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UNE œUVRE INIMITABLE - Voyage au bout de la nuit (Céline)

Publié le 31/10/2015

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UNE ŒUVRE INIMITABLE

Scandaleuse et insolite, i imitable, l'œuvre de Céline, malgré le silence que les uns et les autres observent encore sur elle, a pris peu à peu sa place : presque tous s'accordent à penser que Céline est, avec Proust et Colette, le plus grand romancier français du premier demi-siècle. Dans l'histoire de notre littérature, voire de notre civilisation, la publication de Voyage au bout de la nuit a été un événement. Ce que Céline apportait de nouveau en 1932 n'a d'ailleurs pas été éphémère : en rompant avec toute une tradition du roman, il a permis le développement du genre vingt ans après, en 1950. Par conséquent, si aujourd'hui nous risquons d'ignorer l'originalité du Voyage, ce n'est pas parce que cette originalité serait petite, c'est parce que les inventions de Céline sont devenues le pain quotidien de la littérature.

 

Il n'en reste pas moins qu'un roman de Céline a besoin encore aujourd'hui d'une introduction. Beaucoup de lecteurs sont rebutés, et parfois très légitimement. Les uns sont choqués par le pessimisme de notre auteur, par son langage, par son mépris de tout ce q i n'est pas ré lté physique. D'autres ne pouvant lui pardonner son racisme, voire des opinions pol -tiques beaucoup moins certaines, lui refusent leur admiration. Bref, le plus souvent, il arrive ceci : ceux qui ont eu plaisir à lire Voyage au bout de la nuit ou Mort à crédit sont pris de remords pour s'être laissé éblo ir. Je voudrais essayer de montrer que ces remords sont sans raison. Au-delà des obs-tacles accumulés devant notre approche, il nous faut savoir reconnaître la grandeur bouleversante du récit que nous allons essayer de lire ensemble.

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