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RÉGENCE (littérature de la)

Publié le 21/03/2019

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RÉGENCE (littérature de la). La production littéraire de la régence du duc d'Orléans (1715-1723) se caractérise par une brusque libération des mœurs après la fin du règne de Louis XIV, austère et dévot. De la mort du vieux roi à la majorité officielle de Louis XV, la Régence marque un réveil de l'activité théâtrale et intellectuelle, un libre développement de la littérature et des arts. Intellectuellement, une réflexion s'engage sur les fondements de la richesse économique et les leçons à tirer de l'affaire Law, sur les fondements des institutions politiques avec la querelle des germanistes et des romanistes (qui cherchent respectivement la légitimité du pouvoir dans la conquête germanique ou dans le droit romain) et les utopies de l'abbé de Saint-Pierre. Le débat concerne également les fondements du jugement esthétique avec la querelle des Anciens et des Modernes (qui cherchent le critère du Beau soit dans une Antiquité érigée en modèle, soit dans les progrès modernes de l'esprit). La littérature se permet parfois des audaces extrêmes sous la forme de satires visant la personne du Régent ou de manuscrits mettant en cause les dogmes religieux. Les recherches néologiques et ce qu'on a pu appeler à propos de Marivaux une nouvelle préciosité vont de pair avec la recherche de formes nouvelles et de constructions asymétriques. On désigne parfois ce style par le terme de rococo et la Régence a été érigée, par les frères Goncourt en particulier, en symbole d'un ancien régime libertin et amoral. Les chefs-d'œuvre en sont le théâtre de Marivaux et le roman épistolaire de Montesquieu, les Lettres persanes, où les

 

événements de la mort de Louis XIV, de l'affaire Law sont évoqués à travers la fiction orientale. On peut également caractériser cette époque comme celle des pré-Lumières (Frühaufklarung) qui conjugue une grande liberté du penser à un pessimisme historique et réserve à une élite fermée les audaces de cœur et d'esprit que les Lumières accepteront de répandre plus largement au nom du progrès et de l'éducation.

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