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La littérature du Maroc

Publié le 24/01/2019

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maroc

Maroc (littér.).

 

 

 

Littérature des Français. Des voyageurs, des administrateurs, des militaires écrivant sur le Maroc l'ont souvent vu avec sympathie, mais ont aussi laissé de lui une image stéréotypée. Pierre Loti verse dans l'exotisme. A. Chevrillon voit Fès comme un Crépuscule d'Islam (1905). Cependant, les frères Tharaud tentent de caractériser Fès ou les Bourgeois de l'Islam (1930), Rabat ou les Heures marocaines (1921), Marrakech ou les Seigneurs de l'Atlas (1920). Maurice Le Glay est à l'écoute du pays berbérophone (Récits marocains de la plaine et des monts, 1921 ; les Sentiers de la guerre et de l'amour, 1930). A. R. de Lens avec le Harem entr'ouvert (1920), P. Odinot avec Géranium ou la Vie d'une Marocaine (1930) apportent leur contribution. François Bonjean surtout pénètre à l'intérieur de la vie de la famille (Confidences d’une fille de la nuit, 1941). Aujourd'hui, des romanciers ont toujours la nostalgie des horizons marocains.

 

Littérature des Marocains. Le Maroc, comme l'Algérie et la Tunisie, connaît une riche tradition de littérature orale arabe et berbère, de même qu'une littérature de langue arabe écrite. Mais l'établissement du protectorat fit que la langue française fut parlée dans de larges couches de la population et que des Marocains furent tentés par la création dans cette langue. Kaddour Ben Ghabrit écrivit ainsi des pièces de théâtre (la Ruse de l'homme, 1920 ; le Chérif ou la Polygamie sentimentale, 1936) et des contes (Abou Nouas, 1930). Mais il faut attendre les années 1950 pour voir, parallèlement à ce qui se passait ailleurs au Maghreb, l'émergence véritable de cette littérature. Ahmed Sefrioui l'inaugure avec des contes (le Chapelet d'ambre, 1949) et un roman (la Boîte à merveilles, 1954). Driss Chraïbi avec le Passé simple (1954) ébranle l'image idyllique du « Maroc enchanté ». Ce fut longtemps la voix majeure, mis à part le poète Muhammad Aziz Lahbabi (les Chants d’espérance, 1952). Ce ne sera pourtant que dix ans après l'accession du pays à l'indépendance (1956) qu'une

 

génération se lèvera, décidée à refuser les conformismes et à remettre en question l'écriture d'hier. Abdellatif Laàbi fonde la revue Souffles (1966-1971), ouverte aussi aux jeunes poètes algériens. En 1966 également, le premier numéro de la revue Lamalif affirmait : « Nous n'avons pas de témoins, d'auteurs qui aient su assumer et exprimer notre drame actuel. » Ces auteurs allaient se faire entendre. Ainsi Mohammed Khaîr-Eddine, publiant les poèmes de Nausée noire (1964) et de Faune détériorée ( 1966), montrait le chemin de la démythification et donnait dans son roman Agadir (1967) la double image d'un séisme historique et psychologique. Abdellatif Laâbi après son poème Race (1967) s'interrogeait dans l’Œil de la nuit (1969) : « Nous sommes exténués du passé... Mais qui sommes-nous? », et encore : « Comment sortir de la caverne?», c'est-à-dire des scléroses, des « vieilles cryptes de barbarie ». Abdelkébir Khatibi (la Mémoire tatouée, 1971) réfléchissait sur l'identité et la différence. Tahar Ben Jelloun, poète (Hommes sous linceul de silence, 1971 ; Cicatrices du soleil, 1972), montre avec ses romans (Harrouda, 1973 ; la Réclusion solitaire, 1976) que la saisie de la réalité sociale, poli tique ou simplement humaine peut passer par une écriture maîtrisée, voire travaillée et raffinée. Si cette génération qui conserve souvent une tonalité très engagée — ainsi avec les poètes Zaghloul Morsy (D’un soleil réticent, 1969) et Aherdan Mahjoubi (Cela reste cela, 1968) — garde toute sa fécondité, de nouvelles perspectives apparaissent avec Mohammed Loakira (Chants superposés, 1977 ; l’Œil ébréché, 1980), Mostefa Nissaboury (la Mille et Deuxième Nuit, 1975), Noureddine Bousfiha (Safari au sud d’une mémoire, 1980), Abdallah Bounfour (Atlassiques,

 

1980) , Rachidia Madani (Femme je suis,

 

1981) , ou encore Mohammed Alaoui Belrhiti, Kamel Zebdi, Mohammed Bou harrate, Ahmed Boulahfa. Le théâtre en français, limité à quelques pièces d'Ahmed Belhachemi ou de Khatibi (le Prophète voilé, 1979), semble moins vivant que l'essai, illustré par Abdallah Laroui, Abdeljelil Lahjomri.

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