenne : Rilke, Gustav Meyrink, Brod, tous d'expression allemande. Le plus célèbre d'entre eux, Franz Kafka, écrivain tchèque de langue allemande, grandit au carrefour des cultures tchèque, allemande et juive. Il en tira cette propension au rêve, à la métaphysique et à un humour noir qui marquent son oeuvre, puis les lettres tchèques après la Seconde Guerre mondiale. Le symbolisme fut notamment illustré par les poètes Petr Bezru? (1867-1958), auteur des Chants de Silésie (1903), Otokar B? ezina (1868-1929), un poète aux visions mystiques et extatiques, Antonín Sova (1864-1928), Karel Toman (1877-1946) et le prêtre Jakub Deml (1878-1961), dont l'oeuvre, mélange de spiritualisme franciscain et de satire pamphlétaire, occupe une place à part dans la littérature tchèque. Un temps attirés par le décadentisme « fin de siècle «, Viktor Dyk (1877-1931) et Stanislav Kostka Neumann (1875-1947) s'engagèrent, l'un vers la lutte contre l'oppression politique, l'autre vers l'anarchie, la poésie sociale et le communisme, puis vers un lyrisme futuriste (Nouveaux Chants, 1918). 6 INDÉPENDANCE NATIONALE (1918-1938) Après 1918, date de la mise en place de la première République tchécoslovaque, la littérature tchèque connut un essor remarquable. Inspirés par la révolution russe et le marxisme, Ji?í Wolker (1900-1924) et Josef Hora (1891-1945) furent érigés en symboles de la poésie prolétarienne par le pouvoir communiste de l'après-guerre. Écrivain et plasticien, Karel Teige (1900-1951) anima plusieurs mouvements d'avant-garde, dont le groupe Dev?tsil, créé en 1919, et contribua au lancement du « poétisme «, mouvement inspiré d'Apollinaire et de Cocteau : lié à la toute-puissance de l'imagination, le poétisme est une « poésie pour tous les sens «, une poésie pure, dépourvue de tout contenu social. Également animateur du groupe Dev?tsil, Vladislas Van?ura (1891-1942) évoqua dans ses romans au style acerbe un monde souvent tragique et grotesque. Vít?zslav Nezval (1900-1958) et Jaroslav Seifert participèrent au poétisme, avant de fonder, en 1934, le groupe surréaliste tchèque, auquel appartinrent notamment le poète Konstantin Biebl (1898-1951), et les prosateurs Karel Konrád (1899-1971) et Adolf Hoffmeister (1902-1973). Le groupe fut brutalement démantelé sur ordre du parti communiste en 1938. La création romanesque, marquée par l'écroulement des anciens empires et l'apparition de l'utopie socialiste, subit une profonde transformation thématique -- les thèmes sociaux apparurent -- et stylistique. Tandis que les romans de Marie Majerová (1882-1967) évoquent la vie des travailleurs et le monde industriel, Marie Pujmanov étudia, quant à elle, la psychologie de l'adolescence. Ancien anarchiste converti au bolchevisme, Jaroslav Ha?ek (1883-1923) connut un succès international avec les Aventures du brave soldat Chveik (1920-1923), récit satirique dont le héros devint pour les Tchèques le symbole de la résistance passive et rusée à l'oppression. L'une des plus grandes figures de l'entre-deux-guerres, dont la renommée alla bien audelà des frontières nationales, est Karel ?apek, qui, par sa pensée humaniste et son oeuvre multiforme, reste le symbole du premier État tchécoslovaque. Il mit en garde contre les dangers de la mécanisation et la déshumanisation des sociétés industrielles, dénonça l'industrie de guerre, dans un drame, RUR (Rossum's International Robots, 1921), où les robots (mot qu'il inventa à partir du radical slave robota, « travail «) se révoltent contre leurs créateurs. 7 DE LA CENSURE COMMUNISTE À LA LIBÉRALISATION ARTISTIQUE (1938-1968) Le coup d'État communiste de février 1948 imposa, dans le domaine de la création artistique, l'esthétique du réalisme socialiste et déclara décadentes toutes les influences culturelles occidentales. Les écrivains tchèques furent mobilisés pour plaider en faveur de la construction d'un régime et d'une société fondés sur le socialisme. Ceux qui refusèrent de s'assujettir au dogme s'exilèrent en Occident (Egon Hostovský, Voskovec, Fischl, Milada So?cková, Jan Maria Kolár, Ivan Blatný) ou choisirent la clandestinité ; d'autres tels Josef Knap (1900-1973), Franti?ek Krelina (1903-1976), Vaclav Ren? (1911-1973) ou Ladislav Dvorak (1920-1983) furent persécutés et relégués en prison. Après la mort de Staline en 1953, la censure se relâcha quelque peu et marqua le début d'une période de libéralisation dans le domaine des arts. L'une des conséquences de ce changement fut la réhabilitation de Kafka et de nombreux auteurs précédemment interdits. Nombre d'intellectuels et d'écrivains éprouvèrent le besoin de revenir sur la terreur stalinienne et d'envisager le problème de la responsabilité et de la faute historiques : entre fiction et autobiographie, la Hache (1966) de Ludvík Vaculík (né en 1926) est une étude sur le développement spirituel de l'écrivain confronté aux contradictions apparemment insolubles d'une société socialiste. Le premier roman de Milan Kundera, la Plaisanterie (1967), est une attaque féroce de la corruption morale qui s'est emparée du pays. Bohumil Hrabal mêla rire et provocation pour rendre hommage à la révolte des petites gens contre la banalité du quotidien (Trains étroitement surveillés, 1965) ou dénoncer la censure (Une trop bruyante solitude, 1976). Le mouvement de libéralisation atteignit son apogée en 1968, avec le Printemps de Prague, qui insuffla, pour une courte période, un renouveau artistique. Influencé par Kafka et le théâtre français de l'absurde, notamment celui de Ionesco, Václav Havel stigmatisa dans son théâtre la bureaucratie et la langue de bois socialistes (la Notification, 1965 ; Plus moyen de se concentrer, 1967). Signataire dès 1969 de la Charte 77, il fut intertdit de publication pendant vingt ans. 8 APRÈS LE PRINTEMPS DE PRAGUE (DEPUIS 1968) En août 1968, l'intervention des troupes du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie mit fin à cette période de libéralisation et établit une stricte normalisation : suppression de revues, index d'auteurs et d'oeuvres interdits, rétablissement de la censure. Comme en 1948, la littérature tchèque se scinda en une littérature officielle, clandestine et dissidente. Nombre d'écrivains, parmi lesquels Josef Skvorecký (né en 1924), Jan Bene? (né en 1936), Milan Kundera, émigrèrent et publièrent à l'étranger. Nombreux également furent ceux qui, exclus ou s'excluant eux-mêmes de la littérature officielle, restèrent dans leur patrie et témoignèrent de sa mise sous tutelle communiste (le poète et artiste Ji?í Kolá?, Ludvík Vaculík), ou poursuivirent leur oeuvre militante à l'instar de Jaroslav Seifert (Mozart à Prague, 1952 ; le Monument de la peste, 1973), qui, toute sa vie opta pour la résistance intellectuelle à la dictature politique. À la littérature dissidente appartiennent les romans d'Ivan Klíma (Amour et ordure, 1988), de Karel Pecka (né en 1928) et de Jan Trefulka (né en 1929), les essais philosophiques sur la société totalitaire de Václav Havel, les réflexions de Sergej Machonin (né en 1918), Milan ?imecka (né en 1930) ou encore les pièces de Pavel Kohout (l'Homme qui marchait au plafond, 1970). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« néant, qui marque l'origine de la poésie tchèque moderne, ainsi qu'un grand roman, les Tsiganes (1835).

Karel Jaromir Erben (1811-1870) s'est lui aussi interrogé sur la destinée tragique de l'homme dans son Florilège des légendes nationales (1853) et dans un recueil de ballades imprégné de morale chrétienne, le Bouquet (1861).

Karel Havlíček Borovský (1821-1856) fonda le journalisme libéral tchèque en dénonçant dans ses satires, épigrammes et articles l'absolutisme autrichien.

Traductrice de George Sand, Božena N ěmcová (1820-1862) introduisit dans ses romans et ses récits le thème de la vie à la campagne, thème destiné à jouer un rôle important pendant tout le XIX e siècle, mêlant à une conception très rousseauiste de l'existence ses propres observations de la vie paysanne tchèque (la Grand-mère, 1855).

La réaction politique de l'Autriche dans les années 1850 marque la fin du réveil national. Vers les années 1860 se créa autour du poète et feuilletoniste Jan Neruda (1834-1891), qui excella dans la production de poésies ironiques et de courts récits sur la vie de la bourgeoisie à Prague (Contes de Malá Strana, 1878), une nouvelle école d'écrivains, la « génération dite de Mai » avec le poète et conteur Vít ězslav Hálek (1835-1874), la romancière Karolina Sv ětlá (1830-1899) et Jakub Arbes (1840-1914), initiateur du romanetto, genre spécifique où se mêle une description quasi documentaire de la réalité à une intrigue insolite ou fantastique, et précurseur de la science-fiction tchèque (le Cerveau de Newton, 1877).

La génération suivante se scinda en une école nationale et une école cosmopolite.

Rassemblés autour du poète Svatopluk Čech (1846-1908), dont les Chants de l'esclave (1895) sont un hymne à la liberté, les nationalistes exaltèrent les valeurs tchèques et slaves : le plus prolifique et le plus populaire d'entre eux, Alois Jirásek (1851-1930), fit revivre dans ses romans historiques toutes les grandes époques de l'histoire nationale : l'épopée hussite, les « ténèbres », la renaissance nationale. Menés par le talentueux poète et traducteur Jaroslav Vrchlický (1853-1912), les partisans de l'école cosmopolite s'inspirèrent d'auteurs étrangers, tels Josef Václav Sládek (1845-1912), qui traduisit Burns, Shakespeare, Longfellow, ou Julius Zeyer (1841-1901), qui, à la fois cosmopolite et patriote, a puisé dans les mythes tchèques (Vyšehrad, 1880), français, celtes ou provençaux.

Vrchlický lui-même, puisa dans Goethe, la Renaissance italienne et Victor Hugo l'inspiration d'une œuvre épique, hésitant entre une foi progressiste en la nature et un pessimisme sentimental.

Parallèlement, Thomáš Garrigue Masaryk contribua à libérer la pensée tchèque de l'emprise germanique en s'intéressant à la création artistique et littéraire française et anglo-américaine, en rejetant le faux patriotisme et le naturalisme, et en cherchant à définir un humanisme moderne (la Question sociale, 1898 ; les Idéaux de l'humanité, 1901).

Également ouvert aux littératures étrangères, et notamment à la culture française, le critique František Xaver Šalda (1867-1937) exerça pendant plus de quarante ans une influence considérable sur l'intelligentsia tchèque par ses essais (l'Âme et l'Œuvre, 1913) et ses nombreuses études littéraires parues dans la revue qu'il rédigea seul, les Cahiers Šalda (1928-1937).

Observateur réaliste (Ici auraient dû fleurir des roses, 1894) et volontiers satirique (Satiricon, 1904) de la vie quotidienne, Josef Svatopluk Machar (1864-1942) a exprimé dans des poèmes historiques où se lit l'influence de Nietzsche et de Victor Hugo son admiration pour la culture antique et son refus du christianisme (À travers la conscience des siècles, 1906-1926).

Au tournant du siècle, Prague, capitale intellectuelle du vieil Empire autrichien, abrita certains des plus grands noms de la littérature européenne : Rilke, Gustav Meyrink, Brod, tous d'expression allemande.

Le plus célèbre d'entre eux, Franz Kafka, écrivain tchèque de langue allemande, grandit au carrefour des cultures tchèque, allemande et juive.

Il en tira cette propension au rêve, à la métaphysique et à un humour noir qui marquent son œuvre, puis les lettres tchèques après la Seconde Guerre mondiale. Le symbolisme fut notamment illustré par les poètes Petr Bezru č (1867-1958), auteur des Chants de Silésie (1903), Otokar B řezina (1868-1929), un poète aux visions mystiques et extatiques, Antonín Sova (1864-1928), Karel Toman (1877-1946) et le prêtre Jakub Deml (1878-1961), dont l'œuvre, mélange de spiritualisme franciscain et de satire pamphlétaire, occupe une place à part dans la littérature tchèque.

Un temps attirés par le décadentisme « fin de siècle », Viktor Dyk (1877-1931) et Stanislav Kostka Neumann (1875-1947) s'engagèrent, l'un vers la lutte contre l'oppression politique, l'autre vers l'anarchie, la poésie sociale et le communisme, puis vers un lyrisme futuriste (Nouveaux Chants, 1918). 6 INDÉPENDANCE NATIONALE (1918-1938) Après 1918, date de la mise en place de la première République tchécoslovaque, la littérature tchèque connut un essor remarquable.

Inspirés par la révolution russe et le marxisme, Ji ří Wolker (1900-1924) et Josef Hora (1891-1945) furent érigés en symboles de la poésie prolétarienne par le pouvoir communiste de l'après-guerre.

Écrivain et plasticien, Karel Teige (1900-1951) anima plusieurs mouvements d'avant-garde, dont le groupe Dev ětsil, créé en 1919, et contribua au lancement du « poétisme », mouvement inspiré d'Apollinaire et de Cocteau : lié à la toute-puissance de l'imagination, le poétisme est une « poésie pour tous les sens », une poésie pure, dépourvue de tout contenu social.

Également animateur du groupe Dev ětsil, Vladislas Van čura (1891-1942) évoqua dans ses romans au style acerbe un monde souvent tragique et grotesque.

Vít ězslav Nezval (1900-1958) et Jaroslav Seifert participèrent au poétisme, avant de fonder, en 1934, le groupe surréaliste tchèque, auquel appartinrent notamment le poète Konstantin Biebl (1898-1951), et les prosateurs Karel Konrád (1899-1971) et Adolf Hoffmeister (1902-1973).

Le groupe fut brutalement démantelé sur ordre du parti communiste en 1938. La création romanesque, marquée par l'écroulement des anciens empires et l'apparition de l'utopie socialiste, subit une profonde transformation thématique — les thèmes sociaux apparurent — et stylistique.

Tandis que les romans de Marie Majerová (1882-1967) évoquent la vie des travailleurs et le monde industriel, Marie Pujmanov étudia, quant à elle, la psychologie de l'adolescence.

Ancien anarchiste converti au bolchevisme, Jaroslav Hašek (1883-1923) connut un succès international avec les Aventures du brave soldat Chveik (1920-1923), récit satirique dont le héros devint pour les Tchèques le symbole de la résistance passive et rusée à l'oppression.

L'une des plus grandes figures de l'entre-deux-guerres, dont la renommée alla bien au- delà des frontières nationales, est Karel Čapek, qui, par sa pensée humaniste et son œuvre multiforme, reste le symbole du premier État tchécoslovaque.

Il mit en garde contre les dangers de la mécanisation et la déshumanisation des sociétés industrielles, dénonça l'industrie de guerre, dans un drame, RUR (Rossum's International Robots, 1921), où les robots (mot qu'il inventa à partir du radical slave robota, « travail ») se révoltent contre leurs créateurs. 7 DE LA CENSURE COMMUNISTE À LA LIBÉRALISATION ARTISTIQUE (1938-1968) Le coup d'État communiste de février 1948 imposa, dans le domaine de la création artistique, l'esthétique du réalisme socialiste et déclara décadentes toutes les influences culturelles occidentales.

Les écrivains tchèques furent mobilisés pour plaider en faveur de la construction d'un régime et d'une société fondés sur le socialisme.

Ceux qui refusèrent de s'assujettir au dogme s'exilèrent en Occident (Egon Hostovský, Voskovec, Fischl, Milada So ŭcková, Jan Maria Kolár, Ivan Blatný) ou choisirent la clandestinité ; d'autres tels Josef Knap (1900-1973), František Krelina (1903-1976), Vaclav Ren č (1911-1973) ou Ladislav Dvorak (1920-1983) furent persécutés et relégués en prison. Après la mort de Staline en 1953, la censure se relâcha quelque peu et marqua le début d'une période de libéralisation dans le domaine des arts.

L'une des conséquences de ce changement fut la réhabilitation de Kafka et de nombreux auteurs précédemment interdits.

Nombre d'intellectuels et d'écrivains éprouvèrent le besoin de revenir sur la terreur stalinienne et d'envisager le problème de la responsabilité et de la faute historiques : entre fiction et autobiographie, la Hache (1966) de Ludvík Vaculík (né en 1926) est une étude sur le développement spirituel de l'écrivain confronté aux contradictions apparemment insolubles d'une société socialiste.

Le premier roman de Milan Kundera, la Plaisanterie (1967), est une attaque féroce de la corruption morale qui s'est emparée du pays.

Bohumil Hrabal mêla rire et provocation pour rendre hommage à la révolte des petites gens contre la banalité du quotidien (Trains étroitement surveillés, 1965) ou dénoncer la censure (Une trop bruyante solitude, 1976).

Le mouvement de libéralisation atteignit son apogée en 1968, avec le Printemps de Prague, qui insuffla, pour une courte période, un renouveau artistique.

Influencé par Kafka et le théâtre français de l'absurde, notamment celui de Ionesco, Václav Havel stigmatisa dans son théâtre la bureaucratie et la langue de bois socialistes (la Notification, 1965 ; Plus moyen de se concentrer, 1967).

Signataire dès 1969 de la Charte 77, il fut intertdit de publication pendant vingt ans. 8 APRÈS LE PRINTEMPS DE PRAGUE (DEPUIS 1968). »

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