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Les « Trente Glorieuses » dans l'histoire économique et sociale de la France contemporaine

Publié le 17/08/2012

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Les Etats-Unis ont eu une influence majeure dans le « miracle « des Trente Glorieuses. Grâce au plan Marshall, d'abord, qui a largement permis la reconstruction des pays européens en couvrant la moitié des besoins estimés en Europe. Entre 1948 et 1952, les Etats-Unis ont accordé 12.8 milliards de dollars : le Royaume-Uni, la RFA, l'Italie et la France en ont reçu plus des deux tiers. On estime qu'en France, l'aide Marshall a permis une augmentation de 71 % de la production industrielle, de 21% de la production agricole et de 30% du niveau de vie en général. Mises en place après la guerre, des « missions de productivité « ont, d'autre part, permis aux patrons et ingénieurs français de se familiariser aux Etats-Unis avec les méthodes de production et de gestion des entreprises de pointe. Les entrepreneurs français comprennent ainsi que l'on peut gagner plus d'argent en vendant moins cher une masse plus importante de produits. C'est ainsi que le P.D.G. de Moulinex fixa le prix de certains de ses produits en deçà du prix de revient (comme le presse-purée), afin que le plus grand nombre découvrît sa marque et accédât par la suite à l'ensemble de la gamme Moulinex. Les Etats-Unis ont, d'autre part, diffusé leurs conceptions économiques, notamment le libre échange.  Les Trente Glorieuses sont en effet des années d'ouverture pour l'économie française. Dès la fin de la guerre, en 1944, les Accords de Bretton Woods assurent la stabilité du système monétaire international : l'étalon monétaire international devient le dollar, lui-même indexé sur l'or. Le commerce mondial est également facilité par l'ouverture progressive des frontières entérinée par les accords du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) signés en 1947. La France réduit ses barrières douanières et s'insère dans le Marché commun après la signature du Traité de Rome en 1957. 

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« 1947.

Ainsi, alors que le taux de scolarisation à 18 ans était de 17% en 1958, ce taux passe à 54% en 1976.

La « moyennisation » de la société française met doncfin à la bipolarité traditionnelle entre la bourgeoisie et le prolétariat.

L'enrichissement général transforme les budgets et les modes de vie : la part du revenu consacréà l'alimentation s'amenuise au profit des dépenses de santé, de logement et surtout, de loisirs. 3.

L'entrée dans la « civilisation des loisirs » En effet, la société de l'abondance marque l'entrée dans la « civilisation des loisirs » (Joffre-Dumazedier).

L'extension des loisirs est favorisée par l'élévation duniveau de vie mais aussi par la réduction du temps de travail.

Les salariés français obtiennent une troisième puis une quatrième semaine de congés payésrespectivement en 1956 et 1969.

Cette mobilité croissante des Français est bien entendu permise par la généralisation de l'automobile.La standardisation des loisirs devient une donnée essentielle de la société française : les Trente Glorieuses voient la montée en puissance de pratiques culturelles demasse.

Si en 1958 seuls 9% des foyers français ont un poste de télévision, ils sont 57 % en 1965.

Le développement de la radio et de la télévision a permis ladiffusion de cette culture de masse : films, séries et manifestations sportives font le succès de la télévision.

Le skieur Jean-Claude Killy, les cyclistes J.

Anquetil ou R.Poulidor deviennent des personnages médiatiques.

Les émissions comme La caméra explore le temps, Cinq colonnes à la une ou Au théâtre ce soir construisent unetélévision populaire.Cette culture de masse est le miroir des changements sociaux qui s'opèrent pendant les Trente Glorieuses : le magazine féminin Elle témoigne par exemple del'évolution de la place des femmes au sein de la société.

La culture de masse est étendue par l'accession des jeunes à la consommation et cette place nouvelle desjeunes dans la société française suscite des reflexions à la mesure du bouleversement (Ludivine Bantigny).

Entre 1958 et 1961 le nombre de transistor est ainsimultiplié par 8.5 et le succès de l'émission Salut les copains témoigne de l'irruption de la « culture jeune »dans le paysage culturel français.

Ainsi, la culture sejuvénilise et amorce une mondialisation à l'époque où la musique pop-rock anglo-saxonne entraîne la jeunesse française dans la Beatlesmania.La période des Trente Glorieuses voit la France ébaucher son extraversion économique et culturelle : désormais, l'histoire économique et sociale du pays ne peut pluss'inscrire dans le strict contexte national.

L'analyse des moteurs de la croissance des Trente Glorieuses ne peut donc se départir du contexte international. * II.

Les conditions et moteurs de la croissance des Trente Glorieuses : une conjoncture favorable et un volontarisme étatique 1.

Le compromis fordiste : consommation de masse et production de masse Pendant les Trente Glorieuses, le marché des consommateurs s'élargit considérablement pour les industries françaises : cet essor de la consommation est un stimulantnotable pour l'activité économique.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France connaît en effet une période de forte croissance démographique : lapopulation française passe ainsi de 40.5 millions en 1946 à 52.7 millions en 1975, c'est le baby-boom.

Le taux de fécondité des Françaises reste élevé jusqu'au milieudes années 1960, il dépasse 2.6 enfants par femme.

L'apport de l'immigration est lui aussi significatif.

Pendant les Trente Glorieuses, les besoins de main d'œuvreouvrent la voie à une importante immigration du travail, encouragée par l'Etat et les entreprises.

Le nombre d'étrangers passe en France de 1.7 millions en 1954 à 3.2millions en 1968.

Il s'agit d'une immigration essentiellement masculine d'ouvriers peu qualifiés originaires d'Espagne, du Portugal, du Maroc et d'Algérie.

A cetteimmigration du travail s'agrège en 1962 un million de pieds-noirs rapatriés d'Algérie.

Le nombre de consommateurs potentiels s'en trouve considérablement accru,d'autant que désormais, les ménages peuvent de plus en plus compter sur un second salaire.

En effet, le taux d'activité féminine, signe de la modernisation des mœurs,ne cesse d'augmenter : en 1965, les femmes mariées obtiennent la possibilité de travailler sans l'accord de leur mari et la libre disposition de leur salaire.

L'autonomiefinancière a été le préalable à l'émancipation des femmes à l'époque des Trente Glorieuses.

Ce deuxième salaire est très souvent utilisé pour acquérir l'équipementdomestique qui facilite le quotidien de la maison : le réfrigérateur, l'aspirateur et bientôt, le lave-linge.A cette consommation de masse, répond une production de masse qui explique les forts taux de croissance de l'époque des Trente Glorieuses.

Les gains deproductivité sont assurés par la généralisation de l'OST (organisation scientifique du travail).

La diffusion du fordisme permet à l'industrialisation de franchir denouveaux seuils : de l'automobile à l'électroménager, la production de masse se généralise.

Les gains de productivité sont aussi le fait des débuts de la robotisation, eneffet, l'innovation technologique a joué un rôle déterminant en matière de gains de productivité : elle permet de produire à moindre coût et de rendre plus accessiblesles produits de l'industrie.

Enfin, l'amélioration de la qualification, permise par la massification scolaire, fut elle aussi un vecteur de productivité accrue.La croissance économique des Trente Glorieuses repose donc sur un cercle vertueux : une consommation de masse à laquelle répond une production de masse, quepermettent d'importants progrès dans la productivité.

Les bons résultats des entreprises permettent une augmentation des salaires qui vient renforcer le pouvoir d'achatet donc la demande : c'est le compromis fordiste, l'équation de base sur laquelle repose la croissance des Trente Glorieuses.

La croissance n'est toutefois pas imputableau seul jeu du marché, en effet, l'Etat a joué un rôle déterminant dans le dynamisme économique. 2.

L'Etat-providence au service de la croissance Dans la lignée des concepts keynésiens, une nouvelle génération de hauts fonctionnaires, hommes politiques et chefs d'entreprise s'accordent, au lendemain de laguerre, à faire de l'Etat l'instrument de la modernisation du pays.

En 1946, de grandes réformes de structure accroissent l'intervention de l'Etat dans l'économie parune vague de nationalisations des domaines stratégiques de la croissance : l'énergie, les transports, les mines.

Avec la création du Commissariat général au plan en1946, l'Etat met en place une planification incitative pour orienter la politique économique de la nation en fixant des objectifs économiques à atteindre au bout d'unepériode donnée.

L'Etat appuie la modernisation du pays en investissant massivement dans les industries de pointe (aéronautique, nucléaire, informatique,télécommunications).

Ainsi, durant la période des Trente Glorieuses, le taux moyen d'investissement étatique s'élève à 21.2 % du PIB.L'Etat-providence est également un élément moteur de la croissance des Trente Glorieuses.

Il assure la protection des individus et redistribue les richesses grâce,notamment, à la création en 1945 de la Sécurité Sociale et à la généralisation des prestations sociales (retraites, indemnités de congés maladie, de maternité,d'accident du travail et allocations familiales).

En garantissant une allocation chômage, et en créant le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) en 1950,l'Etat protège les travailleurs et surtout rend moins vitale la capacité d'épargne des ménages.Cette politique de redistribution des fruits de la croissance résulte d'une volonté politique, dont le projet « nouvelle société » de J.

Chaban-Delmas, premier ministrede 1969 à 1972, peut faire figure d'exemple.

Il s'agissait pour l'Etat de développer les conventions collectives pour organiser le travail, assurer la formationprofessionnelle et indexer le salaire minimum sur la croissance. 3.

Un contexte extérieur favorable Les Etats-Unis ont eu une influence majeure dans le « miracle » des Trente Glorieuses.

Grâce au plan Marshall, d'abord, qui a largement permis la reconstruction despays européens en couvrant la moitié des besoins estimés en Europe.

Entre 1948 et 1952, les Etats-Unis ont accordé 12.8 milliards de dollars : le Royaume-Uni, laRFA, l'Italie et la France en ont reçu plus des deux tiers.

On estime qu'en France, l'aide Marshall a permis une augmentation de 71 % de la production industrielle, de21% de la production agricole et de 30% du niveau de vie en général.

Mises en place après la guerre, des « missions de productivité » ont, d'autre part, permis auxpatrons et ingénieurs français de se familiariser aux Etats-Unis avec les méthodes de production et de gestion des entreprises de pointe.

Les entrepreneurs françaiscomprennent ainsi que l'on peut gagner plus d'argent en vendant moins cher une masse plus importante de produits.

C'est ainsi que le P.D.G.

de Moulinex fixa le prixde certains de ses produits en deçà du prix de revient (comme le presse-purée), afin que le plus grand nombre découvrît sa marque et accédât par la suite à l'ensemble. »

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