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L'abandon du court métrage de première partie dans les salles de cinéma et la faible production de longs métrages d'animation expliquent que le dessin animé soit parfois perçu comme le parent pauvre du septième art.

Publié le 26/10/2013

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L'abandon du court métrage de première partie dans les salles de cinéma et la faible production de longs métrages d'animation expliquent que le dessin animé soit parfois perçu comme le parent pauvre du septième art. On n'offre guère au grand public que le traditionnel Walt Disney de Noël, les séries souvent médiocres du petit écran et les inusables trésors du cartoon américain. Il s'agit pourtant d'un genre adulte, riche et diversifié, au confluent des arts plastiques et de la création audiovisuelle. Le dessin animé est la plus populaire des formes de cinéma réalisées image par image (« au tour de manivelle «, disait-on jadis). On peut le distinguer de l'animation proprement dite : ainsi, le dessinateur Paul Grimault remarque-t-il que l'auteur d'un dessin animé fait naître la forme dans le mouvement, alors que les marionnettes, les objets ou les modèles humains préexistent à leur animation. Si judicieuse que soit cette distinction, il est plus simple, dans un souci de clarté, de considérer le dessin animé comme une simple variété du cinéma d'animation. Les origines Les premiers dessins animés furent réalisés par le Français Émile Reynaud. Plus que les jouets optiques du début du XIXe siècle, c'est son praxinoscope de 1877 qui permit à Reynaud de produire l'illusion du mouvement à l'aide de dessins figurant les phases successives d'une action. Cet appareil, André Martin le décrit ainsi : « Une sorte de lampe de chevet entourée d'une couronne mobile de miroirs que surmonte un élégant abat-jour [...]. Les miroirs du praxinoscope réfléchissent les figures lithographiées avec une impressionnante luminosité, en les reliant optiquement, sans éclipse ni obturation. « Reynaud perfectionna son invention en « théâtre optique «, avec une bande souple et perforée contenant jusqu'à 700 miniatures peintes. Ces dessins animés, il les projeta luimême au musée Grévin à partir de 1892, jusqu'à ce que l'apparition du cinématographe Lumière détournât le public de ses petits chefs-d'oeuvre au charme naïf. Désespéré, Émile Reynaud jeta la plupart de ses bandes. Il mourut complètement oublié, en 1918. Avec, cette fois-ci, des moyens cinématographiques, caméra et pellicule, l'Américain (d'origine britannique) James Stuart Blackton, le Catalan Segundo de Chomon et le Français Émile Cohl réinventèrent l'animation entre 1906 et 1908. C'est Cohl, surtout, qui explora les possibilités de l'image par image, créant une oeuvre pleine de malice et de fantaisie. Son personnage de Fantoche, dessiné au trait, se prêtait aux métamorphoses les plus étonnantes. Émile Cohl travailla aux États-Unis de 1912 à 1914 et, de retour en France, il anima les Pieds Nickelés de Louis Forton. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats cinéma - La technique - L'analyse du mouvement Cohl (Émile Courtet, dit Émile) Grévin Alfred Reynaud Émile Les livres dessin animé - Le théâtre optique, page 1452, volume 3 dessin animé - Le Cauchemar de Fantoche, d'Émile Cohl (1908), page 1454, volume 3 Les spécificités nationales Le dessin animé russe, longtemps académique, a révélé ces dernières années plusieurs personnalités remarquables, dont Youri Norstein (né en 1942). Salué dans le monde entier comme l'un des plus grands créateurs « image par image «, le réalisateur-poète du Conte des contes (1979) anime avec subtilité, dans des clairs-obscurs, les dessins de son épouse Francesca Iarboussova. La Chine produit des films de marionnettes, de papiers pliés ou découpés, mais surtout des dessins animés traditionnels. Les grands studios de Shanghai restent fidèles aux longs métrages inspirés par les légendes populaires et les thèmes nationaux. Les frères Wan ont été les principaux artisans du développement de cet art sans surprises, mais servi par d'excellents techniciens qui ont été formés dans des écoles spécialisées. Il arrive aussi que les studios de Shanghai accueillent certaines productions occidentales (comme le Robinson et Cie de Jacques Colombat, 1990), qui trouvent là des conditions de fabrication beaucoup plus économiques que dans leur propre pays. Autre terre d'accueil et pépinière de talents : le Canada, où se sont épanouis deux cinéastes humanistes au rayonnement international. Norman McLaren (1914-1987) est certainement le plus inventif des artistes de l'animation. Ce virtuose a su allier fantaisie et rigueur, expérimentation et précision. Frédéric Back (venu de France et naturalisé Canadien en 1948) est surtout l'auteur de deux films chatoyants, Crac ! ( 1981) et l'Homme qui plantait des arbres (1987), oeuvres chargées d'émotion, de sagesse et d'un sens profond de la nature. Les différentes écoles de l'Europe occidentale comptent parmi les plus novatrices. C'est notamment le cas de la Grande-Bretagne. Certes l'Écossais McLaren a surtout travaillé à Montréal (où il dirigeait le studio d'animation de l'Office national du film), mais George Dunning (le Sous-marin jaune - Yellow Submarine -, 1968, avec les chansons et les personnages des Beatles), Richard Williams, Bob Godfrey, Alison de Vere et Mark Baker ont imposé des univers plastiques très originaux et séduit par leur ironie ou leur humour acidulé. Les Italiens Bruno Bozzetto et Guido Manuli, les Belges Raoul Servais et Nicole Van Goethem, le Néerlandais Paul Driessen accumulent les prix et les hommages dans les festivals internationaux consacrés à l'animation (le plus important d'entre eux se tient à Annecy les années impaires). La France, berceau du dessin animé, souffre de ne plus posséder de grand studio permanent comparable aux Gémeaux de l'après-guerre. Cette pépinière de talents, fondée en 1936 par Paul Grimault et le producteur André Sarrut, a longtemps servi de référence. Paul Grimault, la plus forte personnalité apparue en France depuis l'époque des pionniers, a su prouver que les gags, les poursuites et les émerveillements enfantins ne sont pas les seuls ressorts du dessin animé. Le Petit Soldat (1947), lyrique et émouvant, marque sa première collaboration avec son ami Jacques Prévert, avant la B ergère et le Ramoneur (dont la version définitive, rebaptisée le Roi et l'Oiseau , ne fut achevée qu'en 1979). Après son départ des Gémeaux, le réalisateur créa, en 1951, les Films Paul-Grimault, qui favorisèrent l'apparition d'une lignée de conteurs à l'imagination insolite, à la poésie tendre ou cocasse : Jean-François Laguionie (Gwen, le livre des sables, 1984), Jacques Colombat, Paul et Gaëtan Brizzi. René Laloux (né en 1929) est parvenu à faire carrière dans le long métrage, associé à de grands graphistes rompus au fantastique et à la science-fiction : Topor (la P lanète sauvage, 1973), Moebius ( les M aîtres du temps , 1982), Caza ( Gandahar, 1988). Plus commerciaux sont les films (signés notamment par Henri Gruel) qui prolongent le succès des albums d'Astérix ou de Lucky Luke ; après la fermeture des studios Idéfix de René Goscinny, c'est la Gaumont qui a porté à l'écran les aventures du vaillant Gaulois : Astérix et Cléopâtre (1968) et les Douze Travaux d'Astérix (1976) sont les meilleurs des six longs métrages réalisés entre 1967 et 1989. L'industrie du dessin animé, suivant l'exemple déjà ancien de Jean Image (1911-1989), est de plus en plus orientée vers la télévision et la production de séries aux ambitions artistiques plus limitées, mais aux conditions économiques plus sûres. Dans ce contexte, le court métrage d'auteur a beaucoup de mal à se maintenir. C'est pourtant lui qui avait assuré la richesse et la diversité du dessin animé français, tout au long d'une histoire également caractérisée par l'apport d'artistes étrangers : Berthold Bartosch, Alexandre Alexeieff, Peter Foldès, Walerian Borowczyk, Jan Lenica... Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Astérix Beatles Borowczyk Walerian court métrage Gaumont Léon Goscinny René Grimault Paul Lucky Luke McLaren Norman Prévert Jacques Shanghai Topor Roland Les médias dessin animé - Les marionnettes animées Les livres dessin animé - En passant, d'Alexandre Alexeieff et Claire Parker (1943), page 1453, volume 3 dessin animé - Le Roi et l'Oiseau, de Paul Grimault, page 1453, volume 3 dessin animé - La Faim, de Peter Foldès (1974), page 1453, volume 3 dessin animé - La Planète sauvage, de René Laloux (1973), page 1455, volume 3 dessin animé - Au Fou !, de Yoji Kuri (1967), page 1455, volume 3 dessin animé - Les Shadocks, « Gegene's Beach « (1970), page 1455, volume 3 dessin animé - Le Conte des contes, de Youri Norstein (1979), page 1455, volume 3 Des « toons « immortels La domination américaine est telle que, dans l'esprit des spectateurs, le cartoon made in USA se confond avec la notion même de dessin animé. Sa capacité à créer des types aux caractéristiques comiques très fortes fut une des raisons de cette popularité mondiale. Contemporain et rival d'Émile Cohl (dont il vit les films dès 1909), Winsor McCay anima son célèbre personnage de bandes dessinées, Little Nemo, avant de créer Gertie le dinosaure. Mais les deux premières grandes stars du cartoon furent Félix le chat (Otto Messmer-Pat Sullivan) et Koko, le clown des frères Fleischer, qui immortalisèrent aussi, après l'arrivée du parlant, la troublante Betty Boop et le marin Mathurin Popeye. Le plus grand créateur de mythes est évidemment Walt Disney : son Mickey n'en finit pas de survivre à son inventeur à travers produits dérivés et parcs d'attractions. Homme d'affaires avisé (de six personnes en 1928, sa société passa à mille six cents en 1940), Disney s'imposa comme un exceptionnel producteur, qui définit des codes très précis pour la fabrication et l'esthétique des films mis en chantier dans son usine à rêves. C'est contre ces codes que réagirent en 1945 d'anciens animateurs de Disney : autour de Stephen Bosustow, ils fondèrent les studios UPA, où ils se livrèrent à une vigoureuse modernisation du dessin animé. Cette libération du style et de l'esprit conduisit un artiste aussi brillant que John Hubley à réaliser, dans sa propre société, des méditations plastiques tendres, amusantes et profondes : Moonbird, en 1960, et The Hole, en 1963, reçurent l'Oscar du dessin animé. Dans une toute autre voie, celle du nonsense et du sadisme le plus réjouissant, les cartoons provocants de Tex Avery et de Chuck Jones (pères de Bugs Bunny) fonctionnent sur l'énormité du gag et la complicité du spectateur. Jones et son Beep-Beep persécuteur de Coyotte, Avery et son loup libidineux, son canari géant et son Pygmée vraiment minuscule confirment leur éternelle jeunesse à la télévision, où leurs films sont souvent projetés, tout comme ceux où l'on voit Woody Woodpecker, le pic-vert frénétique de Walter Lantz, Tom et Jerry, le chat et la souris de Hanna et Barbera. Aux moyens d'animation traditionnels s'ajoutent aujourd'hui les technologies électroniques, qui ont dépassé le stade expérimental. Les images de synthèse sont utilisées pour des oeuvres courtes ou associées aux vues réelles dans de grandes productions de science-fiction comme Terminator II (1991). Elles ouvrent au cinéma d'animation la perspective d'une nouvelle esthétique, ainsi que le démontre Toy Story (1995), premier film de long métrage entièrement réalisé en images de synthèse. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Avery (Fred Avery, dit Tex) Bosustow Stephen Disney (Walter Elias, dit Walt) Fleischer image de synthèse Les livres dessin dessin dessin dessin dessin dessin animé animé animé animé animé animé - Robin des Bois, page 1452, volume 3 - Droopy l'intrépide, de Tex Avery (1951), page 1454, volume 3 - Mickey Mouse, page 1454, volume 3 - Popeye le marin, page 1454, volume 3 - Tom et Jerry, page 1454, volume 3 - La Panthère rose, de Friz Freleng, page 1455, volume 3 Complétez votre recherche en consultant : Les indications bibliographiques Ch. Finch, Notre ami Walt Disney, Ed. du Chêne, Paris, 1985. J.-P. Pagliano, Paul Grimault, Lherminier, Paris, 1986. C. Solomon, les Pionniers du dessin animé américain, Dreamland, Paris, 1996.

« des contes (1979) anime avec subtilité, dans des clairs-obscurs, les dessins de son épouse Francesca Iarboussova. La Chine produit des films de marionnettes, de papiers pliés ou découpés, mais surtout des dessins animés traditionnels.

Les grands studios de Shanghai restent fidèles aux longs métrages inspirés par les légendes populaires et les thèmes nationaux.

Les frères Wan ont été les principaux artisans du développement de cet art sans surprises, mais servi par d'excellents techniciens qui ont été formés dans des écoles spécialisées.

Il arrive aussi que les studios de Shanghai accueillent certaines productions occidentales (comme le Robinson et Cie de Jacques Colombat, 1990), qui trouvent là des conditions de fabrication beaucoup plus économiques que dans leur propre pays. Autre terre d'accueil et pépinière de talents : le Canada, où se sont épanouis deux cinéastes humanistes au rayonnement international.

Norman McLaren (1914-1987) est certainement le plus inventif des artistes de l'animation.

Ce virtuose a su allier fantaisie et rigueur, expérimentation et précision.

Frédéric Back (venu de France et naturalisé Canadien en 1948) est surtout l'auteur de deux films chatoyants, Crac ! (1981) et l'Homme qui plantait des arbres (1987), œuvres chargées d'émotion, de sagesse et d'un sens profond de la nature. Les différentes écoles de l'Europe occidentale comptent parmi les plus novatrices.

C'est notamment le cas de la Grande-Bretagne.

Certes l'Écossais McLaren a surtout travaillé à Montréal (où il dirigeait le studio d'animation de l'Office national du film), mais George Dunning ( le Sous-marin jaune – Yellow Submarine –, 1968, avec les chansons et les personnages des Beatles), Richard Williams, Bob Godfrey, Alison de Vere et Mark Baker ont imposé des univers plastiques très originaux et séduit par leur ironie ou leur humour acidulé.

Les Italiens Bruno Bozzetto et Guido Manuli, les Belges Raoul Servais et Nicole Van Goethem, le Néerlandais Paul Driessen accumulent les prix et les hommages dans les festivals internationaux consacrés à l'animation (le plus important d'entre eux se tient à Annecy les années impaires). La France, berceau du dessin animé, souffre de ne plus posséder de grand studio permanent comparable aux Gémeaux de l'après-guerre.

Cette pépinière de talents, fondée en 1936 par Paul Grimault et le producteur André Sarrut, a longtemps servi de référence. Paul Grimault, la plus forte personnalité apparue en France depuis l'époque des pionniers, a su prouver que les gags, les poursuites et les émerveillements enfantins ne sont pas les seuls ressorts du dessin animé. Le Petit Soldat (1947), lyrique et émouvant, marque sa première collaboration avec son ami Jacques Prévert, avant la Bergère et le Ramoneur (dont la version définitive, rebaptisée le Roi et l'Oiseau , ne fut achevée qu'en 1979).

Après son départ des Gémeaux, le réalisateur créa, en 1951, les Films Paul-Grimault, qui favorisèrent l'apparition d'une lignée de conteurs à l'imagination insolite, à la poésie tendre ou cocasse : Jean-François Laguionie ( Gwen, le livre des sables , 1984), Jacques Colombat, Paul et Gaëtan Brizzi. René Laloux (né en 1929) est parvenu à faire carrière dans le long métrage, associé à de grands graphistes rompus au fantastique et à la science-fiction : Topor ( la Planète sauvage , 1973), Moebius ( les Maîtres du temps , 1982), Caza ( Gandahar , 1988).

Plus commerciaux sont les films (signés notamment par Henri Gruel) qui prolongent le succès des albums d'Astérix ou de Lucky Luke ; après la fermeture des studios Idéfix de René Goscinny, c'est la Gaumont qui a porté à l'écran les aventures du vaillant Gaulois : Astérix et Cléopâtre (1968) et les Douze Travaux d'Astérix (1976) sont les meilleurs des six longs métrages réalisés entre 1967 et 1989. L'industrie du dessin animé, suivant l'exemple déjà ancien de Jean Image (1911-1989), est de plus en plus orientée vers la télévision et la production de séries aux ambitions artistiques plus limitées, mais aux conditions économiques plus sûres.

Dans ce contexte, le court métrage d'auteur a beaucoup de mal à se maintenir.

C'est pourtant lui qui avait assuré la richesse et la diversité du dessin animé français, tout au long d'une histoire également caractérisée par l'apport d'artistes étrangers : Berthold Bartosch, Alexandre. »

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