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La littérature du MALI

Publié le 24/01/2019

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mali

MALI (littér.). De tous les pays de l'Afrique noire, le Mali est certainement l’un de ceux qui peuvent à juste titre se prévaloir du passé culturel le plus riche et le plus prestigieux. Ce pays, auquel les premiers voyageurs arabes donnèrent le nom de « Bilad as Sùdan » (c'est-à-dire « le Pays des Noirs »), formait au Moyen Âge un immense empire qui s'étendait pratiquement de l’océan Atlantique jusqu’à l'Adrar, et auquel l'imagination populaire prêtait volontiers les couleurs d'un Eldorado, à la fois mystérieux et redoutable. Les chroniqueurs arabes racontaient que les cours du Ghana et du Mali ruisselaient de richesses, et ils décrivaient avec un grand luxe de détails les chevaux superbement caparaçonnés et les chiens au cou orné de grelots d'or. Le sel, alors aussi précieux que le métal jaune, se trouvait en abondance dans les salines sahariennes de Tadmekka et de Teghaza et, tout comme l'or, il ne tarda pas à susciter la convoitise des pays voisins.

 

En dépit des vicissitudes de l'histoire, tout ce passé reste encore très vivace au cœur des Maliens, qui demeurent fidèles à des structures sociales et à des traditions ancestrales dont l'ensemble complexe compose une personnalité nationale particulièrement attachante. C'est ainsi qu'il existe encore bon nombre de villages — Kangaba, Djoliba, kala — où les griots (conteurs traditionnels) se transmettent de père en fils la geste de Soundiata ou de Kankan Moussa. Ces griots, qui forment une caste, jouaient autrefois un rôle particulièrement important, puisque c'était parmi eux que se recrutaient les conseillers du roi, les préposés à la conservation des généalogies et des constitutions, et les précepteurs des jeunes princes. Si les choses ont bien changé depuis lors, le prestige des griots reste très grand au Mali, où leur enseignement constitue une source de connaissances appréciée tant du grand public que des érudits. Ne sont-ils pas les « sacs à paroles, les sacs qui renferment des secrets plusieurs fois séculaires »? — c'est ainsi que toute l'œuvre d'Amadou Hampaté Bâ se situe à la charnière de l'oralité et de l'écriture, soit que le grand érudit malien s'emploie à restituer l'enseignement de son maître {Thiemo Bokar, le sage de Bandiagara, 1957), soit qu'il transcrive et commente les grands textes de la littérature peule \\l'Éclat de la grande étoile, 1974), soit enfin qu'il fasse œuvre de romancier racontant FÉtrange Destin de Wangrin (1973) dans un truculent récit qui évoque les fourberies d'un interprète à l'époque coloniale. Issa Baba Traoré s'est également intéressé au passé dans ses Contes et Récits du terroir (1970) et dans Koumi-Diossé (1962), qui retrace une des pages glorieuses de la résistance soudanaise à la pénétration coloniale. Avec Si le feu s'éteignait (1967), Janjon et autres chants populaires du Mali (1970) et Kala Jata (1970), Massa Makan Diabaté fait revivre quelques-uns des épisodes les plus fabuleux de l'épopée de son pays, mais il se révèle aussi un observateur sagace de la réalité contemporaine dans les trois chroniques qui constituent le cycle de Kouta {le Lieutenant de Kouta, 1979 ; le Coiffeur de Kouta, 1980 ; le Boucher de Kouta, 1982). Dans Comme une piqûre de guêpe (1980), il restitue avec beaucoup de fidélité les étapes qui, en pays bambara, conduisent le jeune garçon de l'enfance à l'âge viril, marqué par le rituel de la circoncision. Le genre romanesque est également illustré par Seydou Badian qui, avec Sous l'orage (1957), le Sang des masques (1976) et Noces sacrées (1977), se montre un défenseur éclairé de la tradition, opposant fréquemment les deux univers parallèles et parfois antagonistes que sont la ville et le village.

 

Dramaturge avec la Mort de Chaka (1961), Seydou Badian a consigné son expérience politique dans un important essai, les Dirigeants africains face à leur peuple (1964). Avec un autre essai, autobiographique cette fois {Femme d'Afrique, 1975), Aoua Kéita devait remporter le grand prix littéraire de l'Afrique noire en 1976. Il faut enfin évoquer Mamadou Gologo {le Rescapé de l'Éthy-los, 1963), Yoro Diakité {Une main amie, 1969), Saïdou Bokoum {Chaîne, 1974) et surtout Yambo Ouologuem, dont le Devoir de violence obtint le prix Renau-dot en 1968 et qui, à la fois par sa thématique et son écriture, s'inscrit radicalement à contre-courant des thèses lénifiantes diffusées par le mouvement de la négritude.

 

Si le théâtre est assez bien représenté avec Gaoussou Diawarra {FAube des béliers, 1972) et Alkaly Kaba {les Hommes du bakchich, 1973), les poètes maliens semblent, en revanche, peu nombreux, exception faite de l'œuvre majeure de Fily Dabo Sissoko {la Savane rouge, 1962).

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