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Pascal, La Bruyère, Voltaire et Rousseau: Caractérisez, dans leurs traits essentiels, la prose de Pascal (les Provinciales), celle de La Bruyère, de Voltaire et de Rousseau

Publié le 14/02/2012

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pascal

Les étrangers - peut-être acceptons-nous leur verdict sans le discuter suffisamment - reconnaissent volontiers à la langue française la clarté, la brièveté, l'aisance; et parce qu'ils voient dans ces caractères son mérite propre, ils semblent lui refuser l'ampleur oratoire; la richesse et la variété. Un commerce un peu assidu avec nos grands prosateurs montre bien vite ce qu'un tel jugement a d'étroit et d'incomplet. Si nous étions libre de choisir nos preuves, nous aurions établi notre thèse par les Caractères, l'Histoire des variations, de Bossuet, les Soirées de Joseph de Maistre et les Mélanges de Veuillot....

pascal

« qu'il multiplie les phrases brèves, rapides, comme une lanière ou une flèche, et sans autre lien entre elles que celui de la pensée.

Faut-il voir, dans ce procédé, une preuve de l'impuissance à composer, à couler d'un seul jet, dans le moule d'un alinéa fortement cohérent, la pensée et les déductions qu'elle appelle? Il est certain que La Bruyère procède plutôt par analyses minutieuses; et qu'en lui la vision du détail l'emporte sur ·pelle de l'ensemble.

Mais il sait fort bien, dans un même chapitre, disposer les portraits, les petites scènes et les maximes· en vue d'un effet cherché, qu'il produit.

C'est un grand ouvrier de style, trop habile même à ciseler, à polir ses phrases un peu courtes de souffle.

Sa grande préoccupation, semble-t-il, fut de varier les formes presque à l'infini, usant de toutes les .ressources connues, ajoutant même au trésor commun des trouvailles per­ sonnelles d'une heureuse originalité.· Esquisses, portraits, réflexions pi­ quantes, descriptions resserrées en quelques traits, scènes comiques, épi­ grammes et récits, il mêle tout avec un apparent· désordre où l'art se montre souvent trop.

Il sait le secret de piquer notre curiosité : «Une chose vous manque, Acis»; et cette chose, il la fait attendre, désirer, pour nous mieux surprendre : « une chose vous manque, c'est l'esprit ».

Voici maintenant la seconde partie symétrique : «Ce n'est pas tout; il y a en vous une chose de trop, qui est l'opinion d'en avoir plus que les autres.

» Ailleurs, c'est un rapprochement qui veut et sait être piquant : « Ascagne est statuaire, Hégion fondeur, Eschine foulon et Cydias bel-esprit »; arrive le trait qui complète la pensée : « c'est sa profession ».

Faut-il ajouter que La Bruyère affectionne l'antithèse, soit développée en un parallèle longue­ ment contrasté, soit aiguisée en une maxime épigrammatique? On lui en a.

fait assez souvent un mérite et une faiblesse pour que nul ne l'ignore.

Enfin, plus qu'aucun écrivain d~t son siècle, il use d'un vocabulaire étendu, enrichi de termes de métiers, de néologismes même, non toutefois sans un prudent «si j'ose le dire»; et ce vocabulaire, il voudrait le rendre hospi­ talier aux bons vieux mots chassés par Malherbe et Vaugelas.

La Bruyère est en somme un écrivain des plus remarquables, l'mi des meilleurs après çcux de tout premier ordre.

.

..

Biert différent est Voltaire, par ses défauts.

et ses qualités.

Si, au point de.

vue très particulier du style où nous place le sujet, nous sommes en droit.

de lui reprocher .

quelque chose, c~es.t .la sécheresse, la pauvreté de sa langue.

Ne lui demandez pas non.

plus.

le pittoresque, !li fréquent et si vigoureux dans !Eis Caractères; il ne .s'adresse guère à l'imagination, en étant lui-même assez dépourvu.

Puis il écrit trop et trop vite pour limer ses phrases; son universelle curiosité, ses haines.

et sa vanité ne lui lais­ sent pas le temps de Vingt fois sur le métier remettre son ouvrage.

Cependant il se pique d'être puriste; en réalité,.

il l'est surtout pour les autres; pour lui, s'il ne se permet aucune hardiesse, ni téméraire ni heu­ reuse, il n'a· pas toujours le loisir d'arrêter au passage les négligences.

Un Comm~ntairt: sur ~aître AFouet serait très instructif en cette matière.

Le plus souvent sa prose est alerte, facile, d'une souplesse et d'une netteté admirables; sa Correspondance - expurgée de tant de pages infâmes ou honteuses qui la souillent .,---- fournit des modèles de ce français classique ·dont le goût et le secret vont lie perdant.

Dans les .Lettres, d'aÙleurs, il. »

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