Voltaire et Pascal
Publié le 22/02/2012
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« Cependant, lorsque Voltaire entreprenait, en 1728, dans ses Remarques sur les Pensées de M. Pascal, de réfuter un moraliste chrétien, ses conclusions étaient moins convaincantes qu'il ne l'imagine, et son argumentation ne dépassait guère le niveau du malentendu.
Il est rare que Voltaire ait prise sur Pascal, et la plupart du temps, soit mauvaise foi soit incompréhension, il le frôle ou l'esquive plus qu'il ne lui fait face. D'abord il comprend mal le pessimisme pascalien : il y voit un jugement définitif, non ce désespoir provisoire qui conduit à l'illumination de la foi, comme le doute méthodique prélude à l'évidence cartésienne. En outre, il ne songe qu'à la situation de l'homme au sein d'un monde bià restreint, bien défmi, nature familière ou société policée, ce qui revient à nier d'emblée toute essence spirituelle, à tenir pour résolue l'énigme même de la condition.
La démonstration voltairienne se déploie autour de deux thèmes : l'homme ne pose pas plus de problèmes, quant à son existence et sa nature, que tout ce qui peuple avec lui l'univers ; son sort n'est pas un tissu de misères et témoigne, au contraire, d'une adaptation parfaite à sa destination. »
Robert Mauzi, L'Idée de bonheur au xviiie siècle,
Armand Colin, 1960.
Liens utiles
- dissertation sur l'existence de Dieu, Point de vue de Pascal (17ème) et de Voltaire (18ème)
- Voltaire écrit dans ses Lettres philosophiques : « Il me paraît qu'en général l'esprit dans lequel Pascal écrivit ces Pensées était de montrer l'homme sous un jour odieux. Il s'acharne à nous peindre tous méchants et malheureux. Il écrit contre la nature humaine à peu près comme il écrit contre les jésuites. Il impute à l'essence de notre nature ce qui n'appartient qu'à certains hommes. Il dit éloquemment des injures au genre humain. » Expliquer et discuter ce jugement.
- On connaît le mot de Pascal sur Montaigne : « Le sot projet qu'il a eu de se peindre! » auquel Voltaire réplique: « Le charmant projet que Montaigne a eu de se peindre naïvement, car, en se peignant, il a peint la nature humaine.>) Comment expliquez-vous l'opposition radicale entre ces deux jugements ? Quelle est votre opinion personnelle ?
- Pascal, La Bruyère, Voltaire et Rousseau: Caractérisez, dans leurs traits essentiels, la prose de Pascal (les Provinciales), celle de La Bruyère, de Voltaire et de Rousseau
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