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L’art et le monde

Publié le 25/01/2020

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celle du consommateur dans le confort d’une parfaite insertion dans la pensée collective ou dans la contradiction et le rêve.

André Leroi-Gourhan, opus cité, pp. 207-208.

C’est dans cette fonction de l’art que Hegel voit une des manifestations les plus élevées de l’esprit* humain. En effet, alors que « les choses de la nature n’existent d’immédiatement et d’une seule façon », l’homme, «parce qu’il est esprit, a une double existence ; il existe d’une part au même titre que les choses de la nature, mais d’autre part, il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense...». Cette conscience* d’être «un être pour soi», l’homme peut l’acquérir soit théoriquement, par la connaissance de soi que permet la philosophie*, soit pratiquement, en imposant la forme de sa volonté au monde extérieur :

L’homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu’il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité. Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l’enfant ; le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l’eau, admire en fait une œuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité. Ce besoin revêt des formes multiples, jusqu’à ce qu’il arrive à cette manière de se manifester soi-même dans les choses extérieures, que l’on trouve dans l’œuvre artistique.

F. Hegel, Esthétique, édition citée, p. 22.

Par l’art, l’homme impose donc au réel* une maîtrise qui, en étant «gratuite», lui permet de contempler les effets de sa volonté et de son pouvoir. C’est en cela que l’œuvre peut être un plaisir* pour l’auteur et une source de plaisir pour le spectateur : elle est une sorte de jeu de l’homme avec ses propres facultés. Qui ne voit en effet, dans les somptueuses natures mortes que peignaient les Flamands au XVIIe siècle, non seulement le goût des beaux objets et de la « consommation», mais aussi le plaisir supérieur de maîtriser le trajet de la lumière à travers les transparences et les corps, de capter les appâts de la matière dans une appropriation dont toute consommation est exclue ? Qui ne voit dans les constructions d’un Fernand Léger, au début de ce siècle, la volonté de

« LE FAUX PROBLÈME DE L'IMITATION On rencontre très fréquemment dans l'antiquité grecque l'idée que l'art doit imiter le plus soigneusement possible la nature* ; cette théorie* y est liée à la pensée d'un homme rivalisant avec celle-ci grâce aux facultés de son esprit.

Platon, dans La République, en tire l'argument d'un~ critique* de la «trompe­ rie» de l'art.

«Maintenant considère ceci.

Quel but se propose la peinture relativement à chaque objet? Est-ce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qu'il paraît tel qu'il paraît; est-ce l'imitation de l'apparence ou de la réalité? - De l'apparence, dit-il.

- L'art d'imiter est donc bien éloigné du vrai, et, s'il peut tout exécuter, c'est, semble-t-il, qu'il ne touche qu'une petite partie de chaque chose, et cette partie n'est qu'un fantôme.

Nous pouvons dire par exemple que le peintre nous peindra un cordonnier, un charpentier ou tout autre artisan sans connaître le métier d'aucun d'eux; il n'en fera pas moins, s'il est bon peintre, illusion aux enfants et aux ignorants, en peignant un charpentier et en le montrant de loin, parce qu'il lui aura donné l'apparence d'un charpentier véritable ...

- Tenons donc pour assuré que tous les poètes, à commencer par Homère, soit que leurs fictions aient pour objet la vertu ou toute autre chose, ne sont que des imitateurs d'images et qu'ils n'atteignent pas la vérité, et c'est ainsi qu'un peintre, comme nous le disions tout à l'heure, fera sans rien entendre lui-même à la cordonnerie, un cordonnier qui paraîtra véritable à ceux qui n'y entendent pas plus que lui, et qui en jugent d'après les couleurs et les attitudes ...

Platon, La République, X, 598b-601a, trad.

Chambry, éd.

Les Belles-Lettres.

L'art serait donc un mensonge, puisqu'il se contente de reproduire l'apparence et n'accède pas à la «réalité'" c'est-à­ dire ici à l'essence* des choses; mais il s'agit bien plus, en fait, d'une critique de l'imitation que .de l'art lui-même, comme le montrera Hegel en insistant sur le fait que l'œuvre ne peut pas reproduire le monde extérieur.

L'opinion la plus courante qu'on se fair de la fin que se propose l'art, c'est qu'elle consiste à imiter la nature ...

64. »

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