FRANC-MAÇONNERIE

FRANC-MAÇONNERIE. Cette association secrète, à visée philosophique et sociale, dont les origines sont controversées, naquit sous sa forme moderne en Angleterre et se répandit en France au début du xviiie s. Confident de Fénelon et de Mme Guyon, et auteur des Voyages de Cyrus, Ramsay fut, sur le continent, un des artisans de ce succès qui attira l'attention des autorités. Le gouvernement français interdit les réunions en 1737 et le pape Clément XII condamna en 1738 la franc-maçonnerie, sans empêcher son rapide développement dans l'aristocratie, puis dans la bourgeoisie. Les diverses loges françaises prirent leur indépendance par rapport à la loge anglaise et se constituèrent en Grande Loge de France vers 1743 avec le comte de Clermont comme grand maître. Sous la direction du duc de Luxembourg, qui fit élire comme grand maître le jeune duc de Chartres, futur Philippe Egalité, la Grande Loge fut réorganisée en 1773 en Grand Orient. Alors que de nombreuses loges étaient marquées par une religiosité plus ou moins orthodoxe, la fin du xviiie s. vit la conversion d'une partie de la maçonnerie française à un idéal encyclopédique. Ainsi la loge des Neuf Sœurs, constituée en 1776, rassemblait le plus grand nombre des hommes de lettres du mouvement philosophique. Elle fut successivement dirigée par Lalande puis Franklin. L'humanisme et le vocabulaire maçonnique, qui tendent à se confondre avec l'universalisme des Lumières, marquent l'œuvre des Idéologues et de nombreux révolutionnaires. Cette filiation a fait naître la légende, propagée par Barruel {Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1797-1799), d'un complot maçonnique et orléaniste qui serait à l'origine de 1789. Parallèlement à la maçonnerie rationaliste qui évoluait vers l'anticléricalisme, la seconde moitié du xviiie s. a connu le développement d’un mysticisme maçonnique. Lyon en fut un des centres grâce à Willermoz et Martinez de Pasqually, qui donna naissance au martinisme et au Rite écossais rectifié. Son disciple Saint-Martin fonda le Rite des élus coëns. Des œuvres littéraires sont pénétrées de ces thèmes ésotériques, ainsi celle de Cazotte et celle de Nerval dans l'épisode célèbre de son Voyage en Orient, « Histoire de la reine du Matin et de Soliman prince des génies ».