Grande Charte (La)

Angleterre. 1215

De longue date, la noblesse anglaise avait manifesté à l'égard des souverains une indépendance qu'un roi autoritaire, de temps en temps, s'employait à réduire. L'accroissement du poids des charges financières et des exactions royales du fait de la guerre, la médiocrité et les revers de Jean-sans-Terre, en particulier les défaites à la Roche-auMoine et Bouvines, en 1214, de la coalition qu'il avait formée contre Philippe Auguste, amenèrent les barons anglais, conseillés par l'archevêque de Canterbury, Etienne Langdon, à imposer au roi des engagements connus sous le nom de Grande Charte. Jean-sans-Terre dut y apposer son sceau le 15 juin 1215. Le roi confirmait les libertés de l'Église et ses privilèges. s'engageait à respecter les droits coutumiers de la noblesse,

à ne pas lever d'impôt sans l'accord du conseil des barons et des évêques, en dehors des trois cas d'aides habituels (rançon du roi, chevalerie de son fils aîné, mariage de sa fille aînée), et à faire rendre à tous bonne justice. Il n'y a là aucune innovation par rapport à la: règle coutumière : mais le roi, pour la première fois, prenait l'engagement écrit de la respecter, et un conseil de vingt-cinq barons élus était chargé de veiller à ce que le roi s'exécutât, « même par la force s'il en est besoin «. Par la suite, d'autre part, les Anglais s'appuyèrent sur certains articles de la Charte, interprétés dans un sens qui n'était pas le leur à l'origine, pour affermir leurs libertés vis-à-vis de la Couronne.